Empalot, une passerelle entre technicité et environnement
La passerelle Empalot, à Toulouse, revêt un caractère exceptionnel par son design, sa technicité et sa vocation écologique. Pour répondre à ces enjeux, les principes de prévention ont été intégrés dès les méthodes d’exécution.
Date de mise à jour : 29 avr. 2024 - Auteur : Goulven Conan
● Un chantier technique avec des contraintes environne-mentales fortes.
● Une adaptation du chantier pour la prévention des risques.
Reportage paru dans Prévention n°283-Avril 2024-p. 17
Photo : 283 Chantier du mois _ Passerelle Empalot _ Ouverture
Crédit photo : Christophe Picci
Génie civil
Sur le chantier d'une grande technicité de la passerelle Empalot, à Toulouse, le principe de prévention écologique a guidé la réflexion.
La métropole de Toulouse a lancé en 2022 son projet Grand Parc Garonne, qui s’étend sur 32 km de linéaire fluvial à travers sept communes. Objectif ? Restaurer les bords du fleuve pour faire de la Garonne le lien fédérateur de la Métropole. Il s’agit notamment de créer deux passerelles dédiées aux déplacements doux (cyclistes et piétons). Situé sur le bras inférieur de la Garonne, le quartier Empalot doit être connecté, via la passerelle éponyme, à l’île du Ramier. Longue de 145 mètres pour 6 mètres de large, la passerelle est totalement suspendue au-dessus de la Garonne, grâce à un système de haubans reliant chacun des deux pylônes au tablier. Un choix technique guidé par les traits fins et le design aérien esquissés par l’architecte Thomas Lavigne et par la volonté de Toulouse Métropole de ne rien immerger dans le fleuve.
« Ces contraintes architecturales ont fait de la passerelle un ouvrage exceptionnel. Des passerelles haubanées en chantier, c’est quelque chose qui reste rare en France », livre Robin Grandidier, conducteur de travaux du chantier pour GTM Sud-Ouest (groupe Vinci). Pour supporter le tablier, les appuis intègrent des barres de précontraintes, qui vont reprendre les haubans avant leur fixation sur les pylônes. « Cette technicité, associée à la méthodologie de construction adaptée au respect de l’environnement naturel, font de cette passerelle un véritable prototype, poursuit-il. À mon échelle, c’est un peu mon pont de Millau. ». Sur la phase préparation du chantier, c’est d’abord le principe de prévention écologique qui a guidé les réflexions. Plutôt que d’utiliser une grue sur une barge pour poser les tronçons du tablier, l’entreprise Matière a misé sur l’utilisation d’une barge et d’une chèvre positionnée sur le tablier pour limiter les impacts sur l’environnement.
Intégrer la prévention dès les méthodes d’exécution
Le fait de travailler au-dessus de la Garonne, avec le risque de crue associé, a aussi amené les entreprises à intégrer la prévention des risques dès les méthodes d’exécution : outils et matériels utilisés, carnets de montage, phasages, formations à la conduite d’engins, exercices d’évacuation de crue, simulation de pollution au milieu naturel… « L’objectif est de travailler toujours en sécurité. Nous avons insisté sur le briefing de postes quotidien ainsi que sur le port des EPI adaptés à chaque situation de travail, comme le gilet de sauvetage pour les opérateurs sur la barge ou le harnais pour les travaux en hauteur », conclut Robin Grandidier. Objectif réussi puisqu’aucun accident n’a été à déplorer sur le chantier.
Des passerelles haubanées en chantier, c’est quelque chose qui reste rare en France.
L’environnement, un facteur de performance
« La passerelle Empalot est un projet vertueux sur le plan écologique (développement des mobilités douces) dans un environnement particulier, au-dessus de la Garonne », explique Nicolas Palmade, conseiller QPE (qualité, prévention, environnement) GTM Sud-Ouest. Ainsi, cette dimension environnementale forte a été prise en compte très tôt dans le projet pour proposer à la maîtrise d’ouvrage des solutions techniques compatibles avec les enjeux écologiques du milieu. « Le fait de travailler sur des berges nous imposait par exemple le respect des mesures précisées dans le dossier Loi sur l’eau, une obligation réglementaire visant à limiter au maximum l’impact sur le cours d’eau et à maintenir la protection de la ripisylve (biodiversité des berges, NDLR) tout au long du chantier. » Plus globalement, la question environnementale a beaucoup évolué ces dernières années et, en fonction des projets, les critères environnementaux peuvent représenter jusqu’à 15 % de la note attribuée aux entreprises qui concourent aux appels d’offres. « C’est donc devenu un facteur de performance économique et commercial, car les entreprises les plus expérimentées sur ces critères sont mieux armées pour remporter les futurs chantiers. »