Risque routier : les équipements des VUL sont vos alliés

Chaque année, 6,4 millions de véhicules utilitaires légers (VUL) parcourent 77 milliards de kilomètres sur les routes de France, soit pour des trajets domicile-travail soit pour des trajets de mission. Parmi eux, une part significative concerne les acteurs du BTP, catégorie professionnelle où le risque routier représente la seconde cause de mortalité, après les chutes de hauteur. « La cause de l’accident peut avoir trois origines principales : la défaillance humaine – vitesse, alcool, défaut d’attention –, la défaillance technique à cause d’un défaut d’entretien du véhicule ou bien l’environnement routier lui-même en fonction de la saisonnalité ou la présence de zones dangereuses », détaille Marion Le Renard, rédactrice en chef de Myutilitaire.com, premier site d’actualités des VUL. Les accidents de la route ont causé, hors trajet, la mort de dix-sept professionnels du BTP en 2022, selon le rapport annuel de la Cnam. « Le risque routier professionnel, c’est aussi 28 % de la totalité des décès imputables aux AT, lorsque l’on prend en compte les accidents de trajet », ajoute Pierre Knispel, responsable de la mission accidentologie à l’OPPBTP et chargé du risque routier professionnel.

Équipements obligatoires sur véhicules neufs

Pour améliorer la sécurité des véhicules sur les routes de l’Union européenne (UE), la nouvelle norme européenne GSR II⁽¹⁾, en vigueur depuis le 7 juillet 2024, introduit des technologies de sécurité novatrices en équipement standard des véhicules neufs. Cette obligation s’applique également aux VUL et conduit les constructeurs à améliorer l’offre existante, les VUL étant généralement moins bien équipés en systèmes avancés d'assistance à la conduite (Adas) pour des raisons de compétitivité-prix. Parmi les équipements obligatoires de sécurité active figurent : un système de freinage d’urgence autonome, d’adaptation intelligente de la vitesse, l’allumage automatique des feux de détresse, la détection d’obstacles en marche arrière ou encore l’avertisseur de perte d’attention du conducteur sur l’ensemble de leur gamme. Et les améliorations sont d’ores et déjà mesurables lors des crash-tests. Dans un communiqué, Michiel van Ratingen, le secrétaire général d'Euro NCAP⁽²⁾, se réjouit « de voir que les constructeurs répondent à des exigences plus strictes de l'Euro NCAP et dépassent même les normes GSR II. »

L’aménagement des VUL et l’arrimage de charges

Au-delà des équipements du véhicule, la nature des charges transportées (poids, volume, longueur) influe sur le comportement du véhicule, qui ne doit pas excéder 3,5 tonnes de PTAC. Marion Le Renard explicite cet enjeu : « Aménager son véhicule utilitaire ne s’improvise pas. L’objectif est de rendre la cellule de chargement plus sûre et plus pratique pour assurer la sécurité du chauffeur et de son environnement : les biens transportés et les autres usagers. » Ce sujet, largement traité dans PréventionBTP (lire le dossier n° 262, mai 2022), demeure toujours autant d’actualité. « Outre l'adaptation des charges, l'état des pneumatiques, le choix d'horaires adaptés, l'aménagement du VUL vise à mobiliser toute l'attention du conducteur sur la route, et ainsi alléger sa charge mentale. » Le dépassement de charge et les charges non arrimées constituent un risque supplémentaire en cas d’accident. Un véhicule bien rangé est pourtant un facteur de performance des équipes, associant gain de sécurité et de temps lors des interventions.

Évaluer le risque routier

Les entreprises gagneraient donc à mieux identifier et évaluer le risque routier lorsqu’elles préparent leur document unique. « Même s’il est intégré au DU, il est encore trop souvent peu analysé et géré par les entreprises, déplore Pierre Knispel. À la suite d'un accident routier, c’est souvent l’arrêt de travail du salarié impliqué et la déclaration au titre des accidents du travail qui déclenchent la prise de conscience du chef d’entreprise. » Afin de sensibiliser les professionnels, des campagnes nationales sont organisées, comme les Journées de la sécurité routière au travail chaque année au mois de mai, déclinées par l’OPPBTP et ses partenaires avec « Zéro risque routier dans le BTP », un site web et une batterie d’outils. Collecter les indicateurs, remplir et transmettre les fiches de renseignements sur chaque accident routier, analyser les données font partie des missions du chargé de prévention. En parallèle, une politique active de réduction des risques peut intégrer plusieurs leviers, comme le détaille Pierre Knispel. D’abord, la réduction à la source : « La diminution des trajets n’est pas simple à mettre en place. Il s’agit de travailler sur les plans de déplacements de l’entreprise, ou donner les moyens aux collaborateurs de rester sur place en cas de chantier éloigné du domicile. » La formation des collaborateurs est ensuite un levier important pour tendre vers une conduite plus apaisée, à l’heure où les études montrent une hausse importante des mauvais comportements routiers⁽³⁾. Elle complète des actions sur les déplacements pour « parvenir à construire un cadre organisationnel adapté où le conducteur évite les bouchons, n’a pas à répondre au téléphone, ne subit pas un planning exigeant de nombreux déplacements dans la même journée… » Un sujet d’autant plus pertinent à l’heure de l’écoconduite et des plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
⁽¹⁾Règlement UE n° 2019/2144 GSR II (General Safety Regulation).
⁽²⁾ European New Car Assessment Program (en français : Programme européen d'évaluation des nouveaux véhicules).
⁽³⁾ Étude de la Fondation Vinci Autoroutes, mai 2024.