Les chutes au travail, deuxième cause d’accident du travail, tous secteurs confondus
L’Assurance maladie-Risques professionnels vient de présenter un état des lieux du risque de chute en entreprise. Son rapport synthétise les statistiques disponibles, et rappelle les actions de prévention mises en place pour lutter contre ce risque, tout comme les subventions spécifiques existantes.
Date de mise à jour : 17 mars 2022
Auteur : Cendrine Barruyer
©OPPBTP
Toutes branches confondues, les chutes représentent 20 % des accidents du travail (AT), soit 126 000 par an. C’est la deuxième cause d’AT, après la manutention manuelle. Elles représentent également 24 % des jours d’arrêt liés aux AT et 25 % des dépenses. Tel est l’état des lieux fait dans le nouveau rapport « Enjeux et actions » de l’Assurance maladie–Risques professionnels, présenté le 15 mars, et dédié aux chutes. Mené sur la base de données de 2019, ce rapport identifie les principaux secteurs concernés, dont le BTP, évalue le coût pour la branche et les entreprises, l’impact sur les salariés victimes de ces chutes et les actions menées pour réduire ce risque.
Parmi les autres données avancées, le rapport indique que près de six accidents sur dix sont provoqués par une chute de plain-pied (58 %). Les chutes dans les escaliers et les chutes de hauteur ont quant à elles une sinistralité équivalente (18 et 23 %). Toutefois, ce ratio est très variable selon les secteurs : pour le BTP, les chutes de hauteur représentent 45 % de l’ensemble de ces accidents, alors qu’elles pèsent 31 % maximum dans les autres secteurs.
Chutes de hauteur : les accidents les plus graves
Ces accidents sont également les plus graves : tous secteurs confondus, sur 95 décès imputables à une chute en 2019, les deux tiers sont consécutifs à une chute de hauteur. Le coût de ces chutes et la durée des arrêts prescrits sont également supérieurs : 4 400 euros versus 3 500 et 3 600 euros pour les autres types de chute ; 83 jours d’arrêt en moyenne versus 73 jours pour l’ensemble des chutes. Les séquelles en sont enfin plus sévères : les chutes de hauteur, qui constituent 5 % des AT, entraînent 10 % des IP les plus graves.
Campagne « Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur »
Cinq secteurs se distinguent par la fréquence des chutes de hauteur : le transport routier et les services de déménagement, la construction, les agences de travail temporaire, les travaux de finition et enfin les travaux d’installation électrique et de plomberie. En 2012, la campagne « Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur » portée notamment par la DGT, la branche AT/MP de l’Assurance maladie et l'OPPBTP a ciblé ce risque. 3 500 entreprises de 20 à 50 salariés, du gros œuvre, de la couverture et de la charpente, ont bénéficié d’actions de sensibilisation et d’accompagnement. En 2018, une nouvelle convention a été signée entre l’Assurance maladie et l’OPPBTP. Près de 8 000 entreprises ont été sollicitées, dont 6 000 par les agences de l'OPPBTP.
Poursuivre les actions de sensibilisation
La branche propose également des actions dans le cadre de son programme « Risques Chutes Pros BTP ». Les caisses régionales accompagnent ainsi plus de 300 maîtres d’ouvrage sur 500 opérations de construction en 2021 et 2022 aussi bien en phase de conception du chantier, que lors de la réalisation pour s’assurer que les donneurs d’ordres respectent bien leurs engagements. « Les chutes restent importantes et stables dans la proportion des accidents de travail », note Anne Thiebeauld directrice de la branche AT/MP. Il est donc essentiel de poursuivre les actions de sensibilisation.
La prévention de ces accidents fait par ailleurs partie des programmes prioritaires de la COG AT/MP 2018-2022 (Convention d’objectifs et de gestion). La COG 2022-2026 devrait renforcer ce programme, selon Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État à la santé au travail.
Des outils pour agir sur les chutes
Le rapport de la Cnam a analysé les principaux mots utilisés dans la description de ces accidents (pluie, équilibre, reculer, câble…), et à partir de là, a préconisé divers axes d’amélioration des espaces de travail (voies de circulation, encombrement des sols, revêtement des surfaces, éclairage, bruit, planification des tâches…). Les entreprises peuvent également s’appuyer sur de nombreux outils mis notamment à leur disposition par l’INRS et l’OPPBTP.
Des subventions pour les TPE
Afin de prévenir les risques de chutes, les entreprises de moins de 200 salariés peuvent par ailleurs bénéficier, auprès de leur caisse régionale (Carsat, Cramif, CGSS), d’un accompagnement spécifique. Depuis 2018, 694 contrats de ce type ont été signés. Des subventions sont également disponibles pour les TPE. Par exemple la subvention Échafaudage+, spécifiquement créée pour prévenir les chutes de hauteur dans le BTP. Au total, 4 793 demandes de subvention ont été déposées et payées, pour un montant total de 29 millions d'euros.
Consulter le rapport dédié aux chutes sur le site de la Cnam.