Bouygues Bâtiment Nord-Est met le paquet sur les préfabriqués
Pour faire diminuer les incidents liés à l'utilisation de préfabriqués, Bouygues Bâtiment Nord-Est a mis en place un process de maîtrise visant à standardiser les opérations, de la fabrication à la pose.
Date de mise à jour : 25 févr. 2021
Auteur : Thierry Beaurepère
©Jonathan Alexandre
Si les préfabriqués en béton ont envahi le monde du BTP, les incidents dans la réalisation, le transport et l’installation sont nombreux et représentent un risque majeur en termes de sécurité : écrasement, chute de hauteur, heurt par charge en mouvement… « Nous comptabilisons 18 % d’incidents sur les préfabriqués de nos chantiers, des inserts de levage non conformes aux ferraillages pas assez épais. Le sujet est majeur car les accidents qui peuvent en découler sont généralement graves", précise Charlotte Dubois, préventrice Santé-Sécurité chez Bouygues Bâtiment Nord-Est.
100 % de règles respectées, pour zéro accident
C’est dans ce contexte que Bouygues Bâtiment Nord-Est a engagé une démarche globale de prévention santé-sécurité en 2017, qui arrive à son terme, avec la mise en œuvre d’un process de maîtrise des préfabriqués. Il vise à standardiser les différentes phases au sein de l’entreprise – de la conception à la pose – pour avoir une référence commune. Avec un objectif : 100 % de règles respectées, pour zéro accident. La démarche a été récompensée par le Trophée d’Argent 2020 du concours prévention santé sécurité organisé par Entreprises générales de France BTP, en partenariat avec l’OPPBTP, et avec le soutien de la fondation BTP Plus et de la fondation Excellence SMA.
Des règles d'ergonomie et de sécurité dans les contrats
La mise en œuvre du process a impliqué tous les acteurs de la chaîne : au sein de l’entreprise avec les compagnons sur les chantiers, les services méthode ou les achats, mais aussi à l’extérieur avec les intérimaires, les bureaux d’études externes et les fabricants.
Première étape : la rédaction d’un cahier des charges par type de préfabriqués : poutres, murs, balcons, escaliers… Les standards ont été formalisés, avec des règles d’ergonomie et de sécurité qui sont désormais intégrées dans les contrats. « Les services achats négocient avec les pré-fabricants à partir de ce cahier des charges », confirme Charlotte Dubois. Une procédure « préfabrication foraine », pour les éléments préfabriqués sur le site du chantier, a également été élaborée, afin de garantir leur conformité : maturation du béton, détermination des points de levage…
Vérifier la conformité des éléments
La livraison et la pose des préfabriqués ont constitué le second point majeur. À chaque arrivée de matériaux, les ouvriers sont désormais invités à vérifier la conformité, ou non, des différents éléments, à partir de fiches de contrôle. Cette tâche se fait sous diverses formes : oralement avec le responsable, par écrit ou via l’application Kizeo qui permet d’envoyer notes et photos prises avec un smartphone, et d’améliorer ainsi en continu les processus de fabrication. « Il s’agit de rendre nos fournisseurs toujours plus attentifs, afin de diminuer le taux d’incidents », rappelle la préventrice. Les modes opératoires ont également été normés et quatre fiches « préconisations défaillances » ont été réalisées. « Il est rare de renvoyer des préfabriqués en cas de défaut, au risque de bloquer tout le chantier. Ces fiches permettent d’éviter l’improvisation, de continuer à travailler en mode dégradé mais en préservant la sécurité », explique-t-elle.
Former les équipes
Le process désormais en place, il s’agit de s’assurer de sa pérennité, avec des audits internes réguliers. Autre nécessité : former les équipes pour qu’elles s’approprient la démarche. À chaque début de chantier, les encadrants – responsables d’exploitation, conducteurs de travaux – sont sensibilisés aux problématiques des préfabriqués, dans l’optique d’uniformiser les pratiques. Les compagnons sont également impliqués. Selon la complexité des travaux, une session de formation, d’une durée d’une heure, peut être organisée. Par ailleurs, une bâche de contrôle des préfabriqués, recensant les différents points à vérifier, est affichée sur la zone de vie. S’il est trop tôt pour tirer un bilan chiffré de la démarche, elle a déjà permis une augmentation sensible de la vigilance et une montée en compétences.