Pour Bernd Merz, de BG BAU, il est important de se concentrer sur les « règles vitales »
Date de mise à jour : 26 sept. 2022 - Auteur :
- BG BAU propose des services de prévention et a un rôle normatif et d'inspection.
- Il déploie un programme de prévention : « Construisez sur la sécurité–Construisez sur vous-même ».
- Article paru dans PréventionBTP n°265-Septembre 2022-p. 34.
©Jan-Peter Schulz/BG BAU
Adjoint au chef de la division Prévention de BG BAU, l'assurance-accidents légale pour la construction et les services liés à ce secteur en Allemagne, Bern Merz détaille le rôle de cette institution. Services aux entreprises, motivation à agir en prévention, rôle du BIM… Le responsable expose également les principes d’une campagne axée sur le respect des règles vitales et comment il envisage la stratégie Vision Zéro.
Pouvez-vous nous présenter la mission de BG BAU ?
Le principe de l'assurance-accidents légale allemande est que personne ne doit être lésé par son travail. Il en découle que les entreprises doivent assumer la responsabilité de leurs propres employés et veiller à ce que leurs lieux de travail soient sûrs et sains. L'objectif stratégique primordial des services de prévention du BG BAU est l'utilisation de tous les moyens appropriés pour prévenir les accidents du travail, les maladies professionnelles et les risques pour la santé liés au travail. Cette stratégie est basée sur le Code social allemand.
Le BG BAU est financé par les contributions d’environ 635 000 entreprises du secteur de la construction et des services liés à la construction. La grande majorité des entreprises membres du BG BAU sont des PME, et environ deux millions d'employés sont assurés par l’institution. BG BAU remplit sa mission en proposant une large gamme de services de prévention.
De quels types de services s’agit-il ?
Nous pouvons être consultés par toutes les personnes et organisations chargées ou impliquées dans la sécurité et la santé au travail et dans la formation, notamment les entrepreneurs, les membres des comités d'entreprise, les assurés et les autres parties prenantes, afin de leur fournir les informations utiles à leurs missions et les aider dans la mise en œuvre de la loi sur la sécurité au travail. Nous pouvons aussi mener des enquêtes sur les causes possibles et les circonstances d'accidents du travail, de maladies professionnelles et de risques pour la santé liés au travail. Nous conduisons également des investigations par sondages, inspections de sites, inspection de documents et mesures. Nous produisons des rapports d'inspection de chantier qui comprennent des directives pour les défauts à éliminer. Toutes les inspections sont axées sur l'apport de conseils à toutes les parties impliquées dans la mise en œuvre des mesures d'amélioration de la sécurité et de la santé. Nous sommes en charge de l’analyse et de l’évaluation des accidents et des critères liés au travail pour la reconnaissance des cas déclarés de maladie professionnelle. Notre rôle est aussi d’expérimenter des mesures de prévention et d’élaborer et de diffuser des supports d'information à utiliser sur le terrain.
Vous avez également un rôle normatif et de certification.
En effet, nous pouvons produire des règlements, des règles et des informations sur la prévention des accidents. Nous participons à des commissions pour l'élaboration de règles nationales et de normes. Nous évaluons le respect des exigences de sécurité et de santé des équipements et systèmes de travail et procédons à des essais et à des certifications de produits ainsi que de systèmes de management. Nous dispensons aussi des formations.
Comment incitez-vous les entreprises à faire de la prévention ?
Certains des services préventifs servent à motiver les entreprises à faire davantage et de meilleurs efforts en matière de sécurité au travail au-delà des exigences légales minimales. Elles peuvent obtenir des avantages financiers et non financiers en fonction de la réalisation de certaines mesures de prévention et/ou de l'atteinte d'un certain niveau de protection. Des améliorations techniques et organisationnelles peuvent être obtenues grâce à un soutien financier ciblé aux entreprises qui investissent dans la sécurité au travail. Il existe donc aujourd'hui par exemple des collecteurs de poussières grandement améliorés et des échelles plus sûres à utiliser sur les chantiers de construction.
Où en sont les entreprises dans leur pratique de l’évaluation des risques ?
Des études et nos propres statistiques montrent qu'environ deux tiers des entreprises procèdent à des évaluations complètes des risques, la taille de l'entreprise étant le facteur décisif. Afin d'accompagner les entreprises membres dans la réalisation de l'évaluation des risques, le BG BAU propose plusieurs outils analogiques et numériques. Dans un projet pilote, une plate-forme numérique de sécurité au travail qui gère toutes les tâches légales de sécurité au travail, telles que l'évaluation des risques, l'instruction (avec et sans intelligence artificielle), les substances dangereuses, les tests d'équipements de travail…, a été développée. Dans un autre projet, la protection contre les chutes, un cas d'utilisation pour le BIM a été développé, à l'aide duquel des évaluations automatisées des risques prises en charge par l'IA peuvent être créées dans le jumeau numérique au cours de la première phase de planification.
Quelles sont les catégories d'accidents et les maladies professionnelles les plus courantes ?
Les causes d'accidents les plus fréquentes concernent la stabilité des ouvrages et le levage, les dangers de la circulation en milieu occupé, la conduite d'engins sur les chantiers, les chutes et les chutes d'objets. On note une légère augmentation des déclarations de suspicion de maladie professionnelle : avec 15 821 déclarations de suspicion de maladie professionnelle en 2020, le nombre a augmenté d'environ 0,8 % par rapport à 2019. Les cas suspects les plus fréquemment signalés sont le cancer de la peau blanche (2 768), la surdité due au bruit (2 686) et le cancer du poumon associé à l'amiante (1 411).
Pour y répondre, quel type de campagne déployez-vous ?
Le BG BAU a lancé le programme de prévention « Bau auf sicherheit–Bau auf dich », « Construisez sur la sécurité–Construisez sur vous-même » en janvier 2017. L'objectif est d'accompagner les entreprises pour que chacun travaille en toute sécurité. Les éléments importants à considérer sont les règles vitales pour divers métiers et le message « STOP » – toute personne qui trouve des manquements à la sécurité dit « STOP ! » – Le travail ne se poursuit que lorsque les défauts ont été éliminés. Cela peut sauver des vies ! Des imprimés visent également à sensibiliser l'assuré à des risques particuliers tels que la chute. De plus, les entreprises qui investissent dans des mesures techniques de protection peuvent recevoir un financement du BG BAU. Outre ces mesures, le BG BAU accompagne l'organisation des entreprises dans la mise en place d'un système de gestion de la sécurité au travail (AMS BAU).
Vous êtes aussi impliqués dans une campagne Vision Zéro dans la construction. En quoi cela consiste-t-il ?
Ce sujet était au centre du 31e Symposium de l'Association internationale de la sécurité sociale (AISS), qui s’est tenu du 8 au 10 juin 2022 à Berlin. Le postulat de base affirme que les accidents du travail et les maladies professionnelles ne sont pas une fatalité, ils ont toujours des causes. Avec une culture de prévention qui fonctionne, on peut éliminer ces causes et éviter bien des souffrances. La clé du succès est que la direction de l'entreprise assume ses responsabilités, que les principes de sécurité au travail soient systématiquement mis en œuvre et que les employés soient motivés et participent. Cela s'applique également au secteur de la construction, qui se caractérise par des conditions de travail en constante évolution et par la nécessité d'une coopération entre différentes entreprises. Ce qui nécessite donc une vision globale du thème de la prévention. Le BG BAU est impliqué pour promouvoir la réduction des accidents graves et des maladies professionnelles sur les chantiers de construction dans le monde entier ainsi que des normes de sécurité au travail uniformes et une concurrence loyale. La section rassemble des exemples de meilleures pratiques de sécurité au travail sur des sujets comme la prévention des chutes ou la manipulation des polluants, mais aussi sur la numérisation, l'utilisation de robots ou la mise en place d'applications BIM. Propos recueillis par Virginie Leblanc.
L'assurance sociale allemande contre les accidents, obligatoire, est une partie spécifique du système allemand d'assurance sociale. Le concept a été inventé par Otto von Bismarck en 1885. Avec la santé légale, les pensions de retraite, les soins infirmiers et l'assurance-chômage, il constitue la base de la sécurité sociale en Allemagne. Elle couvre plus de 76 millions de personnes contre les conséquences
des accidents du travail et des maladies professionnelles.
Elle assume la responsabilité au nom des employeurs pour les accidents du travail et les maladies professionnelles de leurs employés. Elle prend en charge à la fois la prévention, la réadaptation et l'indemnisation. C'est pourquoi, elle promeut des mesures de prévention et de soins préventifs afin d’éviter d’en arriver à la phase indemnisation. Dans la même logique, la priorité est toujours donnée à la meilleure prise en charge médicale des assurés et à leur réinsertion professionnelle et sociale.
Les institutions allemandes d'assurance sociale contre les accidents pour le commerce et l'industrie (incluant BG BAU) et pour le secteur public sont des organismes de droit public sous administration autonome. Leurs affaires sont dirigées par des représentants élus par les employeurs et les employés.
Bernd Merz est adjoint au chef de la division Prévention de BG BAU (Berufsgenossenschaft der Bauwirtschaft), l’association d'assurance responsabilité civile des employeurs de l'industrie de la construction. Il a été superviseur de formation, par exemple dans le cadre de la formation des agents de santé et de sécurité.
Avant de rejoindre le BG BAU, Bernd Merz a été chef de projet dans une filiale de la Banque d'État de Bavière. Il était responsable du recyclage de plusieurs aéroports internationaux et parcs d'expositions, ainsi que de la planification, la réalisation et le financement de projets dans le cadre d’un nouveau quartier urbain à Munich.
De 2006 à 2012,
Bernd Merz a été expert national détaché pour la Commission européenne, DG Entreprises et industrie.
Bernd Merz est titulaire d'un diplôme d’ingénieur universitaire en génie civil. Il a également obtenu des diplômes en commerce et en droit, ainsi que le certificat d’inspecteur technique. En collaboration avec de jeunes développeurs de start-up, il a développé des outils numériques de sécurité au travail avec et sans IA.
Le postulat de base de Vision Zéro affirme que les accidents du travail et les maladies professionnelles ne sont pas une fatalité, ils ont toujours des causes.