Les travaux sans tranchée, une « médecine douce » pour la réhabilitation des réseaux
Applicables à la pose, au diagnostic ou à la réhabilitation des réseaux, les travaux sans tranchée réduisent les nuisances, l’impact sur l’environnement, les coûts et les risques. Autant d’arguments développés à l’occasion du Carrefour des gestions locales de l’eau.
Date de mise à jour : 17 avr. 2023
Auteur : Loïc Féron
« Un ensemble de solutions modernes et économiques qui minimisent les nuisances des chantiers ». C’est en ces termes que le syndicat des Canalisateurs a souhaité présenter les techniques de travaux sans tranchée aux nombreux visiteurs présents au Carrefour des gestions locales de l’eau (les 25 et 26 janvier 2023, à Rennes). La conférence intitulée « Le sans tranchée, la médecine douce des réseaux d’assainissement et d’eau potable » visait les donneurs d’ordre, élus et responsables techniques, mais aussi les entrepreneurs de TP (lire le dossier paru dans PréventionBTP n°272, avril 2023, p. 6).
Une alternative, moins destructrice que la tranchée
Bien que pratiqués depuis une quarantaine d’années, les travaux sans tranchée n’ont pas connu en France le même développement que dans d’autres pays européens (Allemagne, Italie, Portugal). Les habitudes ont la vie dure. Qualifiées par leurs promoteurs de « médecine douce », les techniques sans tranchée offrent pourtant aux maîtres d’ouvrage une alternative moins invasive que la tranchée, notamment pour l’entretien des réseaux souterrains (eau, gaz, électricité, assainissement, télécoms…). « Ces techniques sont particulièrement adaptées aux travaux de réhabilitation, confirme Michaël Rizieri, directeur général délégué de Telerep (groupe Sarp), l'un des experts en la matière. Elles permettent l’inspection, le diagnostic et la réhabilitation des canalisations d’eau enterrées (eaux usées, pluviales, potables-NDLR) par des procédés rapides et discrets. »
Un agrément pour le chemisage d’eau potable
Technique la plus courante, le chemisage continu polymérisé en place consiste dans un tubage structurant réalisé avec une chemise souple imprégnée d’une résine thermodurcissable ou photodurcissable. Selon que la gaine est en feutre époxy ou en fibre de verre, la polymérisation s’effectue à la vapeur d’eau ou aux UV. « Ces deux variantes présentent des avantages selon le profil de la canalisation, le diamètre et les effluents, commente Michaël Rizieri. La nouvelle canalisation reprend 100 % des contraintes, sans aucun joint, ce qui réduit considérablement les risques de fuite. » Dans un contexte réglementaire très strict, l’homologation de nouvelles gaines en eau potable (une en feutre et une en fibre de verre), admissibles à l’attestation de conformité sanitaire (ACS), ouvre de nouvelles perspectives.
Des perturbations très réduites
Que l’on évoque le chemisage, le tubage par éclatement, l’enroulement hélicoïdal (pour de gros ouvrages) ou des réparations ponctuelles, les arguments en faveur du sans tranchée méritent d’être entendus. « Nous sommes capables, avec seulement sept personnes et trois véhicules, de poser 100 mètres de canalisation en moyenne par jour, avance Michaël Rizieri. Pas de déblais, ni de remblais, les réseaux ne sont perturbés que pour une très courte durée, et tout refonctionne le jour même. ». En milieu urbain, les collectivités locales y trouvent de nombreux avantages. « Ce mode de travaux permet de ménager le centre-ville, d’éviter les encombrements, de réduire les nuisances sonores et de maintenir l’activité économique, témoigne Jean-Claude Marquant, directeur de projet « eaux urbaines » au bureau d’études Egis. L’emprise du chantier est faible et il n’y a pas besoin de base vie. »
Le renforcement de la sécurité
En milieu rural, le sans tranchée permet de préserver les zones naturelles, la faune, la flore et l’eau des nappes phréatiques. De même que la qualité de l’air, en l’absence de poussières et de gaz d’échappement des engins de chantier. « La réduction de 80 % du bilan carbone du chantier devient un argument prépondérant », estime Alain Le Blainvaux, conseiller « technique et prévention » du syndicat des Canalisateurs. À la compétitivité économique – au regard de la rapidité et de l’absence de dégradation matérielle – s’ajoutent les gains en prévention. Le sans tranchée ne demande pas de gros engins de chantier, écarte les risques de heurts et réduit les manipulations. « Pour les entreprises, les atouts résident dans la rapidité d’exécution, le renforcement de la sécurité et l’opportunité de faire évoluer les compétences du personnel, poursuit Alain Le Blainvaux. L’exercice de ces métiers, dotés d’une plus-value technologique, va de pair avec la formation et la qualification. »
Association scientifique et technique, France Sans Tranchée Technologie (FSTT) a élaboré une charte du sans tranchée reprenant les avantages des techniques à l’attention des élus, collectivités, organismes et entreprises.
Pour en savoir plus sur la charte du sans tranchée.
Bientôt, un certificat de qualification professionnelle
Composée de deux comités (travaux neufs et réhabilitation), la commission travaux sans tranchée du syndicat des Canalisateurs étudie les évolutions nécessaires au développement de la technique et des matériaux, de la formation des opérateurs à la rédaction des méthodes applicables. Elle œuvre à la création d’un certificat de qualification professionnelle pour les opérateurs de réhabilitation sans tranchée de canalisation.
Pour en savoir plus sur la commission travaux sans tranchée.