Serruriers-métalliers : vers une amélioration des conditions de travail de la profession
L'OPPBTP est partie prenante d’une étude récente qui met en exergue des pistes d’action pour améliorer les conditions de travail des serruriers-métalliers.
Date de mise à jour : 29 sept. 2020
Auteur : Jeremy Debreu
L’OPPBTP, aux côtés de l’Union nationale artisanale de la serrurerie-métallerie (UNA-SM) de la Capeb et de l’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (Iris-ST), vient de publier les premiers résultats d’une étude métier portant sur les conditions de travail des serruriers-métalliers en atelier. Elle a été menée avec le Sist-BTP Aisne, Pôle santé travail Pyrénées-Orientales et ASTBTP 13.
Engagée depuis 2017, cette étude s’appuie sur la Méthode d’analyse et d’évaluation des conditions de travail (Maect), développée par des ergonomes à la demande de l’OPPBTP. Elle consiste à explorer, par de l’observation terrain, toutes les composantes qui peuvent avoir un impact sur les conditions de travail : l’organisation de l’entreprise, l’environnement de travail et les risques associés, l’activité physique ainsi que l’activité mentale et les relations au travail. Quelles leçons en tirer pour améliorer les conditions de travail de la profession dans les années à venir ? Éléments de réponse avec Lyne Bricka, responsable d’opération des études métiers à l’OPPBTP.
Des améliorations concrètes dans l'aménagement des ateliers
« Les conditions de travail ne se limitent pas uniquement à la posture ou à l’effort physique », précise Lyne Bricka. Bien entendu, le métier de serruriers-métalliers implique des efforts intenses liés à la manutention des ouvrages et au maintien dans le temps de postures contraignantes, notamment lors des activités de soudure, de meulage ou de perçage. L’environnement de travail et l’organisation de l’entreprise sont aussi à prendre en considération. Cela passe notamment par l’aménagement des ateliers, la formation et la sensibilisation des compagnons, l’évolution des matériels et des outils ou encore par l’amélioration des modes opératoires, explique Lyne Bricka.
« S’agissant du risque sonore, notamment lié aux bruits impulsionnels de chocs métalliques, nous devons d’abord passer par des mesures collectives telles que le traitement acoustique des locaux, l’éloignement des sources de bruit ou la modification des procédés. C’est seulement en cas d’insuffisance de ces actions que le port de PICB (protecteurs individuels contre le bruit) par les compagnons devient nécessaire. Dans un premier temps, nous allons donc tenter d’aménager l’atelier avec du matériel capable d’amortir les émissions sonores, comme des parois antibruit et des tapis antibruit au sol ou des caisses de récupération des chutes métalliques. »
Deux appels à projets en cours pour le matériel de la profession
L’amélioration des conditions de travail peut aussi passer par la création de produits répondant mieux aux contraintes de la profession. « Lorsque les études de marché sur des matériels, des outils ou des matériaux pointent des manques, nous pouvons être amenés à lancer des appels à projets auprès des fabricants ou des fournisseurs. Les cahiers des charges précisent les critères répondant à des besoins spécifiques de la profession qui ont été identifiés lors des études métier pour faire évoluer les conditions de travail », précise Lyne Bricka. Actuellement, deux appels à solutions sont en cours à travers l’incubateur Win Lab’ du CCCA-BTP, « l’un porte sur l’aide à la manutention de pièces volumineuses, l’autre sur des tables aspirantes. Aujourd’hui, il a été identifié qu’il n’existait peu voire pas de solution permettant de répondre aux besoins des professionnels travaillant sur des éléments aux dimensions non standardisées. »
Sur le volet de l’aide à la manutention, il s’agit de trouver des solutions pour concevoir du matériel capable de prévenir le risque de troubles musculo-squelettiques et adapté à la profession de serrurier-métallier, tant pour répondre aux exigences du transport de pièces hors-gabarit qu’à la diversité des sols sur lesquels ils vont être transportés, de l’atelier jusqu’au camion de livraison.
Le second appel à solutions est relatif aux risques chimiques, essentiellement liés à la fumée de soudage. Il vise à développer un espace de travail favorisant l’évacuation rapide des poussières de métal et des gaz mais également l’atténuation des postures contraignantes. Idéalement, cela passerait par un dispositif d’une grande modularité avec des systèmes de captation en partie basse. Un système réduit à un ensemble de filtres adaptable aux tables à tréteaux déjà existantes pourrait également être envisagé.
De nouvelles études métiers à venir
Les projets lauréats seront retenus d’ici à la fin de l’année pour être développés dès 2021. En parallèle, l’OPPBTP mène actuellement des études métiers similaires sur les professions de couvreur, de plaquiste et d’électricien. Par ailleurs, les résultats de deux études métiers sur les maçons et les canalisateurs seront prochainement publiés.