Amiante: résultats des deux nouvelles campagnes régionales de mesurage
Les organismes de logement social d'Ile-de-France et des Hauts-de-France se sont lancés dans une campagne de mesurage amiante. Objectif: protéger les salariés du BTP intervenant sur leurs chantiers et les locataires. Les dispositifs Carto Amiante et processus techniques innovants en SS4 ont été ainsi alimentés. Un bilan positif.
Date de mise à jour : 28 mai 2019
Particulièrement concernés par la présence d’amiante dans leur parc immobilier, les organismes de logement social se sont engagés à expérimenter des processus simples et reproductibles pour leurs régies et leurs entreprises intervenantes afin d’améliorer la gestion des opérations en présence d’amiante. Objectif : produire des standards opérationnels afin que les entreprises puissent disposer de modes opératoires sécurisés et protecteurs des travailleurs et des locataires. Il s’agit également pour elles de réduire leurs coûts et les délais des opérations concernées.
L’Union sociale pour l’habitat d'Ile-de-France (Aorif) et l’Union régionale pour l’habitat (URH) des Hauts-de-France ont restitué, le 15 avril dernier, les résultats de deux campagnes de mesurage amiante régionales menées en 2017-2018 lors d'une conférence. Un événement organisé en partenariat avec l’OPPBTP, le Plan recherche et développement amiante (PRDA) et le ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.
L’objectif est de mettre au point des processus techniques innovants en SS4 non ou faiblement émissifs. Pour rappel, le projet « Mise au point de processus techniques innovants SS4 » dans les bâtiments, est mené avec la Capeb, la FFB, l’USH et l’OPPBTP, et soutenu par le PRDA. Il prévoit la réalisation de chantiers d’évaluation menés par des bailleurs sociaux affiliés à l’USH afin d’obtenir des valeurs d’empoussièrement respectant les exigences du protocole Carto Amiante.
Projet processus innovants SS4 : où en est-on ?
Ile-de-France : sept processus ciblés
En 2016, en Ile-de-France, la campagne avait essentiellement porté sur des interventions de perçage en intérieur. Huit modes opératoires avaient alors été évalués, en partenariat avec la Cramif et l’OPPBTP. La nouvelle vague de chantiers d’évaluation cible sept processus, dont trois pour les diagnostiqueurs : prélèvement de faïence avec colle amiantée (avec gel ou brumisation), prélèvement de dalles de sol amiantées (avec gel ou brumisation) et prélèvement d’enduit-peinture amiantés (avec gel ou brumisation). Les quatre autres processus évalués sont : le perçage d’enduit-peinture amiantés en façade, le grattage sur support amianté en façade, le recouvrement sur support amianté en façade et le décapage d’enduit-peinture amiantés en façade. Pour les mesures sur opérateur, sur ces quatre modes opératoires d’entretien courant, l’OPPBTP a mis à disposition la logistique Carto Amiante comprenant deux laboratoires accrédités, accompagnés de superviseurs OPPBTP ou Cramif, qui ont veillé à la bonne mise en œuvre du protocole de mesurage.
Dix diagnostiqueurs et sept façadiers ont participé à l’expérimentation et 32 valeurs d’empoussièrement lié à des techniques courantes d’entretien ont ainsi été recensées. Le coût de la campagne, qui s’est déroulée sur douze mois, s’est élevé à 287 300 euros, avec une participation financière de sept bailleurs, du Fonds de soutien à l’innovation (FSI) et du PRDA. Pour cette deuxième édition, le bilan est à nouveau positif puisque 81,25 % des chantiers évalués ont obtenu un niveau d'empoussièrement inférieur à 5 fibres par litre.
Un module d’e-learning pour sensibiliser les collaborateurs des organismes de logement social à la gestion du risque amiante sera prochainement mis à disposition des bailleurs sociaux à l’échelle nationale. Ce module présente les fondamentaux des principales interventions : mise en perspective des enjeux, rappels des obligations réglementaires et focus sur les processus d’intervention.
Hauts-de-France : forte mobilisation des entreprises
Dans les Hauts-de-France, ce sont seize organismes, sous l’égide de l’URH des Hauts-de-France, accompagnés par des organismes préventeurs et des filières du bâtiment, qui ont participé à la campagne de mesurage régionale. Avec un budget de 240 000 euros, soit environ 3 200 euros par chantier, elle est financée d’une part grâce au FSI pour moitié, et d’autre part grâce au PRDA.
Six processus ont été mis en œuvre sur deux sites différents : le carottage d’une dalle en présence d’un sol vinyle/colle amianté, le décollement de quelques dalles amiantées, la dépose de quelques carreaux de faïence/grattage de la colle amiantée, le dévissage d’équipements sur dalles de sols contenant de l’amiante, la dépose d'un vantail contenant un mastic amianté et le remplacement d'une vitre cassée contenant un mastic amianté.
Mi-avril, après un an de chantiers d’évaluation dans les Hauts-de-France, 44 ont été réalisés avec une mobilisation de 14 entreprises de la région. Résultats ? Sur 100 % des chantiers, le niveau d’empoussièrement se situait en niveau 1 (inférieur à 100 fibres/litre), et sur 77 % des chantiers, il était inférieur au seuil de santé publique de 5 fibres par litre. La campagne doit se poursuivre jusqu’à début 2020, et soixante chantiers ont d’ores et déjà été planifiés.