Comment bien se protéger de la chaleur sur les chantiers
Réduire les expositions au soleil, boire et se rafraîchir régulièrement… des gestes simples mais indispensables pour résister à la chaleur sur un chantier.
Date de mise à jour : 10 août 2021
Auteur : Cendrine Barruyer
©Getty Images
Trois litres d’eau par jour. C’est le minimum qu’il faut consommer en été sur les chantiers. Sans quoi, le coup de chaleur menace. Maux de tête, rougeurs, vertiges, frissons, sont autant de signes de cette défaillance de l’organisme. D’autres symptômes comme des crampes musculaires, des nausées ou des troubles du comportement peuvent survenir… Tous les métiers du BTP y sont exposés. Particulièrement lorsque les activités sont exercées en extérieur ou qu’elles engendrent des efforts physiques importants.
- Une organisation du travail optimale réduit le risque d’exposition à des températures excessives.
- Des innovations, notamment textiles, améliorent le confort des salariés.
Article paru dans le magazine PréventionBTP n°253, juillet-août 2021, pages 28-29.
Fortes chaleurs : les précautions à prendre
S’hydrater fréquemment, porter des vêtements adaptés, couvrir sa tête (casque ou casquette avec protège-nuque), se rafraîchir régulièrement, travailler à l’ombre, préservent de ce risque. « Le coup de chaleur est une urgence ! », rappelle le Dr Jean-Marc Plat, médecin du travail à l’APSTBTP-06. Si un collègue présente des symptômes, il faut le mettre à l’abri dans un lieu frais, lui donner à boire avec précaution, humecter son visage et ses membres et appeler les secours.
Chaleur et port du masque
Avec la transpiration, le masque devient vite humide. « Outre le fait que son efficacité n’est plus assurée, souligne Jean-Marc Plat, il devient désagréable à porter. » La solution consiste à limiter son port en organisant au mieux la répartition des tâches en groupe : tôt le matin ou en fin d’après-midi. Les heures les plus chaudes seront dédiées aux actions que l’on peut réaliser sans masque, en respectant la distanciation physique.
Autre défi : boire en portant un masque. Il faut tout d’abord se laver les mains et l’enlever en ne touchant que les élastiques. Si ensuite le masque n’est pas réutilisable, il faut en prendre un autre. Les masques équipés de soupape d’expiration sont plus confortables par temps chaud. Privilégiez ceux équipés de soupapes filtrantes.
Cap sur l’innovation
« Nous commençons à voir sur les chantiers des vêtements rafraîchissants, explique le Dr Jean-Marc Plat. Les retours terrain sont assez positifs »*. Divers procédés sont proposés. Soit des fibres techniques associées à un maillage spécifique afin que la chaleur puisse se disperser, soit des mailles qui emmagasinent la fraîcheur et la restituent progressivement, soit des textiles que l’on trempe dans l’eau et qui se refroidissent par évaporation.
« Une large gamme d’EPI existe : T-shirts, gilets réfléchissants, bandeaux, écharpes, lunettes de protection, accessoires à mettre sous le casque, casquettes, et même chaussettes, semelles, gants… », explique Mohamed Trabelsi, responsable du domaine EPI pour l’OPPBTP. D’autres dispositifs innovants sont en cours de test comme le « Heat Warning Watch Canaria », un bracelet détecteur de coup de chaleur. Un protocole d’essai, mené par l’OPPBTP en partenariat avec PROBTP et BiodataBank, est destiné à mesurer la valeur ajoutée de ce dispositif. Réponse à la fin de l’été.
Évaluer le risque canicule sur les chantiers (malaises, décès…) tel est le but d’un travail entrepris sous la conduite du Dr Dominique Leuxe, médecin-conseil national OPPBTP. La recherche s’appuie à la fois sur une revue de la littérature scientifique et des retours d’expérience sur le terrain. L’objectif est, dans un premier temps, d’identifier les personnes les plus à risque, les métiers les plus concernés (facteurs de risque individuels, environnementaux, sociaux, organisationnels et structurels) et, dans un second temps, de tester diverses innovations en matière de prévention. À la suite de quoi des recommandations seront publiées.
Quatre moyens simples pour supporter les températures élevées
1. Boire avant d’avoir soif
En période estivale l’employeur est tenu de mettre à disposition de chaque salarié trois litres d’eau (Code du travail). Il est conseillé de boire avant d’avoir soif. Outre la boisson, il est également essentiel d’avoir un accès à l’eau pour se rafraîchir régulièrement le corps (nuque, tête et bras notamment).
Pour se désaltérer, mais aussi pour se rafraîchir, il faut avoir accès à un point d'eau sur les chantiers.
2. Veiller à l’usage de certains médicaments
Certains traitements sont photosensibilisants. Ils peuvent induire des réactions cutanées sévères quand la peau est exposée au soleil. D’autres médicaments augmentent le risque de déshydratation. Enfin, certaines maladies sont un facteur aggravant en cas de déshydratation (diabète, cardiopathies…). Le médecin du travail peut vous indiquer si vous présentez des vulnérabilités particulières.
Certains médicaments peuvent induire des réactions cutanées ou augmenter le risque de déshydratation.
3. Organiser les tâches
Réserver les tâches collectives, nécessitant que les salariés travaillent côte à côte, aux premières heures du matin pendant lesquelles le port du masque n’est pas trop inconfortable. Les travaux très exigeants sur le plan physique seront également programmés à la fraîche.
En période de canicule, il est recommandé de programmer certaines tâches tôt le matin ou tard le soir.
4. Utiliser des vêtements protecteurs
Éviter les tâches en extérieur aux heures les plus chaudes. Porter des tenues couvrantes pour prévenir les coups de soleil. Protéger sa tête et sa nuque. Les vêtements ne seront ni trop près du corps, afin que l’air circule, ni trop amples, pour éviter le risque de s’accrocher ou d’être happé par une machine.
Porter des vêtements protecteurs contre la chaleur.