Préserver son dos, c'est facile !
Grâce aux formations, aux sensibilisations, mais aussi aux efforts des fabricants de matériel, la prévention du mal de dos progresse.
Date de mise à jour : 2 mars 2021
Auteur : Cendrine Barruyer
Utiliser des outils de levage, porter à deux et limiter les charges, solliciter la force de ses cuisses en pliant les genoux pour moins courber le dos, mettre la charge au plus près du corps sont autant de moyens d’économiser son dos. Sans oublier les facteurs environnementaux : "Il faut se protéger du froid, du vent, de l’humidité qui favorisent les contractures et rendent le rachis plus sensible", rappelle le Dr Jean-Frédérick Delbart du SRAS* de Castres.
Enfin des fragilités comme le stress, la fatigue, le surpoids (au niveau du ventre, il déstabilise la silhouette et accentue la cambrure lombaire) sont à surveiller. "Pour prévenir le mal de dos, l’ensemble de l’organisation, des conditions de travail, doit aussi être passé au crible, pour identifier ce qui détermine les gestes et donc les pistes de solutions", estime Pascal Girardot ergonome à l’OPPBTP.
Si le salarié connaît les bons gestes mais ne les applique pas, il y a forcément une raison. Un détail, aussi insignifiant que l’éclairage, peut avoir un impact : quand la lumière est insuffisante, l’opérateur doit se rapprocher de la tâche qu’il effectue, se contorsionner…
Trouver le bon compromis opératoire
Le compromis opératoire est l’art de choisir le meilleur geste possible en fonction des contraintes. Savoir construire ce compromis s’apprend. Le mieux est parfois l’ennemi du bien : "Si mon travail exige d’intervenir très souvent proche du sol et de plier les genoux pour économiser mon dos, ce sont mes genoux qui ne le supporteront pas", précise Pascal Girardot. Plutôt que de se contraindre à une posture répétitive, fût-elle "bonne", mieux vaut alterner les gestes, afin de solliciter, de façon équilibrée et harmonieuse, toutes les parties du corps. Il faut aussi faire la chasse aux idées fausses. Ainsi, celle qui voudrait qu’un geste "prudent" prenne plus de temps. Au SRAS de Castres, Christine Meriel organise des sensibilisations à la prévention du mal de dos. "Je propose un test aux stagiaires : "vous faites l’action comme d’habitude puis selon les recommandations". Et on chronomètre." La plupart du temps, il n’y a pas vraiment de différence.
Des points de vigilance à surveiller
Au niveau du matériel, les améliorations sont notables, selon le Dr Delbart. Les aides à la manutention sont de plus en plus nombreuses. L’attention à porter à l’hydratation, nécessaire pour le bon fonctionnement des muscles, est également devenue la norme. Néanmoins, d’autres atteintes musculaires sont constatées. "Nous voyons moins de lombalgies… mais plus de douleurs des épaules", observe le Dr Delbart. Et tandis que les maçons se réjouissent que les sacs de ciment soient limités à 25 kg, les plaquistes, passés du B13 au BA24, souffrent de plus en plus du rachis. De nombreux points de surveillance demeurent donc.
*Service de santé au travail de Castres.
Les fabricants redoublent d’efforts pour mettre au point des vêtements, chaussures, gants intelligents destinés à soulager le rachis.
- Le gilet LynePRO de Percko vise un soutien du dos. Testé notamment chez Bouygues et Colas, il rééduque le corps et favorise un redressement naturel de la posture.
- Les premières semelles connectées RCup seront prochainement disponibles sur le marché (lire article sur www.preventionbtp.fr).
- Les gants connectés destinés à détecter les mauvaises postures, gestes répétitifs et autres facteurs biomécaniques de TMS sont également développés par la start-up RCup.
3 conseils pour soulager le dos chez soi ou sur le terrain
- BIEN UTILISER LE MATÉRIEL.
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"J’ai vu parfois des salariés qui ne savaient pas que leur entreprise disposait de tel ou tel chariot dédié au transport de certains équipements", précise Christine" Meriel. Il est important de communiquer sur l’existence de ces outils, de former les salariés à leur utilisation et de les ranger toujours au même endroit afin que chacun puisse y recourir.
- PRATIQUER UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE.
L’activité physique renforce les muscles, favorise la souplesse et développe la proprioception, la capacité de "percevoir" son corps et de le positionner dans l’espace. Nous ressentons mal la position du dos dans l’espace. C’est pour cela que nous le malmenons. Des sports comme les arts martiaux sont particulièrement intéressants pour développer les capacités de notre dos à réagir aux déséquilibres.
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- CHOISIR DES ENGINS BIEN ÉQUIPÉS.
La position assise prolongée est propice aux lombalgies. Pour les conducteurs d’engin, le phénomène est aggravé par les vibrations et pour les grutiers, par la nécessité de se pencher pour suivre des yeux la charge à déplacer. Le choix des sièges, les dispositifs optiques (rétroviseurs, caméra de recul pour les engins, caméra et écran pour les grutiers) limitent les postures délétères.
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Article publié dans le magazine Prévention BTP N°248 février 2021.