Panorama des métiers en 2030 : des difficultés de recrutement à anticiper dans le BTP

Le rapport « Les Métiers en 2030 » du groupe Prospective des métiers et qualifications* tient compte de deux éléments forts : les changements de comportements induits par la crise sanitaire et les efforts de lutte contre le réchauffement climatique.

Le secteur de la construction serait en effet stimulé par l’investissement et l’accroissement des besoins de rénovation du bâtiment pour répondre aux besoins d’efficacité énergétique de la transition bas carbone (voir encadré).

Après un cycle baissier de près de dix ans (80 000 emplois perdus entre 2009 et 2019) et poursuivant la reprise depuis 2017, le secteur (comprenant les activités immobilières) afficherait une forte croissance : il devrait créer 190 000 emplois entre 2019 (date des projections du rapport) et 2030.

Les cadres du BTP : l’un des métiers en plus forte expansion

Les créations d’emplois tous secteurs confondus sont globalement favorables aux diplômés de l’enseignement supérieur (un emploi sur deux en 2030). La construction continuerait cependant de puiser dans le vivier des actifs n’ayant pas dépassé le baccalauréat, en créant près de 55 000 postes d’ici à 2030.

Parmi la population des cadres, toutes activités confondues, notons que les cadres du bâtiment (+ de 60 000 emplois créés) et les personnels d’étude et de recherche (+ de 50 000) figureraient parmi les quinze métiers le plus dynamiques.

Nombreux départs en fin de carrière dans les métiers du second œuvre

D’ici à 2030, les postes à pourvoir (tous secteurs confondus) s’établiraient à 760 000 chaque année, les départs en fin de carrière représentant 90 % du total. Parmi les métiers dont les postes à pourvoir correspondent aux remplacements des départs en fin de carrière, citons les ouvriers qualifiés du second œuvre.

La lecture des projections indique qu'entre 2019 et 2030 177 000 postes seraient à pourvoir chez les ouvriers qualifiés du second œuvre, dont 150 000 dus aux départs en fin de carrière et 27 000 aux créations nettes d’emplois. Ces postes à pourvoir représentent ainsi 35 % de l’emploi de ce métier aujourd’hui.

La majorité des métiers en tension continueraient d’ailleurs de l’être (47 métiers sur un total de 83 métiers, comprenant outre la Construction, les transports, la logistique et les services aux particuliers et collectivités) ou verraient leurs difficultés de recrutement s’aggraver.

Des actions de formation à entreprendre pour résorber les tensions actuelles

Une amélioration de l’attractivité de certains métiers (conducteurs d’engins du bâtiment et des travaux publics) pourrait résorber les tensions actuelles. Autre piste : un accroissement des capacités de formation pourrait permettre de répondre aux besoins de recrutement actuels et futurs (dont les ouvriers qualifiés du gros œuvre).

Ces actions concernent également les cadres du BTP, dont l’exercice des métiers requiert des compétences techniques spécifiques nécessitant une formation professionnelle initiale ou continue.

Des viviers de recrutements à surveiller dans le second œuvre du BTP

Face aux difficultés rencontrées par certains métiers, le rapport insiste sur la nécessité de disposer d’un vivier de recrutement suffisant, notamment pour les ouvriers qualifiés du gros œuvre (sorties importantes en début de carrière à gérer).

Les professions du second œuvre du bâtiment recrutent quant à elles des personnels expérimentés pour faire face à d’importants départs en fin de carrière. Ces métiers pourraient donc manquer de main-d’œuvre, ce qui aggraverait les tensions actuelles sur le recrutement.

Dans ces métiers techniques, il faut, là aussi, renforcer l’attractivité des filières de formation initiale et continue afin de limiter les difficultés. Le rapport préconise, pour l’ensemble de ces métiers en tension, de diversifier les canaux de recrutement et d'adapter les dispositifs d’accompagnement.

*Prospective des métiers et des qualifications (PMQ) est un exercice conjoint réalisé par France Stratégie et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares)