Prévention contre le bruit au travail : les protections auditives individuelles
De l’atelier au chantier, le bruit est omniprésent, devenant l’une des premières sources de pollution. La législation française élargit la responsabilité du chef d’entreprise en mettant l’accent sur l’importance de l’évaluation du risque auditif et la réduction du bruit à la source et au cours de sa propagation. Elle précise l’abaissement des seuils à partir desquels les actions de prévention doivent être déclenchées et impose de fournir des protections auditives individuelles aux salariés dès que le niveau sonore atteint 80 dB (A).
Date de mise à jour : 28 sept. 2020
Caractérisation des différents bruits
Le bruit est un phénomène acoustique produisant une sensation auditive gênante ou désagréable. De façon générale, c’est un son non désiré, ressenti comme une agression. Un son est caractérisé par sa fréquence et son intensité :
- La fréquence est mesurée en hertz (Hz) : l’oreille est capable d’entendre des sons entre 16 Hz (graves) et 20 000 Hz (aigus) ; la voix humaine a un registre de 80 à 11 000 Hz et la parole se situe autour de 400 à 2 000 Hz.
- L’intensité est mesurée par la pression acoustique dont l’unité est le décibel (dB). On exprime le niveau en dB (A), A étant une pondération, une correction qui retranche dans les basses fréquences les décibels que l’oreille n’entend pas et privilégie les fréquences moyennes les mieux perçues. Le décibel est une unité logarithmique qui signifie que les niveaux de bruit ne s’additionnent pas. Ainsi, doubler l’intensité du niveau sonore, c’est-à-dire faire deux fois plus de bruit, revient à augmenter le niveau sonore de 3 décibels : 80 dB (A) + 80 dB (A) correspond à 83 dB (A).
Un bruit peut être :
- continu (il ne varie pas) ;
- fluctuant (il varie de façon continue) ;
- intermittent (il se manifeste de temps en temps et est nettement perceptible par rapport au bruit de fond) ;
- impulsionnel (il dure moins d’une seconde).
Bruit dans les ateliers
Les opérateurs sont exposés au bruit des machines avec une accentuation du niveau sonore par réverbération sur les murs, les plafonds…
Bruit sur les chantiers
Le bruit est perçu près des engins de chantier, des camions, des outils attaquant la matière comme les marteaux-piqueurs, mais il peut aussi être réverbéré par les ouvrages construits, tels que voiles ou tunnels, ou dus à l’environnement comme les chantiers routiers sous circulation.
Effets sur le corps humain
Effets auditifs
Les effets auditifs sont nombreux et divers selon la fréquence et l’intensité des sons subis.
- Traumatisme acoustique. Déficit auditif temporaire (fatigue auditive qui survient après un travail en milieu bruyant). Le prolongement de la fatigue auditive est une atteinte de la sensibilité auditive.
- Déficit auditif permanent. La surdité évolue en plusieurs stades.
- 1er stade : lassitude, acouphène, malaise général.
- 2e stade : phase de latence. Le sujet s’habitue au bruit mais le déficit auditif existe.
- 3e stade : la perte auditive est plus étendue. Le sujet parle fort, augmente le volume des appareils.
- 4e stade : il y a atteinte de toutes les fréquences, en particulier conversationnelles. Cette surdité est bilatérale, globalement symétrique et irréversible.
Effets sur le corps
Les troubles peuvent apparaître rapidement et varient d’un individu à l’autre :
- troubles du sommeil (endormissement, réveil) ;
- troubles du comportement (agressivité, fatigue, dépression) ;
- troubles cardio-respiratoires (augmentation de la fréquence cardiaque, de la fréquence respiratoire, hypertension) ;
- troubles digestifs.
Le bruit peut provoquer :
- un accident du travail de type perforation du tympan par objet contondant ;
- une maladie professionnelle de type surdité reconnue dans le cadre du tableau général n° 42 des maladies professionnelles (de 130 et 150 maladies sont reconnues chaque année).
Bruit au travail : démarche de prévention
L’objectif est de supprimer ou de diminuer l’exposition des travailleurs au bruit, en particulier lorsque son niveau dépasse les limites légales.
Pour y parvenir, différentes actions, souvent simples à appliquer, peuvent être menées. On peut ainsi agir à trois niveaux :
- sur l’émission de bruit,
- sur sa propagation,
- sur le risque résiduel.
Il est possible de mettre en œuvre un certain nombre de mesures.
Sur le plan organisationnel :
- éloignement des équipements bruyants, limitation des coactivités bruyantes, alternance des postes bruyants et non bruyants…
- privilégier les actions de prévention collective, complétées par des mesures de protection individuelle, si nécessaire.
Sur le plan technique :
- utilisation d’équipements moins bruyants, traitement acoustique des parois des locaux (murs et plafond), encoffrement des équipements bruyants, cloisonnement et séparation des sources de bruit, isolement des opérateurs à la source de l’émission de bruit.
Sur le plan de la protection :
- le port d’un protecteur individuel contre le bruit (PICB) est le dernier recours de protection de l’ouïe. Une protection est nécessaire en permanence, que la durée de travail en environnement bruyant soit de quelques minutes ou de plusieurs heures.
Choix des protecteurs individuels contre le bruit
Il n’existe pas de PICB universel ; le choix dépendra des risques de bruit et des contraintes liés aux travaux à réaliser.
Un PICB doit être choisi selon les critères suivants :
- Son efficacité : c’est sa capacité à atténuer suffisamment le bruit duquel il doit protéger. Si un isolement complet des bruits du chantier n’est pas souhaitable pour assurer la sécurité, ou parce que le bruit émis par un engin est souvent une indication précieuse pour son utilisateur, la protection, vivement conseillée dès 80 dB (A), vise à ramener le niveau de bruit perçu à 70/80 dB (A), tout en laissant passer la voix.
- Son confort : le PICB doit être porté pendant toute la durée d’exposition au bruit. Son retrait, ne serait-ce que quelques minutes, en réduit considérablement l’efficacité et provoque des dommages à moyen terme. Un équipement doit être confortable et léger, afin d’être porté pendant toute la durée de l’exposition au bruit.
- Sa facilité d’utilisation : il doit être pratique à mettre en place, à ajuster et à enlever.
- Sa compatibilité avec d’autres EPI, tels que le casque de sécurité, les lunettes de protection ou le masque de protection respiratoire.
Téléchargez la fiche prévention Protecteurs individuels contre le bruit (PICB).
Consultez sur le même thème : Le bruit - Risques et protections.
Réglementation en matière de prévention des risques d’exposition au bruit
Pour mémoire, le niveau d'exposition quotidienne au bruit est la moyenne pondérée dans le temps des niveaux d'exposition au bruit pour une journée de travail nominale de huit heures (article R4431-1 du Code du travail).
Les valeurs limites d'exposition (VLE), prévues à l’article R4431-2, autorisent un niveau d'exposition quotidienne au bruit de 87 dB ou niveau de pression acoustique de crête de 140 dB. À noter, pour l'application de ces VLE, la détermination de l'exposition effective du travailleur au bruit tient compte de l'atténuation assurée par les protecteurs auditifs individuels portés par le travailleur (article R4431-3).
Le choix des protecteurs auditifs individuels doit être fait de manière à éliminer le risque pour l'ouïe ou à le réduire le plus possible. Ils sont choisis notamment après avis des travailleurs intéressés et du médecin du travail (article R4434-8 du Code du travail).