Comment être « moteur » dans la recherche de solutions
Président du comité santé sécurité de Routes de France, Matthieu Roig revient sur les risques inhérents à la profession et les actions engagées pour la protection des salariés.
Date de mise à jour : 30 oct. 2024 - Auteur : Loïc Féron
©DR
« Il faut rester humble en matière de prévention. » Plutôt que d’« exemplaire », Matthieu Roig, président du comité santé sécurité de Routes de France, préfère qualifier sa profession de « moteur » dans la recherche de solutions. La baisse significative des taux de fréquence l’encourage à explorer de nouvelles voies.
Parmi les risques associés aux travaux routiers, lequel retient votre attention ?
Sur nos chantiers où les interactions homme-machine sont nombreuses, le risque de collision engins/piétons est le risque majeur. Deux champs d’action sont explorés pour prévenir ces accidents potentiellement très graves, voire mortels. Le premier repose sur les technologies développées avec les constructeurs et l’OPPBTP dans le cadre du projet Stop Collision. Toujours en mouvement, les chantiers routiers, de toute taille, présentent des situations différentes. Il est difficile de trouver une technologie qui s’adapte à tous les engins, y compris ceux de location, mais je suis persuadé que nous disposerons un jour d’outils très performants. Le second concerne les comportements. Les actions de sensibilisation et un travail en profondeur sur la culture en prévention favorisent l’adoption par les collaborateurs de réflexes vertueux. L’humain doit rester au centre de la problématique.
Qu’en est-il des interactions avec les usagers de la route ?
Certains guides, comme ceux du Cerema et du Syndicat des équipements de la route, fournissent les informations réglementaires sur la signalisation provisoire à mettre en place lors de chantiers sous circulation. Nous devons cependant aller plus loin. La campagne « Route barrée » initiée par Routes de France encourage les maîtres d’ouvrage à intégrer la possibilité de barrer totalement la route ou d’aménager des demi-chaussées. Afin de systématiser les mesures de prévention, notre syndicat travaille à l’établissement d’un kit destiné à accompagner la maîtrise d’ouvrage dans la prescription de ces dispositifs dans chaque dossier d’appel d’offres. Par ailleurs, en plus de la signalisation habituelle, des protections ou des solutions de prévention spécifiques à chaque chantier sont préconisées.
Quelles sont les solutions pour lutter contre les troubles musculo-squelettiques ?
Elles sont diverses, aussi bien organisationnelles que techniques. Je pense, par exemple, à l’adaptation des postes de travail pour limiter au maximum les postures pénibles. La mécanisation est de plus en plus systématisée dans les métiers propices à l’usure professionnelle. C’est le cas des tireurs au râteau qui mettent physiquement en œuvre l’enrobé. Même si certaines innovations techniques réduisent les risques de troubles musculo-squelettiques, des actions simples et de bon sens, comme la formation, l’information à base de quarts d’heure sécurité ou l’échauffement physique à la prise de poste, ont également prouvé leur efficacité.
L'humain doit rester au centre de la problématique de prévention.
Par ailleurs directeur Prévention et environnement chez Colas France, Matthieu Roig préside le comité santé sécurité de Routes de France. L’organisation professionnelle représente les industriels et les entrepreneurs du secteur des infrastructures routières et de l’aménagement urbain.