288 Dossier - Comment rendre les travaux routiers plus sûrs ?

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    En résumé
    • Privilégier les travaux sous déviation.
    • Gérer la circulation des véhicules et des engins.

    Dossier paru dans PréventionBTP n°288-Octobre 2024-p. 6

    Rien ne vaut la pratique pour évaluer les résultats d’une démarche de prévention. Dans l'Eure, la communauté d’agglomération Évreux Portes de Normandie (EPN) a suivi la charte « Chantier franchement sûr » pour gérer plus efficacement ses travaux routiers sous déviation ou sous circulation. Volontairement opérationnelle et facilement déclinable sur le terrain, celle-ci relaie à l’échelle locale les objectifs inscrits dans la convention nationale de partenariat pour l’amélioration de la santé au travail dans les TP signée par le ministère du Travail, la Cnam, l’INRS, l’OPPBTP et la FNTP.
    La rénovation d’un axe majeur de la ville a été découpée en trois phases, avec trois modes opératoires différents (sens unique, double sens et route barrée) pour en comparer les avantages et inconvénients. « Les élus pensaient qu’une approche satisfaisante pour les usagers du domaine public était l’alternat, alors que cette solution a été la plus compliquée à gérer », note Émilie Guibert, directrice générale des services techniques mutualisés Ville d'Évreux*. Pour Dominique Marienne, adjoint au directeur de l’agence Normandie de l’OPPBTP, « notre étude Prévention et performance démontre l’impact positif pour les salariés de pouvoir barrer la route quand c’est possible. »

    La promotion des travaux hors circulation

    Initiée en 2021 par l'organisation professionnelle Routes de France avec la campagne « Routes barrées », la promotion auprès des maîtres d’ouvrage de travaux sous déviation (hors circulation) répond au risque majeur de heurt par un usager de la route. À ce risque s’ajoute pour la profession la recrudescence des incivilités des automobilistes à l’encontre des équipes de travaux, voire des agressions verbales et même physiques. À tel point que des formations à la non-violence sont envisagées pour les collaborateurs… « Les signalements de ces incivilités par nos adhérents sont en nombre croissant », confirme Thibault Delore, le représentant du Syndicat des équipements de la route (SER) à la commission santé sécurité de Routes de France.
    Le fait est que le panneau « Route barrée » est très mal vu (au sens propre comme au figuré) par les automobilistes. « Entre barrer une route et ne rien faire, il existe tout un champ d’action, des alternats ou des chaussées provisoires sur une demi-chaussée, précise Matthieu Roig, le président du comité santé sécurité de Routes de France. L’essentiel est de protéger nos collaborateurs avec des séparations physiques en béton au lieu des simples cônes orange, certes réglementaires, mais insuffisants» Et d’ajouter : « Le coût supplémentaire doit être intégré en amont pour que chacun suive les mêmes règles et qu’on n’attende pas le début du chantier pour demander des matériels en plus. Il ne faut pas opposer économie et sécurité. »

    Une signalisation temporaire précise et univoque

    « Les travaux routiers sont un secteur vertueux et même moteur en prévention, estime Sébastien Marie, responsable du domaine TP à l’OPPBTP. Le taux de fréquence des AT y est de 15, contre 31 pour l’ensemble du BTP (chiffres Cnam 2021, NDLR) et il descend à moins de 10 chez les majors. » L'activité d’entretien et de maintenance (réfection) du réseau routier mais aussi des voiries commerciales ou des pistes d’aéroport est équivalente à la construction neuve. « Sur la voie publique, l’organisation est très cadrée, un arrêté de circulation est nécessaire lorsque la signalisation temporaire modifie la signalisation permanente, rappelle Sébastien Marie. Les entreprises sont habituées à cette signalisation temporaire, qui a pour but d'assurer la sécurité des usagers et du personnel de chantier. Une signalisation d'approche adaptée permet d'avertir les usagers et de les guider face à une situation inhabituelle. La signalisation temporaire doit donc être claire, précise et univoque. »

    Gérer la coactivité interne au chantier

    Hormis le heurt avec automobiliste, les travaux routiers sont concernés par d’autres risques comme l’électrisation au contact des lignes aériennes ou le risque chimique. Autre risque différé, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont essentiellement liés à de petits travaux effectués manuellement en milieu urbain. Instaurés en routine, les échauffements et étirements du matin font partie des bonnes pratiques, tout comme le respect des gestes et postures. Les solutions résident aussi dans la mécanisation. Reste la coactivité interne au chantier et les risques de heurt par une grande diversité de matériel. Sur ces chantiers mobiles, où interviennent aussi les fraiseuses et balayeuses, puis les équipementiers, la gestion des flux et la vigilance reposent sur la formation des collaborateurs. L’usage des téléphones portables est, par exemple, mieux encadré. Les constructeurs progressent par ailleurs en termes de détection des personnes et d’asservissement des engins. Au dernier salon Intermat, Bomag France a ainsi remporté un Innovation Award (dans la catégorie Routes, Industrie des matériaux et fondations) pour son système de freinage automatique d’urgence.

    Entre barrer une route et ne rien faire, il existe tout un champ d’action. 
    Matthieu Roig, président du comité santé sécurité de Routes de France.

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