L’ostéopathie sur les chantiers : pour quels objectifs ?
De plus en plus d’entreprises – notamment dans le BTP – proposent à leurs salariés des séances d’ostéopathie. Très appréciées par les salariés, ces séances se situent à la frontière du bien-être et de la prévention. Dans certaines entreprises, les ostéopathes collaborent avec le service de prévention santé au travail. Quel bénéfice peut-on en attendre ?
Date de mise à jour : 24 nov. 2022 - Auteur : Cendrine Barruyer
● De plus en plus d’entreprises proposent des séances d’ostéopathie, qui sont appréciées des salariés.
● Des études d’impact seraient nécessaires pour évaluer ces pratiques.
Article paru dans PréventionBTP n°266, p. 34 (octobre 2022).
Le lundi et le jeudi, Cécile Constant ne se rend pas à son cabinet d'ostéopathe. Elle intervient dans le Val-de-Marne, chez Vinci Construction. Cela fait longtemps que l'entreprise a choisi d’intégrer une ostéopathe dans ses équipes. « Nous mettons à sa disposition nos locaux, et en contrepartie elle s’engage à ne pas facturer plus que ce que rembourse la mutuelle », explique Jean-Pascal Dusart, président de Trajeo, une structure interne à Vinci, en charge de l’accompagnement des personnes handicapées. L’ostéopathie est reconnue en France depuis 2008. Rapidement, des organisations ont proposé d'intervenir en entreprise. C’est le cas de Neoforma. « Nous disposons d’un réseau de 450 ostéopathes sur toute la France », explique Yannick Benet, son fondateur.
L’ostéopathie : pour qui ?
Spontanément, on tend à penser que les métiers physiques sont les plus concernés. Ce n’est pas forcément le cas. Neoforma, qui compte parmi ses clients des acteurs du bâtiment, des TP, des transports et de la distribution de matériaux, le confirme, « ce sont moins les personnels de chantiers que les administratifs qui y ont recours. » Même constat chez Vinci : « Notre ostéopathe est plus sollicitée par les sédentaires que par les compagnons. »
L’ostéopathie : comment ?
Du fait de nos postures, de notre gestuelle, de notre stress ou de petits chocs ou accidents, nous créons des blocages articulaires. Le corps compense en sollicitant d’autres groupes musculaires, ce qui crée un déséquilibre. Le but de l’ostéopathie : détecter et traiter ces blocages avant qu’ils n'entraînent des douleurs. Certaines techniques sont douces, d’autres plus vigoureuses. « L’efficacité est comparable. Les hommes et les sportifs préfèrent en général être manipulés », note Yannick Benet. Deux séances par an sont recommandées. En cas de pathologie, le nombre de séances sera supérieur. « L’ostéopathie fait partie d’un tout, note le spécialiste. Si nous ne travaillons pas sur l’outillage, l’organisation et la posture, l’effet des séances sera limité. »
Quel bénéfice ?
Du côté des services de prévention en santé au travail (SPST), la réponse est prudente. Dans certaines entreprises, l’ostéopathe intervient en concertation avec l’équipe santé travail. « Notre ostéopathe a son bureau à côté de celui du médecin du travail, note Jean-Pascal Dusart, elle travaille en synergie avec lui et avec les ergonomes. » Dans d’autres, ces séances sont considérées comme des actions de bien-être. En tout cas, l’initiative est du goût des salariés : « Notre ostéopathe fait carton plein chaque fois qu’elle vient », constate Jean-Pascal Dusart. Chez Vinci Construction, on envisage d’aller plus loin et d’engager un kinésithérapeute pour rééduquer les salariés souffrant de diverses douleurs, et offrir aux équipes un accompagnement complet depuis la prévention primaire (ergonome) en passant par la prévention secondaire (ostéopathe) et, pour finir, la prévention tertiaire (kinésithérapeute).
Une opération pilote encourageante
Diminuer l’accidentologie est l’objectif numéro un de toute politique de prévention. En partenariat avec une mutuelle du transport, Neoforma a souhaité évaluer l’impact de ses interventions (deux séances d’ostéopathie par collaborateur, une formation aux postures et un réveil musculaire quotidien). Au terme d'un suivi de deux ans dans une filiale d’un groupe de transport, le risque d’accident était diminué d’environ 20 % et la gravité de ces derniers de 25 %. Au vu de ces chiffres, l’entreprise a poursuivi l’expérience et l’a généralisée à l’ensemble du groupe. D’autres études seraient néanmoins nécessaires pour confirmer le bénéfice de cette approche.
4 points à retenir sur l’ostéopathie en entreprise
L’ostéopathie accessible à tous
Les entreprises qui font appel à des ostéopathes veillent à ce que les séances ne coûtent rien à leurs salariés. Soit elles sont directement payées par l’entreprise, soit elles sont remboursées en intégralité à l’assuré par sa mutuelle.
Du sur-mesure
La consultation d’ostéopathie débute par un entretien pour connaître le métier de la personne et ses antécédents médicaux. Ensuite vient la phase de test visant à évaluer s’il existe des zones de blocages. Le traitement consiste à lever ces blocages.
La lombalgie, une plainte fréquente sur les chantiers
Dans le bâtiment, les transports et la manutention, la lombalgie est la plainte la plus fréquente, suivie par les douleurs de l’épaule et du poignet. L’ostéopathie associée à la formation aux gestes et postures et aux mesures d’adaptation des postes de travail peut soulager ces douleurs et éviter leur récurrence.
Douleur dans le cou c’est souvent le stress !
Les douleurs cervicales sont fréquentes chez les personnels sédentaires. Des séances d’ostéopathie associées à une meilleure ergonomie du poste de travail peuvent aider à les prévenir.