Intermat : les nouveaux engins de BTP misent sur l’électricité et la sécurité
Nouvelles technologies et énergies alternatives sur les chantiers du BTP ont marqué la dernière édition du salon Intermat, qui s'est tenu 24 au 27 avril 2024 à Paris-Nord Villepinte. Les engins, dont certains récompensés, embarquent également de nouvelles technologies assurant la sécurité des opérateurs sur les chantiers.
Date de mise à jour : 30 avr. 2024
Auteur : Fabienne Leroy
©DR
Ce sont bien les énergies alternatives et la décarbonation qui ont été au cœur de l’édition 2024 du salon Intermat, implanté dans le paysage des travaux publics depuis 1988. Mais la sécurité n’est pas en reste, puisque les constructeurs intègrent désormais des technologies de prévention innovantes.
Pour accompagner la décarbonation de la filière, les représentants de cinq grandes fédérations de la construction – Philippe Cohet, président du DLR, Jean-Claude Fayat, président d’Evolis, Davy Guillemard, président du Seimat, Alain Grizaud, président de la FNTP et Olivier Salleron, président de la FFB – ont signé le 24 avril sur le salon, le manifeste « 4 clés pour accompagner la décarbonation des équipements de construction ».
Les cinq fédérations souhaitent unir leurs efforts pour explorer les alternatives aux motorisations thermiques, qu’elles soient électriques, à base de biocarburants ou d’hydrogène.
Aspiratrice excavatrice, camion toupie et camion de chantier 100 % électriques
Les constructeurs de matériels de BTP ont d’ailleurs exposé un grand nombre d’engins électriques, et pas uniquement des petits modèles.
- Les visiteurs ont ainsi pu tomber nez à nez, dès la sortie du RER de Villepinte, avec une aspiratrice excavatrice tout électrique (fabricant RSP), équipée d’un châssis électrique et de deux batteries (2 x 230 kWh). Son autonomie est d’environ 6 heures et elle se recharge en une nuit sur un super chargeur 150 kW en courant continu. Mais aussi avec une borne type 2 traditionnel à 22 kW en courant alternatif pour un temps de recharge bien plus long.
Cette aspiratrice excavatrice 100 % électrique bénéficie d'une autonomie de 6 heures et se recharge en courant continu ou alternatif.
- Autre engin de chantier, primé par un prix spécial, lors de la remise des Innovation Awards Intermat (catégorie bâtiment, génie civil et filière de béton) : le camion toupie P 9 G iOntron. Le fabricant Putzmeister remporte ce prix grâce à une combinaison originale dans le monde du béton : une toupie électrique montée sur un camion électrique (autonomie : de 150 à 240 km).
Cet engin peut être radiocommandé, ce qui assure davantage de sécurité à l’opérateur éloigné de la toupie et de la zone de travail. Vendu environ 40 % plus cher qu’une bétonnière classique, le concept a néanmoins déjà séduit certains acteurs du béton soucieux de favoriser une logistique plus verte sur leurs chantiers, avec son corollaire : moins de nuisances auditives pour les riverains, mais aussi pour l’opérateur et le personnel de chantier ! Livraison du premier exemplaire après le salon Intermat !
Le camion toupie Putzmeister remporte un prix spécial Innovation Intermat grâce à une combinaison originale : une toupie électrique montée sur un camion électrique.
Ce nouveau camion toupie électrique peut être radiocommandé, ce qui assure davantage de sécurité à l'opérateur.
- Enfin, autre exemple de décarbonation, le premier camion de chantier hors route 100 % électrique avec le Renault Trucks E-Tech C 8 x 4 tridem. Il est équipé d’une bi-benne et d’une grue. Il bénéficie d’une autonomie entre 150 et 220 km selon les conditions d’usage et d’un bouclier en acier qui le rend incassable par rapport à son homologue en plastique.
À noter, son angle d’attaque de 25° très utile sur les chantiers avec des pentes importantes. Il est équipé des dispositifs de sécurité répondant à la réglementation GSR 2 (surveillance des angles morts à l’avant et sur les côtés et caméra arrière), qui entre en vigueur le 7 juillet 2024.
Renault Trucks E-Tech, le premier camion de chantier hors route 100 % électrique, intègre les dispositifs de sécurité : surveillance des angles morts à l'avant et sur les côtés, et caméra arrière.
Des évolutions pour la sécurité dans les engins de chantier
La sécurité fait aussi l’objet de recherches et d’innovations chez les constructeurs d’engins. Deux options s’offrent à eux : une sécurité, soit intégrée dès la fabrication du matériel, donc optimale pour le personnel de chantier, soit rapportée avec des solutions et technologies externes. Objectif : éviter le heurt engin-piéton. Focus sur de récentes solutions déjà intégrées par les constructeurs.
- Bomag a intégré un système d’assistance au freinage d’urgence sur un engin de travaux publics : un compacteur tandem routier (BW 174 AP-5 AM). Il s’agit d’une machine phare vendue aux entreprises spécialisés dans les travaux routiers pour la réalisation d’enrobés, qui nécessite une équipe importante au sol. Auparavant, la sécurité était assurée par une caméra de recul qui pouvait être montée en « rétrofit ».
Le nouveau système intégré d’usine fait appel à une technologie appelée « Lidar », c’est-à-dire un radar qui fonctionne avec la lumière. Il est capable de détecter des obstacles jusqu’à 10 mètres (180 ° devant et derrière la machine) : la machine ralentit, s’arrête, protège les enrobés chauds des dommages et surtout, protège les piétons des collisions. La commercialisation de cette nouvelle machine est prévue pour cette année.
Bomag a reçu un Award d'or sur Intermat pour l'intégration de l'assistance au freinage d'urgence qui prévient les collisions sur le chantier.
Wacker Neuson a intégré la technologie « Active Sens Control » dans ses motobasculeurs. La machine freine automatiquement en cas de risque de heurt.
- Wacker Neuson, qui a équipé son motobasculeur Dual View 45 d’une poste de conduite rotatif depuis un an, a encore amélioré la sécurité de ses machines. Le fabricant a en effet intégré la technologie « Active Sens Control » inspirée des Adas automobiles (Advanced Driver Assistance Systems) pour ses motobasculeurs, y compris ceux qui ne sont pas encore équipés de sièges rotatifs. En cas de risque de heurt, la machine freine automatiquement. Le système sera disponible à la commercialisation en juillet.
Rémi Teyssière, chef de produits Volvo, a présenté le nouveau système de sécurité qui va équiper les pelles à chenilles (Génération F).
- Volvo a également intégré des systèmes de détection de piéton dans ses pelles à chenilles (génération F). Des caméras embarquées à 360 ° et un radar détectent et analysent l’obstacle repéré avec l’appui de l’intelligence artificielle. Une alarme sonore et visuelle, qui passera du vert au rouge selon la distance, avertit l’opérateur. Un développement de la technologie est prévu sur le reste de la gamme du fabricant.
D’autres pistes de développements sont à l’étude chez les constructeurs, tel Komatsu qui évoque des systèmes de détection de veille pour vérifier l’attention de l’opérateur. En cas de malaise du conducteur, le bulldozer ou la chargeuse pourrait ainsi automatiquement déconnecter la transmission.