Mickael Queinnec, le menuisier devenu youtubeur
Pour sensibiliser aux bons gestes et à la prévention, le formateur en menuiserie du CFA de Quimper se met en scène dans de courtes vidéos, accessibles via un QR Code.
Date de mise à jour : 17 mars 2021
Auteur : Thierry Beaurepère
©DR
Découper, assembler, monter… Le menuisier et le vidéaste partagent quelques passions communes, même si le matériau de base n’est pas le même ! Mais plus que le travail de découpe et de montage, c’est d’abord son goût pour les écrans et les images qui a poussé
à s’improviser youtubeur. Depuis quelques semaines, ce menuisier se met en scène avec talent dans de courtes vidéos, qui distillent des conseils pour utiliser avec efficacité et sans danger des machines professionnelles de menuiserie (scies circulaires, raboteuses…), rappelant bonnes pratiques et utilisation des EPI.Transmettre son savoir-faire pour le travail du bois
À tout juste 40 ans, Mickael est enseignant au CFA de Quimper, dédié aux formations du bâtiment. Après vingts ans dans une entreprise où il a parfait ses compétences, il a rejoint l’organisme breton il y a quatre ans en tant que formateur en menuiserie, avec le désir de transmettre son goût et son savoir-faire pour le travail du bois aux plus jeunes. Il accompagne au quotidien une soixantaine d’apprentis, âgés de 15 à 22 ans pour les filières classiques mais aussi des adultes qui ont parfois une trentaine d’années, dans le cadre d’un projet de reconversion professionnelle. « Les machines utilisées dès la première année d’enseignement sont imposantes et, surtout, peuvent s’avérer très dangereuses si elles sont mal utilisées. J’ai rapidement pu constater que les fiches papiers destinées à sensibiliser les étudiants aux bons gestes et à la sécurité ne retenaient que modérément leur attention. D’où l’idée de réaliser de rapides vidéos, plus ludiques et plus interactives, pour faire passer les bons messages », explique Mickael Queinnec.
Huit films pour éviter les accidents
L’idée est séduisante, la réalisation plus complexe et chronophage pour qui ne maîtrise pas les techniques vidéos. Le formateur suggère alors à la direction du CFA de faire appel à l’entreprise locale Girwet Productions, spécialisée dans la production audiovisuelle. Banco ! En une après-midi, et pour un coût minime de 600 euros, huit films sont mis en boîte. Le principe est simple : présenter la machine, expliquer son fonctionnement, et rappeler les bons gestes d’utilisation et de prévention pour éviter les accidents. « Les films durent 2 à 3 minutes, pour retenir l’attention jusqu’au bout. Et je fais moi-même la présentation, afin de mieux impliquer les apprentis », précise Mickael, qui s’avère être un excellent présentateur !
QR code collé sur les machines
Mises en ligne sur la plate-forme Youtube lors de la rentrée de septembre 2020, les vidéos sont accessibles grâce à un QR code collé sur chacune des machines, qu’il suffit de scanner pour pouvoir les visualiser sur un smartphone (exemple avec le film
). « Les étudiants se sont immédiatement appropriés l’initiative. Ils assimilent bien plus rapidement comment utiliser les machines et comment se mettre en sécurité, peuvent scanner les QR code autant de fois qu’ils le désirent pour revoir les vidéos et s’imprégner des bonnes pratiques », se félicite Mickael, qui constate que cela a également permis de faire baisser l’appréhension durant les premiers jours d’apprentissage. Mieux, les vidéos sont désormais un prérequis obligatoire pour les jeunes avant leur arrivée au CFA, afin de les sensibiliser à leur futur métier.De nouveaux films sur des gestes plus techniques
Fort de cette première étape, le formateur espère désormais rééditer l’expérience, en réalisant de nouveaux films mettant en scène des gestes plus techniques, destinés cette fois-ci aux étudiants de seconde année et de brevets professionnels, pourquoi pas dès la rentrée prochaine. Le concept pourrait aussi être déployé à d’autres formations proposées par le CFA qui utilisent des machines potentiellement dangereuses, des carreleurs aux électriciens. Des échanges sont également prévus avec les trois autres centres bretons, réunis dans l’association régionale Bâtiment CFA Bretagne, afin que d’autres formateurs reprennent à leur compte l’idée, toujours avec le même souci de proximité pour plus d’efficacité. « Je vais également aller rencontrer les entreprises de la région pour voir comment il est possible de les associer plus largement au projet », complète Mickael Queinnec. Pour autant, pas question de monétiser le concept. « L’idée n'est pas de gagner de l’argent, mais de mettre l’apprenant en sécurité tout au long de son cursus. »