Luxembourg : une campagne pour sécuriser le travail en hauteur
La prévention des chutes de hauteur dans les entreprises du bâtiment est une préoccupation commune aux entreprises du secteur en Europe. Preuve en est, au Luxembourg, une campagne de prévention lancée en avril dernier.
Date de mise à jour : 27 sept. 2022
Auteur : Virginie Leblanc
©ITM - IFSB
Mieux former et sensibiliser les professionnels de la construction aux risques de chutes de hauteur sur les chantiers de construction. C’est tout l’objet d’une campagne sur le sujet au Luxembourg. Intitulée « Ensemble, sécurisons le travail ; Ensemble, sécurisons nos travaux en hauteur ! », elle a été lancée conjointement par l'Inspection du travail et des mines (ITM) du Luxembourg et l’Institut de formation sectorielle du bâtiment (IFSB), à l’occasion de la Journée mondiale de la santé au travail, le 28 avril 2022. Dans le pays, près de 3 700 entreprises du bâtiment emploient plus de 54 000 salariés.
Marco Boly, directeur de l’ITM, explique ce qui a motivé cette campagne : « Nous avons connu de mauvais résultats : 1 000 accidents graves par an et deux à quatre morts liées directement ou indirectement aux chutes de hauteur, soit 20 % de nos accidents du travail mortels. Il fallait marquer le coup ! ».
Défaillances organisationnelles
Un état des lieux du respect des obligations légales et des lacunes constatées a été réalisé par l’ITM, qui a à la fois un rôle de contrôle, mais aussi de conseil et d’assistance. « Si vous parlez aux professionnels du bâtiment de leurs défaillances, relate Marco Boly, ils ont le sentiment qu’elles ne sont que techniques. Or, les défaillances sont plutôt organisationnelles : le chantier a été mal préparé, la formation nécessaire n’a pas été réalisée et/ou des instructions précises n’ont pas été données. Ou bien encore l’accident s’explique par un manque de coordination. » De plus, quand un échafaudage a été défaillant et qu’un accident a eu lieu, « les entreprises ne se posent pas la question de pourquoi il l’était. En réalité, il y a un problème de formation du personnel. »
Modules de formation dédiés aux chutes de hauteur
La campagne de prévention repose donc également sur la promotion de formations, construites pour tous les salariés du bâtiment, avec l’IFSB, un centre de formation gros œuvre créé il y a plusieurs années par la fédération des entreprises de la construction luxembourgeoise et le groupement des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics. Des modules de formations qualifiantes existent déjà, qui attestent les compétences en santé et sécurité au travail des professionnels, comme les maçons ou les conducteurs d’engins, et qui leur permettent d’évoluer d’un poste à un autre.
L’offre de formation sur le travail en hauteur comprend des modules liés aux échafaudages, au port du harnais, aux tours d’étaiement, au travail en espace confiné, etc. Il va donc s’agir de les promouvoir davantage, notamment à travers des journées SST organisées par l’IFSB dans les entreprises. De plus, de nouveaux modules sur la pose de lignes provisoires et sur l’utilisation des échelles vont être lancés prochainement. De leur côté, tous les nouveaux inspecteurs de l’ITM suivent également un cursus de formation à l’IFSB, ce qui facilite leur communication avec les entreprises sur le terrain.
Développer un outil virtuel
Des affiches ont aussi été réalisées avec l’ITM, sur la sécurisation des échelles, les travaux en toiture, l’utilisation des échafaudages, etc.
« Nous souhaitons aussi développer un outil virtuel pour simuler le port du harnais dans différentes situations, précise Patrick Nemry, chef du département sécurité-engins à l’IFSB. La formation en réalité virtuelle, avec la sensation de vide qu’elle peut donner a le mérite de créer un électrochoc chez les participants, ils se rendent vraiment compte qu’ils risquent leur vie. » Cet outil, présenté le 26 octobre prochain au Forum SST à Luxembourg devrait aussi séduire la nouvelle génération de compagnons, « très sensible à la sécurité et santé au travail », affirme Patrick Nemry. Un bon point alors que la pénurie de main-d’œuvre touche le Luxembourg, comme la France.