ACTU SNIE usure professionnelle

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    « Au départ, notre métier d’électricien ressemble plus à celui du maçon ou du plombier, c'est-à-dire que nous intervenons dans les zones de coffrage et à l’intérieur des bâtiments avec les plaquistes », décrit Joël Chêne, directeur QSE et RSE de la SNIE, entreprise de conception et de réalisation d’installations électriques courants forts et faibles de 500 personnes. Créée en 1966 par André Crief, cette société familiale, implantée en Seine-et-Marne, est à l’origine des pieuvres électriques. Pour faire leur métier, les salariés de la SNIE sont amenés à collaborer avec les autres corps d’état sur des chantiers en phase de coulage. « Nous intervenons souvent en coactivité. Les tâches nécessitent d’être en position à genoux, accroupie, les bras levés, ce qui génère de la pénibilité », complète le monsieur « QSE » de cette entreprise, qui est aussi président du SIST BTP Seine-et-Marne.

    Collaboration étroite avec le médecin du travail

    Certifiée ISO 9001 depuis vingt-deux ans et plus récemment labellisée RSE par l’Afnor, la SNIE est engagée dans une politique de prévention depuis 1994. Elle a, de longue date, mis dans la boucle l'OPPBTP, la Cramif et la médecine du travail. Objectif : réduire la pénibilité au quotidien et l’usure professionnelle dans la durée. Au sein de la SNIE, le médecin du travail participe aux commissions santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT), connaît les métiers et les salariés, depuis parfois trente ans. « Il se déplace aussi sur les chantiers pour les observer en situation réelle. Donc, lors des visites médicales, il sait très bien évaluer et justifier une restriction au poste de travail, et malheureusement, parfois, une inaptitude », explique Joël Chêne.

    Une équipe pluridisciplinaire pour anticiper les situations critiques

    Pour anticiper cette situation critique, la SNIE a mis au point un circuit efficace de traitement des premières alertes. « Dès les premières restrictions, nous enclenchons une équipe pluridisciplinaire de l'entreprise, associée au médecin du travail, composée du service RH, du service prévention, d’experts de l'instance CSSCT », relate Joël Chêne. Un autre poste peut alors éventuellement être proposé au salarié concerné. « La SNIE a la chance d’intervenir dans les courants forts, mais également dans les courants faibles qui ont trait au contrôle d’accès, à la domotique et à l’informatique et où les postes sont moins physiques », indique Joël Chêne. La diversité des métiers de l’entreprise permet également d’envisager des reclassements, comme chauffeur-livreur, préparateur de commandes, assistant administratif... Certains électriciens chantiers sont devenus acheteurs. Des monteurs sont devenus chef de chantier ou conducteur de travaux.

    Adelino Antunes, arrivé dans l’entreprise en 1999, est ainsi passé à des postes d’électricien en courants forts, puis en courants faibles, avant de devenir chef de projet en 2016. « Mon dos a été fragilisé à la suite de chutes. J'ai été arrêté plusieurs fois. Mon employeur m’a proposé un poste au bureau. J'ai eu une période d'essai : je voulais vérifier que ça me conviendrait. Et ça m'a plu », souligne ce professionnel devenu responsable d’agence courants faibles en 2017. 

    Des évolutions professionnelles parfois dès 30 ans

    Au sein de la SNIE, ces changements professionnels n’interviennent pas nécessairement à 45-50 ans. « Parfois, on va proposer des évolutions assez tôt, par anticipation avant même les restrictions ». L'élément déclencheur ? L’usure professionnelle ou une pathologie antérieure à l’arrivée dans l'entreprise. « Un jeune peut très bien avoir des problèmes de dos dès 30 ans. On n'est pas tous égaux au niveau médical », constate Joël Chêne.

    Mais quitter l’ambiance des chantiers, le travail technique de la matière, pour se retrouver devant un clavier, ne va pas toujours de soi. « Quand on commence à parler, avec un salarié qui a travaillé vingt ans sur le terrain, de la nécessité d’envisager un métier sédentaire, il n'est pas toujours prêt. Donc, il faut l'accompagner sur le volet psychologique. En concertation avec le médecin du travail, on se donne parfois un délai », avoue Joël Chêne. Il est important de laisser le temps au temps pour une forme de deuil.

    Les entretiens annuels permettent aussi de préparer le terrain, de cerner la fatigue physique, l’usure mentale, mais aussi les talents et aspirations des uns et des autres. « On est souvent très surpris », témoigne Joël Chêne. Au sein de la SNIE, la question du projet professionnel est encore plus directement abordée lors des entretiens professionnels bilan six ans. « Un moment riche et privilégié » pour ouvrir le dialogue et envisager à l’avance un projet alternatif motivant, sans être au pied du mur.

    À lire dans le magazine PréventionBTP n°286, notre dossier Usure professionnelle : comment travailler différemment ? paru début juillet.

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