R02-Protection contre le bruit sur les chantiers

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    Un peu moins de la moitié des actifs en poste disent être gênés par les nuisances sonores. « Cette année, pour la première fois, nous passons sous la barre symbolique des 50 % », note Romain Bendavid, directeur général adjoint Opinion et stratégies d’entreprises de l’Ifop, qui a réalisé une enquête* sur la perception du bruit sur le lieu de travail, pour l’association JNA (Journée nationale de l’audition). Depuis six ans, JNA organise au mois d’octobre sa Semaine de la santé auditive au travail.

    Ce résultat global cache de nombreuses disparités :

    • Une montée en puissance de la plainte chez les jeunes de moins de 35 ans.
    • Un accroissement des signalements dans le tertiaire et les postes administratifs. « Traditionnellement l’industrie, le BTP et l’agriculture sont plus impactés. Mais on observe un lissage entre les différents secteurs d’activité », constate le Pr Jean-Luc Puel, directeur de l’Institut des neurosciences à Montpellier et président de l’association JNA. Le bruit est considéré comme une nuisance par 67 % des travailleurs de l’industrie, 58 % de ceux du secteur du commerce, et seulement 53 % des salariés du BTP.
    • Un glissement des risques du médical (surdité, acouphènes, traumatismes sonores...) vers la santé mentale (fatigue auditive, stress, irritabilité...). Il est vrai que dans les secteurs à risque pour l’audition, comme l’industrie ou le BTP, les protections sont de plus en plus largement portées.
    • Un impact des confinements et du télétravail sur la tolérance aux nuisances sonores.

    Une prise de conscience et donc davantage de dépistages de surdité

    Le confinement, mais également le port généralisé du masque ont conduit à la fois à la modification de la sensibilité au bruit mais également à un accroissement des dépistages de surdité. Privant les personnes de lecture labiale, le masque a mis en avant des troubles auditifs et conduit un nombre important de personnes à consulter : 21 % des actifs ont déjà réalisé un test auditif.

    Autre tendance intéressante, le sentiment d’impuissance face aux nuisances sonores, le fatalisme, l’idée que le bruit fait partie de l’environnement de travail, sont des notions en recul. Mais il reste encore des marges de progrès. « Le fatalisme est encore présent dans l’industrie et le BTP », constate Romain Bendavid.

    Le pourcentage de personnes considérant que la pollution sonore peut avoir un impact néfaste sur leur vie professionnelle (tensions et conflits...) reste minoritaire mais progresse fortement. Une fois encore ce ne sont pas les secteurs traditionnels comme le BTP qui sont les plus concernés, mais le commerce et les administrations.

    Suivre l’exemple du BTP

    « Souvent, on pointe le BTP mais ce secteur a mis en place un système de bienveillance fondé sur les managers de proximité, indique Sébastien Leroy, porte-parole des JNA. Ces derniers ont été formés à être vigilants sur les comportements sur le chantier et le port effectifs des protections lors des expositions sonores. » Selon Sébastien Leroy, ce modèle pourrait inspirer d'autres métiers et être dupliqué.

    De même, la loi du 2 août 2021 sur la santé au travail, qui entrera en vigueur en mars 2022, prévoit que les nouveaux services de prévention et de santé au travail intègrent le bruit dans leur service socle. C’était déjà le cas pour les SST du BTP, ce sera désormais une pratique généralisée.

    Le Pr Puel souligne enfin l’importance de tester de manière plus fine l’audition des salariés. « On peut avoir un audiogramme tonal parfaitement normal et avoir des problèmes de compréhension dans le bruit» En cas de mauvaise compréhension, souligne le spécialiste, le risque d’accident du travail est accru.

    *L’enquête a été conduite du 16 au 20 septembre 2021, sur 1 663 personnes, principalement des actifs occupés, salariés ou indépendants.

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