Entretenir les ponts en béton en sécurité
Les ponts en béton utilisaient déjà les procédés du béton armé avant la guerre de 14-18 en raison de leurs faibles coûts. Après la seconde guerre mondiale, l’invention du béton précontraint a contribué au développement rapide des ponts sur les voies de communication récentes (routes, autoroute, rail.). Aujourd’hui, ces ouvrages nécessitent des travaux d'entretien et de réparation, ce qui génère des risques d’accidents, en particulier, les chutes de hauteur.
Date de mise à jour : 8 janv. 2023
Impact en prévention
chutes de hauteur
Les différents types de pont en béton
Les ponts à arc en béton
Après la guerre de 1914-1918, le béton armé a permis de fabriquer des éléments de ponts tels que les poutres. Mais l’usage de béton armé présentait alors l’inconvénient du coût des armatures à une époque où l’on ne disposait que de ronds lisses peu performants.
Quelques ingénieurs tels qu’Eugène Freyssinet ont construit des arcs en béton non armé qui présentaient l’avantage d’être peu coûteux. En effet, l’armature d’un arc entièrement comprimé n’est pas nécessaire, car c’est le béton qui supporte seul l’effort de compression. Citons le célèbre pont Albert Loupe et également le pont de Villeneuve-sur-Lot.
Photo 1 Pont Albert Loupe à Plougastel entièrement en béton armé : arcs, pilettes et le tablier (Eugene Freyssinet octobre 1930, portée 173 mètres)
Photo 2 Pont de Villeneuve sur-Lot. Un arc en béton armé supporte d’élégantes arches également en béton revêtues de briques (Eugene Freyssinet 1923, portée 100 mètres)
Les viaducs à travées indépendantes et à poutres précontraintes par post-tension (VIPP)
Dès l’apparition de la précontrainte, il a été possible de concevoir des tabliers de ponts grâce à la juxtaposition de poutres en I de grande inertie permettant de franchir de grandes portées (jusqu’à 60 mètres) au moindre coût.
Du fait de leur poids important, les poutres étaient préfabriquées et précontraintes sur le chantier au pied de l’ouvrage, puis hissées (parfois à de grandes hauteurs) et ripées à leur emplacement définitif.
Ce type d’ouvrages constituent souvent les travées d’accès de grands ponts suspendus (pont d’Aquitaine, pont de Saint-Nazaire etc.). Aujourd’hui ces poutres fabriquées sur chantier présentent parfois des faiblesses (insuffisance de la précontrainte résiduelle, corrosion des câbles, défauts d’injection, rupture de câbles, etc..) et il faut souvent les réparer ou les renforcer.
Photo 3 Vue des poutres VIPP sur le viaduc de Chasse-sur-Loire A7 (entreprise Freyssinet)
Les ponts à poutres préfabriquées précontraintes par adhérence (PRAD)
Les poutres précontraintes constitutives des ponts peuvent également être préfabriquées en usine. Il s’agit alors de précontrainte à fils adhérents. Ces ponts sont de conception plus récente, et ici c’est la recherche du moindre coût qui guide leur choix. Du fait du coût de transport et de manutention des poutres, on limite généralement la portée à moins de 30 mètres.
Ces ponts ont remplacé progressivement les ponts à dalle précontrainte des passages supérieurs dans les derniers programmes autoroutiers (par exemple l’autoroute A65 Bordeaux Pau). Ces ponts ont été également largement utilisés dans les programmes de LGV toujours pour les passages supérieurs de raccordement des routes coupées par la ligne LGV.
Photo 4 Construction d’un pont à poutres préfabriquées PRAD : Vinci-Autoroutes-échangeur-Agen-Ouest-pose-poutres (crédit-Perivision)
Les ponts dalles coulés sur cintre
Les ponts dalles ont été très utilisés dans les programmes autoroutiers des années 80. Le tablier est constitué par une dalle en béton coulée sur cintre posée sur un étaiement. Des gaines sont incorporées au béton et reçoivent des câbles de précontrainte mis en tension lorsque le béton a atteint une résistance suffisante.
Photo 4 bis Illustration pont coulé sur cintre (Magazine PréventionBTP n° 142)
Les ponts à voussoirs
Les sections de tabliers tubulaires dont les tronçons préfabriqués ou coulés en place s’appellent voussoirs sont préférées pour les grandes portées. En effet, ce type de section est très performant vis-à-vis de la flexion. D’autre part, la méthode de construction par encorbellements successifs autour de la pile permet de franchir des portées de plus de 100 mètres entre appuis.
Photo 5 Pont à voussoirs de la Dordogne en construction (entreprise Dodin Campenon LGV Tours Bordeaux)
Exemples de travaux de réparation ou de transformation sur les ponts en béton
Types de travaux sur les ponts en béton
- Réparation lourde modification du tablier et des appuis
- Doublement de la capacité d’une autoroute nécessitant des transformations et renforcements sur l'existant
- Réparation des ponts soumis à l’ambiance marine
- Renforcement d’un VIPP pour mise aux normes
Types de tâches
- Démolition reconstruction
- Sciage de béton
- Hydrodémolition
- Renforcement du tablier par textiles collés
- Rajout précontrainte extérieure sur poutres de VIPP ou pont à voussoirs
- Modification de la section de béton après dégagement des aciers de préférence par hydrodémolition, rajout d’un ferraillage et coulage de béton complémentaire
- Carottage des âmes de poutres ou de voussoirs pour fixation d’un massif d’ancrage ou de bossages déviateurs à l’aide de barres Diwidag
- Protection des massifs de fondation contre l’affouillement provoqué par les courants marins ou fluviaux
- Renforcement des massifs de fondation par élargissement de la semelle et solidarisation par précontrainte
- Vérinage et changement des appuis
- Chemisage de la base de piles en milieu maritime pour éviter la pénétration des chlorures
- Purge des bétons altérés, détourage des aciers, passivation anticorrosion, protection des aciers par un mortier de résine
- Application de peinture de protection des bétons
- Renforcement des poutres en I par des textiles carbone ou kevlar collés à l’aide de résine époxy
- Passivation des aciers de précontrainte et réinjection des gaines présentant des vides
La réparation lourde : remplacement du tablier et des appuis
On peut être conduit à démolir tout ou partie du pont, en supprimant par exemple un appui intermédiaire pour dégager de l’espace, même s’il faut pour cela changer le tablier car on allonge la portée. Il s’agit de travaux très importants qui sont souvent à réaliser sans interrompre la circulation.
Sur le chantier de Chatenay-Malabry, l’ancien pont en béton armé avec pile centrale a été entièrement démoli pour être remplacé par un pont sur deux appuis (culées) constitué de poutres en béton précontraint (PRAD) fabriquées en usine.
Les travaux ont été réalisés sous la contrainte du trafic ferroviaire et routier. Les travaux pouvant interférer avec la LGV Atlantique ont eu lieu la nuit pendant des heures d’interruption du trafic. Les travaux ont été réalisés par demi-tablier.
Démolition du tablier
Photo 6 Des carottages ont été réalisés pour passer les élingues en cravate, les éléments du tablier ont été sciés et évacués de nuit à l’aide d’une grue mobile. Ici, évacuation d’un morceau de caniveau technique (Pont de Chatenay Malabry, Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Démolition des piles
Après la découpe et le retrait des éléments de tablier adjacents, sur le pont de Chatenay-Malabry, un ensemble constitué d’un tronçon de tablier et des deux poteaux correspondants est élingué et maintenu le temps de sciage de la base des piles. Il est ensuite évacué par levage à l’aide de la grue mobile.
Photo 7 Les piles constituant les appuis de part et d’autre du tablier doivent également être démolies lors d’une intervention de nuit. (Pont de Chatenay-Malabry, bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Gestion des interfaces avec le trafic ferroviaire
Photo 8 Des protections pour les catenaires (risque électrique) et les voies (protection contre les chocs pouvant abimer la voie) sont mises en place le temps des travaux de nuit nécessitant une interruption du trafic de la LGV Atlantique. (Pont de Chatenay-Malabry, bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Gestion des interfaces avec le trafic routier
La vue du chantier sur le pont de Chatenay-Malabry aurait pu distraire les automobilistes et provoquer des accidents. Il a donc été décidé de réaliser une clôture par un séparateur GBA surmonté d’une palissade opaque.
Photo 9 Afin de maintenir le trafic sur l’avenue de la division Leclerc, les travaux sont effectués par demi-tablier en supprimant un sens de circulation (Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Création de nouvelles fondations
Des fondations constituées de micropieux métalliques ont été réalisées afin de fonder la nouvelle culée du pont de Chatenay-Malabry. Une instrumentation de la voie a permis de surveiller les effets du forage des micropieux sur la voie SNCF
Photo 10 Une fois le demi-tablier démoli, on a accès aux anciennes culées qui sont également démolies. (Pont de Chatenay-Malabry, Franc Badaire pour IDF mobilités Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Reconstruction des culées
Des appareils d’appui néoprène sont installés pour assurer la transmission des efforts à la culée. On remarque la protection contre les chutes par garde-corps enfichés en bordure du chevêtre de la culée pour éviter les chutes du personnel pendant les travaux, sur le pont de Chatenay-Malabry.
Photo 11 Une fois les culées reconstruites, on peut préparer les bossages qui recevront les nouvelles poutres (Pont de Chatenay-Malabry, Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Préparation des levages avec des grues de forte capacité
Le bureau d’études géotechnique a préconisé des essais au pénétromètre afin de vérifier que la portance du sol était suffisante au droit des appuis des grues mobiles.
Photo 12 La pose de poutres précontraintes de 30 mètres nécessite l’installation de grues mobiles de forte capacité (300 à 400 tonnes) afin d’évacuer les morceaux de tablier et de poser les poutres précontraintes (Pont de Chatenay-Malabry, Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Pose des poutres PRAD de nuit
Les talons de ces poutres sont suffisamment larges pour être posés jointifs ce qui évite tout coffrage en sous-face du tablier. La pose s’effectue de nuit afin de minimiser l’impact de ces travaux sur les différents trafics.
Photo 13 Des poutres précontraintes en forme de té inversé de 30 mètres de portée sont préfabriquées par la société Matière (Pont de Chatenay-Malabry, Franc Badaire pour IDF mobilités Bureau d’étude SCE, entreprise Gagnereau)
Le doublement de capacité d'une autoroute : travaux de transformation ou de renforcement induits
Le trafic d’une autoroute peut augmenter de telle sorte qu’il faut augmenter le nombre de voies. La solution est de construire un autre pont neuf parallèle. Sur l’ancien pont, il faut faire des travaux : tout d’abord supprimer le terre-plein central qui séparait les deux sens de circulation. Cela permet d’ajouter une voie supplémentaire.
Ensuite si le pont est dans un virage, il y a du devers qu’il faut modifier pour tenir compte d’un seul sens de circulation. Pour réaliser ce nouveau devers, il faut recharger le pont par une chape. Tous ces travaux nécessitent un renforcement du tablier et des fondations pour tenir compte des charges supplémentaires.
Sur le chantier de l’autoroute A63 près de Bayonne, le doublement du pont sur l’Adour par un pont neuf a été accompagné de travaux sur le pont à voussoirs précontraint d’origine. En particulier, la suppression du terre-plein central et le rajout d'une chape, pour obtenir un seul devers demandé par un seul sens de circulation. Le rajout de charges a conduit à un renfort des voussoirs par rajout de précontrainte additionnelle, accompagné d’un changement des appareils d’appui et d’un renfort des semelles de fondation.
Accès, carottage des âmes de voussoirs, vérinage du pont, changement des appareils d’appui
Le poste de travail aménagé sur le pont de l'Adour, permet de vériner le pont afin de remplacer les appareils d’appui néoprènes et de lui donner un devers. Il permet également de réaliser les carottages des âmes et la mise en place de barres Diwidag pour l’ancrage des bossages déviateurs de la précontrainte additionnelle.
Photo 13 L’entreprise a construit un échafaudage garantissant l’accès à une large plateforme de travail équipée d’un monorail (Pont sur l’Adour A63 Entreprise Vinci)
Bossages d’ancrage et de déviation pour les câbles extérieurs de précontrainte additionnelle
Photo 14 La pose de précontrainte additionnelle à l’intérieur des voussoirs du pont nécessite la réalisation de bossages d’ancrage ou de déviation des câbles extérieurs au béton qui sont rajoutés.
Photo 15 On procède au préalable à des carottages traversant l’âme du voussoir. Cela permet de placer des barres Diwidag (ici 28 barres) qui sont mises en tension après le décoffrage du bossage. (Pont sur l’Adour A63 Entreprise Vinci)
Elargissement des semelles d’appui
Photo 16 La pose de précontrainte : les fondations sont élargies par rajout de semelles additionnelles de part et d’autre de l’existant. L’ensemble est ensuite rendu solidaire par des câbles de précontrainte (Pont sur l’Adour A63 Entreprise Vinci)
Hydrodémolition de la partie supérieure du tablier, rajout d’une chape pour la mise en devers de l’ouvrage
Photo 17 Le devers obtenu par intervention sur les appuis est complété par le coulage d’une chape de béton allégé (Pont sur l’Adour A63, Entreprise Vinci)
A noter que les réservations et le décapage du hourdis sont réalisés par hydrodémolition. (voir la fiche OPPBTP Hydrodémolition : il y a deux méthodes au robot ou à la lance tenue par un opérateur)
Photo 18 La chape est rendue solidaire du tablier par 3000 points de ferraillage de couture (Pont sur l’Adour A63, Entreprise Vinci)
Accès et circulation à l’intérieur de l’ouvrage (Voussoirs)
Pour les travées en rivière, l’accès sur le pont de l'Adour est organisé par le dessus par échafaudage avec création d’une trémie provisoire. Un éclairage définitif a été installé.
Photo 19 Les accès sur berge sont réalisés par échafaudage depuis le dessous par une trémie existante. (Pont sur l’Adour A63 Entreprise Vinci)
Renforcement des travées d'accès à un grand pont en VIPP par rajout de précontrainte additionnelle
Une barge hissée à l'aide de vérins sous le tablier
Les ponts importants de grande portée (à haubans ou suspendus) sont souvent flanqués de travées d’approche en VIPP. Ces poutres en I de grande portée (jusqu’à 60 mètres) sont parfois sujettes à des pathologies graves : ruptures de torons ou de fils de précontrainte, câbles corrodés, défauts sur le coulis d’enrobage, etc.
La solution consiste à traiter les pathologies de corrosion et à rajouter une précontrainte extérieure additionnelle de part et d’autre des poutres pour les renforcer une à une. La difficulté de ces chantiers réside dans le fait que les poutres à renforcer se trouvent à grande hauteur et souvent au-dessus de l’eau.
Lors du renforcement du viaduc d’accès au pont de Saint-Nazaire, le renforcement des talons de poutre et la mise en place d’une précontrainte additionnelle ont été faites depuis un platelage constitué par une barge hissée à l’aide de vérins sous le tablier. Le travail s’est effectué par travées entières.
Lorsque l'une des travées est terminée, la barge est remise à flot et à nouveau hissée sous la travée suivante à renforcer. Outre sa fonction de platelage sécurisé, la barge sert pour le stockage des matériels et matériaux nécessaires et également pour le cantonnement et les installation d’hygiène du personnel.
Vue aérienne du pont de saint Nazaire
Photo 20 : Le pont de Saint Nazaire à l’embouchure de la Loire est constitué d’une travée principale haubanée et de multiples travées d’accès constituées de VIPP qui se situent pour la plupart à grande hauteur et au-dessus de l’eau.
Poutre témoin
Photo 21 : Une poutre témoin a été réalisée sur la berge : on remarque le massif d’ancrage à l’about, le renforcement du talon de poutre par rajout de béton et les câbles de précontrainte extérieurs au béton (entreprise Bouygues)
Barge servant de plan de travail, de container de stockage et de cantonnement pour le personnel
Photo 22 Une travée en cours de travaux : l’ensemble du matériel et des matériaux nécessaires sont « embarqués » : échafaudages, coffrages, aciers passifs et aciers de précontrainte etc. La barge sert de plan de travail. Le cantonnement se trouve en dessus du pont de la barge. (entreprise Bouygues)
Vérins de hissage de la barge
Photo 23 Les vérins utilisés pour hisser la barge en sous face des poutres.
Renforcement des talons de poutre
Photo 24 Le talon de la poutre de gauche a été « piqué » pour augmenter l’adhérence du béton. Les armatures du talon de la poutre de droite sont en place dans le talon d’origine. On remarque le ferraillage des massifs d’ancrage sur appuis aux extrémités
Coffrage des talons de poutre
Photo 25 : On remarque le coffrage des talons de poutres à l’aide de panneaux manuportables Un coffrage allégé en matériau composite est à l’essai dans l’entreprise.
Ferraillage des renforts de talons et des bossages déviateurs
Photo 26 Détail du ferraillage des talons de poutre et des bossages servant à dévier le câble. Les cadres du talon sont scellés à l’aide de résine époxy.
Photo 27 Une travée terminée vue extérieure : on voit les câbles ainsi que les massifs d’ancrage. On voit également le rajout de béton le long du talon.
Vues d’une travée terminée
Photo 28 Une travée terminée vue intérieure. Les câbles ont un tracé symétrique à ceux de l’extérieur. Les travaux sont identiques d’une travée à l’autre
Réparation d'un grand pont soumis à l'ambiance marine
L’effet des chlorures comme accélérateur de la corrosion des aciers est bien connu que cela soit sous l’effet de l’eau de mer et des embruns ou bien des sels de déverglaçage des chaussées. De plus, les courants marins sont très puissants pour saper les fondations.
Le Pont de Noirmoutier, construit dans les années 1970, constitue un moyen d’accès très rapide à l’île de Noirmoutier jusque-là desservie par le passage du Gois à marée basse ou par voie maritime.
Ce pont est essentiel au développement de l’île. C’est pourquoi le conseil général de la Vendée a consenti des travaux importants pour assurer sa pérennité et réparer les dégâts occasionnés par l’eau de mer chargée en chlorures et les courants marins. Les parements en béton ont été réparés, que cela soit sur les piles ou à la sous face du tablier. Les fondations des piles ont été protégées des courants marins.
Travaux de réparation des bétons en sous face de tablier
Photo 29 Pour la purge des bétons dégradés et la reconstitution de l’enrobage au mortier spécial à la sous face du tablier, une nacelle négative d’un modèle roulant sur le tablier a été choisie.
Photo 30 En effet, le béton purgé est susceptible de charger le plancher de la nacelle. Il fallait donc un appareil doté d’une grande capacité de charge afin de garantir la stabilité.
Travaux de protection des bétons en sous-face de tablier par peinture spéciale
Photo 31 Une nacelle négative sur camion porteur facile à replier mais disposant d’une capacité de charge limitée a été choisie.
Photo 32 La nacelle permet d'effectuer en plus de la réparation, les travaux de revêtement des bétons par peinture spéciale à la sous-face du tablier. Cela retarde considérablement l’apparition d’épaufrures dues à la corrosion.
Travaux de réparation des bétons sur les piles
Le détourage des aciers est une opération prescrite dans les guides techniques du STRRES véritables règles professionnelles qui font ici autorité. C'est une opération effectuée par burinage ou décapage haute pression (les techniques de travaux sur corde peuvent être remplacées par un travail à la nacelle pour un meilleur confort des opérateurs)
Photo 33 Sur les parements en béton qui présentent de la corrosion des aciers et des épaufrures, le béton dégradé doit être purgé jusqu’à même à l’arrière des aciers (détourage des aciers)
Protection de la base des piles
Photo 34 L’entreprise a posé à l’aide d’un échafaudage des parements en résine époxy armés de fibre de verre particulièrement légers. Ils seront complétés par un mortier de résine coulé entre la pile et le composite. On crée ainsi une surépaisseur protectrice à la base des piles, véritable barrière contre les chlorures.
Renforcement et protection des fondations
Photo 35 Réalisation d’un batardeau de palplanches constituant un coffrage pour le massif de protection de la fondation.
Photo 36 Bétonnage du massif de protection de la fondation. Les travaux en milieu maritime depuis une barge flottante sont rendus difficiles par la modification du niveau de la barge provoquée par la marée.
Le marnage est très important au voisinage du pont. L’entreprise a fait l’acquisition d’une barge dotée de pieds qui prennent appui sur le fond. Une fois la barge bridée sur ses pieds au niveau des hautes eaux, les engins (grue mobile, pompe à béton) n’ont plus besoin d’ajuster leur flèche pour le travail en fonction des marées. La stabilité d’une telle barge est la garantie d’une plus grande sécurité.
Renforcement d'un VIPP par textiles collés, vérinage et changement des appuis, injection de gaines de précontrainte
Les ponts VIPP construits dans les années 1970 doivent être renforcés pour répondre aux nouveaux règlements, les appareils d’appuis doivent être changés. D’autre part, certaines gaines présentant des défauts d’injection lors de leur réalisation doivent être traitées pour éviter la corrosion des torons mal protégés.
Sur le VIPP de Chasse-sur-Rhône sur l'A7, l'entreprise Freyssinet a précédé au renforcement des poutres en I (à la flexion et à l'effort tranchant) par textiles collés. Elle a également procédé au vérinage du tablier et au changement des appareils d'appuis. Enfin, les gaines présentant des défauts d'injection ont été repérées et traitées (passivation des aciers et complément d'injection)
Travail en hauteur lors du renforcement par textiles collés, du vérinage et du traitement des gaines
Photo 37 Le vérinage et le changement des appareils d’appui sont réalisés à l’aide d’un échafaudage de pied monté au niveau des chevêtres de piles (VIPP de Chasse-sur-Rhône entreprise Freyssinet)
Photo 38 En travée, le renforcement par textiles collés ainsi que le traitement des gaines défectueuses sont réalisés à l’aide d’une nacelle à ciseaux. (VIPP de Chasse-sur-Rhône entreprise Freyssinet)
Nota Bene : le décapage du béton, la préparation de la résine époxy, le collage des textiles ont été traités dans l'article «renforcement des bétons par textiles collés».
Vérinage, démolition et reconstruction des bossage d’appuis, changement des appareils d’appui
Photo 39 Le vérinage de chaque poutre est réalisé à l’aide de deux vérins montés de part et d’autre d’un berceau métallique. (VIPP de Chasse-sur-Rhône entreprise Freyssinet)
Photo 40 Les bossages d’appuis sont démolis et reconstruits à neuf pour recevoir les nouveaux appareils d’appui néoprène.(VIPP de Chasse sur Rhône entreprise Freyssinet)
Traitement de gaines présentant des défauts d’injection
Photo 41 Les portions de gaines présentant des défauts de remplissage par le coulis sont repérées par un procédé breveté. Leur emplacement est tracé sur les âmes des poutres. On réalise des forages pour placer des injecteurs. Le remplissage se déroule en deux phases : injection d’un produit passivant pour arrêter la corrosion des aciers puis d’un coulis complémentaire de protection.
Analyse des risques et prévention lors de travaux d’entretien et amélioration des ponts en béton
Une étude plus détaillée sera faite pour chaque chantier, illustrée par les situations et les moyens réellement mis en œuvre.
Tableau 1
Si le pont est maintenu en circulation, le risque d’être heurté par un véhicule routier concerne tous les postes de travail. Prévention : coupure de la circulation ou circulation alternée par demi-tablier, signalisation routière avec limitation de vitesse, port du gilet rétroréfléchissant, séparation des circulations piétons et véhicules etc.
Travaux les plus courants | Risques prépondérants * | Prévention des risques prépondérants | Autres risques |
Démolition reconstruction | |||
| Risque de blessures avec les scies ou les fils de découpe | Capots de protection et/ ou éloignement du personnel et commande à distance | Protections auditives contre le bruit, Protections respiratoires contre les poussières de silice |
| Blessure par le jet projections de béton | Périmètre de protection Barrières de protection Préférence de l'hydrodémolition au robot avec éloignement des personnes Protections individuelles des personnes qui manient la lance (bottes, ciré, casque, visière, gants, protection anti-bruit) | Bruit Risque électrique |
| Manutention mécanique, rupture d’appareil ou d’apparaux, Renversement d’appareil de levage Risque de contact avec des réseaux électriques aériens, électrocution | Examen d’adéquation des appareils et apparaux de levage et vérifications règlementaires Consignation des réseaux électriques ou respect des distances de sécurité | |
| Réalisation de coffrages bois utilisation de scies, sectionnement, Travail en hauteur utilisation d’échafaudage, de coffrages Risque de chute | Capots de protection couteau diviseurs etc. Echafaudages et Coffrages conformes (moyens d’accès, stabilisation, garde-corps) | Protections auditives contre le bruit Huiles de démoulage non nocives |
| Manutention mécanique rupture d’appareil ou d’apparaux, renversement d’appareil de levage Risque de contact avec des réseaux électriques aériens électrocution | Examen d’adéquation des appareils et apparaux de levage et vérifications règlementaires Vérification de la résistance du sol pour l'appui de l'appareil de levage. Consignation des réseaux électriques ou respect des distances de sécurité | |
Renforcement par précontrainte additionnelle | |||
| Risque de chute de hauteur depuis le poste de travail ou lors de l’accès | Echaudages, PEMP plateformes ou plans de travail conformes | |
| Travaux fluviaux sur barge risque de noyade | Gilets de flottaison en cas de chute à l’eau, moyens d'alerte, moyens de secours barque bouée | |
| Risque de blessures avec les carotteuses | Capots de protection des pièces tournantes A défaut éloignement du personnel et pilotage à distance | Protections auditives contre le bruit Protections respiratoire contre les poussières de silice |
| Coffrage bois Risque de sectionnement par scie Travail en hauteur, risque de chute | Equipement des scies par couteau diviseur et protecteur de lame. Etablis pour la découpe avec scie portative. Plans d’échafaudages, conformité et vérifications d’échafaudages. | Bruit, vibrations, poussières de bois |
* (potentiellement mortels ou générateurs de handicap immédiat)
Tableau 2
Si le pont est maintenu en circulation, le risque d’être heurté par un véhicule routier concerne tous les postes de travail. Prévention : coupure de la circulation ou circulation alternée par demi-tablier, signalisation routière avec limitation de vitesse, port du gilet rétroréfléchissant, séparation des circulations piétons et véhicules etc.
Travaux les plus courants | Risques prépondérants * | Prévention des risques prépondérants | Autres risques |
Renforcement par précontrainte additionnelle | |||
| Travail en hauteur, risque de chute Forage de trous pour les aciers Scellement résine époxy | Plans d’échafaudages, conformité d'échafaudage vérifications d’échafaudages. Risque électrique protection différentielle haute sensibilité Protection de la peau contre la résine par des gants combinaison et visière | Bruit, vibrations, risque électrique poussières de silice. |
| Tirage par treuil risque de fouettement, risque d'écrasement | Vérification des treuils, commande à distance limiteur de charge sur le treuil arrêt d'urgence | |
| Manutention des vérins Risque de rupture de torons | Opérations sous le contrôle d’un chargé des opérations de précontrainte Manutention mécanique des vérins vérifications des apparaux et appareils de levage Vérification de la course et de la pression des vérins | |
Réparation des bétons altérés par la corrosion | |||
| Travail en hauteur, risque de chute et /ou de noyade | Plans d’échafaudages, conformité d'échafaudage, vérifications d’échafaudages. Travail sur corde formation et matériel conforme Travail à la nacelle formation et matériel conforme Gilets de flottaison en cas de chute à l’eau, moyens d'alerte, moyens de secours barque bouée | Burinage mécanique outils à main |
| Dito ci-dessus | Dito ci-dessus | Mortier agressif pour la peau, port de gants |
Vérinage du tablier | |||
| Manutentions mécaniques et manuelles Risque de chute | Plans d’échafaudages, vérifications d’échafaudages. Travail à la nacelle formation et matériel conforme Manutention mécanique des berceaux Vérifications des apparaux et appareils de levage | |
| Coffrage bois Risque de sectionnement par scie Travail en hauteur risque de chute | Equipement des scies par couteau diviseur et protecteur de lame. Etablis pour la découpe avec scie portative. Plans d’échafaudages, conformité d'échafaudage, Vérifications d’échafaudages | |
| Manutentions mécaniques et manuelles Risque de chute | Dito mise en place berceaux et vérinage ci dessus |
* (potentiellement mortels ou générateurs de handicap immédiat)
Documents de référence
Les guides du STRRES
Les guides du stress sont un référence dans la profession. Ils donnent les différentes règles techniques à respecter pour obtenir des réparations conformes, de qualité et par conséquent durables,
- GUIDE 0 Introduction commune à tous les guides
- Guide FABEM 1 V2 Reprise des bétons dégradés
- Guide FABEM 2 Traitement des fissures par : calfeutrement - pontage et protection localisée création d’un joint de dilatation
- Guide FABEM 3 Traitements des fissures par injection
- Guide FABEM 7 Réparation et renforcement des structures par armatures passives additionnelles
- Guide FABEM 8 Réparation et renforcement des structures par précontrainte additionnelles
Les documents du CEREMA
Textes du code du Travail pour le travail en hauteur et le levage
Pour accéder au contenu de l'article, voir le site Légifrance, code du Travail puis tapez le numéro d’article souhaité :
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGITEXT000006072050/
Travail en hauteur
Mesures générales de sécurité pour prévenir les chutes de personnes
Articles R4534-3 à R4534-6 du code du Travail
Travaux réalisés à partir d'un plan de travail
Articles R4323-58 à R4323-61 du code du Travail
Équipements pour le travail en hauteur
Articles R4323-62 à R4323-64 du code du Travail
Travail, accès et circulation en hauteur
Articles R4323-65 à R4323-68 du code du Travail
Echafaudages et plateformes
Articles R4323-69 à 80 du code du Travail
Vérifications
Articles R4323-23 à R4323-25 du code du Travail
Levage
Appareils de levage
Articles R4323-29 à 49, articles R4324-24 à R4324-29 et article R4534-109 du code du Travail