Traitement curatif et préventif des charpentes bois en place : réaliser toutes les étapes en sécurité
Les travaux de traitement pour la préservation des bois de charpente en place comprennent différentes phases de travail telles que le bûchage du bois, l’enlèvement des déchets et poussières de bois, le traitement des bois. Pour la réalisation de ces travaux exposant aux risques de chute de hauteur, aux heurts, aux risques chimiques liés à la manipulation de produits dangereux et aux poussières de bois, la formation et l’information des opérateurs est primordiale.
Date de mise à jour : 17 sept. 2020
Les produits de traitement du bois
Dans le bâti, les pathologies du bois peuvent être liées aux insectes, aux larves xylophages, aux termites, aux champignons lignivores dont la mérule. Le traitement préventif ou curatif des bois en œuvre et des constructions est donc une activité courante du BTP.
Les produits de traitement sont constitués de matières actives fongicides ou insecticides et d’un solvant ou cosolvant, qui permet à ces matières de pénétrer le bois.
Les matières actives (pyréthrinoïde de synthèse – perméthrine et cyperméthrine, ammoniums quaternaires, propiconazole, tébuconazole…), les solvants organiques et cosolvants exposent à des risques d’irritations et maladies de la peau, d’irritations des voies respiratoires, de brûlures, de nausées, de céphalées, d’incendie et d’explosion, etc.
Consulter systématiquement la documentation du fabricant.
- Fiche technique : respectez les conditions de préparation et d’application spécifiées par le fabricant.
- Fiche de données de sécurité (FDS). Cette dernière renseigne notamment sur les dangers de certains constituants, les modalités de manipulation et stockage et les équipements de protection individuelle.
Utilisez des produits ayant fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) ou certifiés CTB-P+ ou équivalent.
Privilégiez les produits en phase aqueuse, l’eau se substituant aux dérivés du pétrole inflammables.
Les phases de travail d’un traitement curatif
Bûchage et évacuation des déchets
La phase de bûchage consiste à enlever les parties attaquées soit par des insectes, soit par des champignons.
Elle est suivie de l’évacuation des déchets et poussières de bois qui proviennent du bûchage. Le dépoussiérage permet une meilleure pénétration du produit lors de la pulvérisation. Il peut être exécuté par brossage, soufflage ou aspiration (solution à privilégier).
Traitement des pièces de bois attaqués et pulvérisation
Le traitement des pièces de bois attaquées se fait par injection de produits en solution après perçage et mise en place de buses d’injection. Il est suivi d’une phase de pulvérisation du produit sur l’ensemble des pièces de bois, afin d’éviter toute infestation ultérieure.
Les mesures de protection collective
Mesures générales
- Prévenir les autres travailleurs du chantier des risques liés aux travaux, en particulier du risque d’incendie, s’il s’agit par exemple d’opérations de réhabilitation ou de rénovation, ou prévenir les habitants s’il s’agit d’un bâtiment occupé.
- Baliser le chantier si nécessaire et signaler le risque par un affichage.
- Disposer, à proximité immédiate des zones de traitement, d’extincteurs à poudre ABC.
- Ne jamais laisser le chantier occupé par une seule personne, en particulier durant la phase de pulvérisation.
Mesures pour l’ensemble des phases de travail
- Mettre en place une ventilation naturelle (ouverture des ouvrants, dépose de tuile), voire forcée, du local, afin de limiter l’accumulation de poussières de bois, de vapeurs/gaz issus des produits (limitation des risques d’incendie/explosion liés aux poussières de bois, liés aux vapeurs/gaz issus des produits).
- Assurer un éclairage artificiel efficace des lieux de travail pour une bonne visibilité (diminution des risques de chutes). Pour prévenir les risques d’incendie/explosion, utiliser des appareils protégés, reliés à l’installation ou à un groupe électrogène, en dehors de la zone de traitement.
- Sans possibilité de mettre en œuvre une ventilation et en cas de forte accumulation de poussières de bois dans le local (risque d’incendie/explosion), mettre en œuvre des équipements équivalents à ceux d’une intervention en zone Atex.
- Lors du dépoussiérage et de la pulvérisation de produits contenant des solvants inflammables dans des espaces confinés, neutraliser toutes les installations électriques existantes du local à traiter. Ceci peut nécessiter une coupure générale, notamment si des boîtes de dérivation reposent au sol des combles (risques de heurts lors des déplacements). Une installation électrique adaptée sera mise en place à l’extérieur de la zone de traitement.
- Pour prévenir les risques de chutes de hauteur (travaux réalisés sur rampants de couverture, sur planchers du dernier étage, sur des parties non soumises à la circulation normale, sur des éléments de charpente pouvant être en mauvais état; travaux réalisés avec solivage mis à nu, plafond placé en dessous des solives ne présentant pas une résistance suffisante pour retenir une personne, surfaces rendues glissantes par les produits pulvérisés, visibilité moindre lors des phases de pulvérisation, etc.), réaliser des planchers provisoires de circulation ou mettre en place un filet sur toute la surface du solivage, ancré sur sa périphérie.
- Utiliser des échelles uniquement comme moyen d’accès ; elles doivent reposer sur des appuis stables et être bloquées en pied ou en tête.
Mesures pour les phases de bûchage, évacuation des déchets et dépoussiérage
- Limiter la quantité de poussières de bois en suspension dans l’air.
- Privilégier la solution par aspiration, pour le dépoussiérage et le nettoyage, plutôt que le brossage et soufflage, en utilisant un aspirateur de classe M a minima.
Mesures pour les phases de traitement et pulvérisation
- Le responsable des travaux prend connaissance des fiches de données de sécurité du ou des produit(s), informe le personnel des dangers et moyens de prévention et vérifie que les équipements de protection individuelle (EPI) sont correctement utilisés,
- En cas de transvasement, ré-étiqueter le nouveau récipient, avec la référence, le nom du produit, le nom du fabricant et les étiquettes réglementaires,
- Privilégier des produits sous forme de cartouche qui limitent les quantités au poste de travail et des injecteurs en polypropylène qui empêchent le refoulement des produits et génèrent donc moins d’émanations dans l’atmosphère,
- Toujours effectuer la pulvérisation en commençant par la partie la plus éloignée de l’issue de sortie.
Dans tous les cas :
- s’abstenir de boire et manger dans la zone traitée ;
- maintenir la ventilation 48 heures après le traitement (vapeurs de solvants pouvant se créer après la phase de pulvérisation) ;
- ne pas utiliser de produits inflammables si la température du local est inférieure à moins de 10° de celle du point éclair du produit considéré (voir la FDS).
Les équipements de protection individuelle
Pour toutes les phases de travail en hauteur et en l’absence de moyen de protection collective contre les chutes de hauteur, s’équiper d’un casque de protection et d’un équipement de protection individuelle contre les chutes : harnais antichute complet, longe avec absorbeur d’énergie et points d’ancrage fiables. Les points d’ancrage sont définis par l’encadrement.
Bûchage et évacuation des déchets
Pour se protéger des poussières de bois (risques liés à l’inhalation et aux contacts avec la peau, dermites par exemple), porter :
- des vêtements couvrants ajustés au cou et aux poignets, une coiffe, des gants et des lunettes de protection ;
- un appareil de protection respiratoire, pièce faciale filtrante ou demi-masque, avec filtre P3. Cet appareil sera à ventilation assistée si l’aération des locaux est insuffisante.
Traitement des pièces de bois attaqués par injection
Pour se protéger des risques liés aux produits (en cas d’inhalation ou contact avec la peau), porter :
- des lunettes de protection, ou écran facial ;
- des gants adaptés (souvent en nitrile, voir FDS) ;
- une combinaison de protection chimique de type 6 a minima (en cas de risque de fortes projections) ;
- un appareil de protection respiratoire, de type masques filtrants antigaz à cartouche adaptée au produit (A ou ABEK, voir FDS).
Pulvérisation
Pour se protéger des risques liés aux produits (en cas d’inhalation ou contact avec la peau), porter :
- des gants à manchettes (souvent en nitrile, voir FDS) ;
- une combinaison avec cagoule intégrée à usage unique (jetable, de protection chimique contre la pénétration de liquides pulvérisés), type 4 ;
- des bottes de protection ;
- un appareil de protection respiratoire, de type masques complets filtrants antigaz à cartouche adaptée au produit (A ou ABEK, voir FDS), à ventilation assistée ou masque à adduction d'air.
En période chaude, le masque à adduction d’air sera à privilégier et particulièrement plus confortable pour l’utilisateur.
Pour l’appareil de protection respiratoire et dans le cas de filtres combinés utilisés pour toutes les phases de préparation, bûchage, dépoussiérage, nettoyage et pulvérisation, adapter le type de cartouches (A P3 ou ABEK P3, voir FDS).
Consignes après un traitement
- Retirer les vêtements et les équipements de travail,
- Se laver soigneusement à l’eau et au savon, les mains, avant-bras, visage, cou et toutes parties du corps ayant pu être en contact accidentellement avec le produit.
Pour en savoir plus, téléchargez la fiche prévention Traitement curatif et préventif des charpentes bois en place.
Pour en savoir plus, téléchargez la fiche prévention Traitement curatif et préventif des charpentes bois en place.
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Réglementation applicable aux poussières de bois
Pour mémoire, les travaux exposant aux poussières de bois inhalables sont considérés comme des procédés cancérogènes (article 1er de l’arrêté du 5 janvier 1993 fixant la liste des substances, préparations et procédés cancérogènes au sens du deuxième alinéa de l'article R231-56 du Code du travail). Dès lors, des mesures de prévention particulières sont applicables aux travailleurs exposés aux poussières de bois (articles R4412-59 à R4412-93 du Code du travail).
A noter, les poussières de bois ont une valeur limite d'exposition professionnelle (VLEP) réglementaire contraignante sur 8 heures de 1mg/m3 (article R4412-149 du Code du travail).