Bruit au travail : le BTP, troisième secteur où la gêne est la plus forte
À l’occasion de la Semaine de la Santé Auditive au Travail, du 17 au 22 octobre 2022, l’association JNA (Journée nationale de l’audition) a publié son sixième baromètre. Surprise : le BTP est devancé par deux autres secteurs sur le podium des métiers impactés par le bruit.
Date de mise à jour : 21 oct. 2022
Auteur : Cendrine Barruyer
©OPPBTP
Le sixième baromètre « Bruit, santé auditive au travail », publié par l'association JNA le 17 octobre 2022, confirme les tendances de fond apparues les cinq années précédentes, comme l’impact du bruit sur l’ambiance de travail et les relations interpersonnelles (stress, incompréhensions, agressivité…)*.
Il met également en exergue une modification de la perception de l’environnement sonore après deux confinements successifs et le développement du télétravail. Sous-titré « La fin des clichés », ce baromètre révèle que l’industrie et l’agriculture ainsi que le bâtiment et la construction ne sont plus les secteurs en tête en matière de nuisances sonores. « Avec 61% de travailleurs gênés par le bruit, le commerce est désormais plus affecté que ces deux secteurs (respectivement 58 et 57%) », rappelle Romain Bendavid, directeur du pôle corporate et climat social à l’Ifop.
Bruit au travail : une minorité a effectué des démarches pour s'en protéger
L’enquête montre que si plus d’un travailleur sur deux se plaint du bruit au travail (51 %), et si 76 % d’entre eux estiment que le bruit a un impact sur leur santé, seule une minorité a effectué des démarches pour s’en protéger (test auditif, EPI, demande de changement d’affectation…).
À noter toutefois l’effet des différentes campagnes menées dans les secteurs traditionnellement à risque : l'industrie, l'agriculture et le BTP sont plus enclins à prendre des mesures pour protéger l’audition. Tout juste plus de la moitié des travailleurs du BTP (51 %) affirment savoir comment réagir en cas de troubles auditifs consécutifs à une forte exposition sonore, contre 39 % dans l’administration ou les services.
Les employeurs sont également plus concernés dans ces secteurs pour réduire le bruit et les nuisances, en particulier par la mise à disposition de protections individuelles contre le bruit (PICB). Encore faut-il que ces protections soient réellement portées, souligne Sébastien Leroy, porte-parole de la JNA.
« Il y a une prise de conscience mais cela ne se traduit pas forcément dans les actes. Les PCIB doivent être adaptés à la personne, à la tâche, et, dans certains cas, être communicants. » Le coût d’une surdité professionnelle s’élève à 113 000 euros, selon Sébastien Leroy (source Cnam). L’association JNA propose aux entreprises des programmes pour valoriser les gains humains et financiers de la protection de l’audition.
Le bruit devrait bénéficier de l'accent mis sur la prévention en général
La table ronde et les échanges qui ont suivi la présentation du baromètre ont également fait apparaître plusieurs tendances. Anthony Ratier, du Global Compact France, organisme chargé de décliner au niveau de la France les grands principes de l’ONU, a souligné l’importance cruciale de la notion de prévention.
« Les conventions 155 sur la santé des travailleurs et 187 sur la sécurité au travail, de l’Organisation internationale du travail (OIT) sont devenues fondamentales en juin 2022. Elles sont désormais au même niveau que la convention traitant du travail des enfants ou de la liberté syndicale. » Le PLFSS pour 2023 met également l’accent sur la prévention. Dans la lignée de cet intérêt, les orateurs soulignent un changement de mentalité entre les jeunes et les générations précédentes. « Beaucoup de jeunes actifs ne veulent plus travailler dans les mêmes conditions que leurs aînés », indique Romain Bendavid. « Les apprentis dans les CFA ont cette culture de la prévention, ajoute Chloé Besson, responsable du département Solidarité et Prévention chez IRP Auto, groupe de protection sociale des professionnels des services de l'automobile. Ils portent plus facilement leurs EPI ».
Autre constat : l’attente de « frugalité sonore » n’a jamais été aussi élevée. Les Assises nationales de l’environnement sonore, qui se sont tenues fin septembre, l’ont souligné. « Ce besoin d’espaces calmes est d’ailleurs inscrit dans l’action 14 du plan national environnement santé IV », conclut Laurent Droin directeur du CIdB (Centre d’information du bruit).
*L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 118 personnes, représentatif de la population française active occupée âgée de 18 ans et plus.
Selon les personnes interrogées le bruit entraînerait :
- De la fatigue et de l’irritabilité (66 %)
- Du stress (56 %)
- Des difficultés de compréhension (48 %)
- Des acouphènes 39 %
- Des troubles du sommeil (38 %)
- Des surdités (34 %)
- De l’hypertension (30 %)
En savoir plus : chiffres clés de l’enquête JNA