ITE des toitures : les étapes de la préparation du chantier
Dans le contexte actuel de construction de bâtiments neufs performants et d'amélioration des bâtiments existants sur les plans énergétique et environnemental, l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) des toitures est une solution en plein essor. Cette méthode est particulièrement choisie lors des travaux de rénovation de couverture. Les entreprises spécialisées dans la couverture doivent désormais s'adapter et intégrer cette technique dans leurs activités, en veillant tout spécialement à la prévention des risques. Voici un aperçu des étapes de préparation d'un chantier d'ITE pour toiture et des mesures à mettre en place.
Date de mise à jour : 24 mai 2024
Impact en prévention
Les objectifs poursuivis sont, via un apport méthodologique, de contribuer à la diminution des risques de chutes de hauteur, risque majeur pour les métiers intervenant en toiture et à l’amélioration des conditions de travail des couvreurs.
Organisation du chantier d’ITE de toiture
La préparation du chantier est indispensable pour prévoir l’organisation, les équipements de travail et les moyens de prévention en adéquation avec le chantier. Elle comporte les étapes suivantes :
- Étude et visite préalable pour identifier les particularités du site et du chantier (accès, voies de circulation, état des abords, repérage des réseaux électriques éventuels, typologie du bâtiment…), réaliser le diagnostic de la toiture existante, afin d’établir le devis :
- réaliser prioritairement le repérage depuis l’intérieur du bâtiment ;
- sinon, prévoir des moyens de protection collective ou un équipement de protection individuelle contre les chutes, afin de monter sur la toiture.
Au préalable, il est essentiel de s’assurer de la capacité de la charpente à recevoir une isolation thermique complémentaire à la couverture et d’identifier les matériaux, constituants de la couverture existante et de son support, ne possédant plus, après vieillissement (UV, intempéries), leurs performances initiales de résistance. L’évaluation, par l’entreprise, de la résistance des éléments supports de couverture existants est également indispensable pour déterminer les conditions d’intervention et les moyens de protection associés vis-à-vis des risques de chute de hauteur.
Utiliser un drone permet, sans monter sur la toiture, de réaliser des photographies qui peuvent ensuite être traitées avec un logiciel approprié pour obtenir des métrés précis.
- Démarches dépendant du type de chantier et du site : déclaration préalable, autorisation d’occupation temporaire, déclaration d’intention de commencement de travaux (DICT), en cas d’intervention à proximité de réseaux électriques aériens.
- Anticipation des ressources nécessaires et vérification que les intervenants du chantier ont les compétences requises pour réaliser les travaux dans de bonnes conditions, aussi bien sur les aspects techniques et qualitatifs de la réalisation que sur les aspects prévention des risques.
Avant le démarrage des travaux, il est nécessaire de s’assurer que le chantier est conforme à l’état anticipé lors de la préparation de chantier et que les conditions météorologiques permettent la réalisation.
Préparation du chantier
Isolation thermique par l'extérieur des toitures : choix des matériaux d’isolation
Les caractéristiques de la charpente conditionnent le choix de la technique d’isolation : sarking avec ou sans platelage, pose de caissons chevronnés, pose de panneaux sandwich.
Par exemple, la technique du sarking permet de mettre en œuvre des panneaux de dimensions plus limitées que les caissons chevronnés et les panneaux sandwich. Elle est à privilégier dans le cas d’une configuration de charpente particulière (forme non rectiligne, pans coupés, défaut d’alignement…) nécessitant de nombreux ajustements. En effet, les panneaux de plus grandes dimensions limitent les opérations de manutention mais nécessitent plus de découpes, notamment pour le traitement des points singuliers.
Le poids des panneaux et le nombre de couches posées dépendent de la densité de l’isolant, des dimensions des panneaux et de la résistance thermique de l’isolant, aussi :
Sarking
- choisir un isolant possédant une bonne résistance thermique permet de limiter l’épaisseur des panneaux et le nombre de couches posées ;
- plus la densité de l’isolant choisi sera faible, plus le poids des panneaux manutentionnés sera limité.
Caissons chevronnés - Panneaux sandwich
Dans le cas des caissons chevronnés et des panneaux sandwich :
- leur longueur est choisie par rapport à la configuration de la charpente, en limitant, si possible, le nombre de panneaux posés et leurs jonctions bout à bout ;
- il est possible d’indiquer au fabricant les dimensions souhaitées de caissons ou de panneaux (calepinage réalisé en phase préparatoire du chantier), afin de faire livrer sur chantier des produits aux dimensions requises et identifiés par rapport à leur localisation. Cette pratique réduit les opérations de découpe sur chantier, les manutentions de panneaux, les chutes de matériaux et, donc, les volumes de déchets.
Dans tous les cas, le respect des conditions d’emploi des panneaux et des préconisations du fabricant, mentionnés dans sa documentation technique (avis technique, document technique d’application, guide de mise en œuvre, fiche technique…), est indispensable pour garantir la qualité finale des travaux et de bonnes conditions de travail.
Le choix des panneaux (dimensions, masse…) dépend également des possibilités d’approvisionnement du chantier et d’acheminement en toiture et, donc, des équipements qu’il est possible d’utiliser sur le chantier : grue auxiliaire de chargement, grue araignée, monte-matériaux, chariot élévateur, grue sur remorque, grue GMA/GMR, autres (poulie, treuil…). Par exemple, la mise en œuvre de caissons chevronnés ou panneaux sandwich n'est envisageable qu’avec la possibilité d’utiliser, sur le chantier, un équipement de type grue, du fait des dimensions et du poids des produits.
ITE toitures : choix des matériels adaptés au chantier
Qu’il s’agisse d’une isolation par l’extérieur par la technique du sarking ou par caissons chevronnés ou panneaux sandwich, le choix des équipements de travail et des moyens de protection pour réaliser les travaux tient compte :
- des contraintes du site en termes d’accès, de circulations, de présence de réseaux électriques aériens à proximité ;
- de l’environnement immédiat du bâtiment, notamment des possibilités d’approvisionnement au pied du bâtiment et d’implantation d’un équipement au sol ;
- du type de travaux : neufs ou de rénovation ;
- de l’occupation du bâtiment, ou non, pendant les travaux ;
- de la hauteur du bâtiment et de la surface des travaux ;
- des possibilités d’ancrage (nature des murs…) sur les façades et pignons ;
- de la configuration du bâtiment et, notamment, des obstacles en façade (balcons, parties saillantes ou retraits, géométries particulières…).
Échafaudage périphérique
Un examen d’adéquation préalable permet de choisir l’équipement de travail le plus adapté au chantier.
Échafaudage sur pan
La toiture est sécurisée vis-à-vis des risques de chute de hauteur, en priorité par des moyens de protection collective :
- en périphérie du bâtiment : échafaudage, permettant également un accès sécurisé à la toiture, garde-corps temporaires ;
- à l’intérieur du bâtiment : échelles de toit, chemin de circulation, filets de sécurité.
Sinon, l’utilisation d’équipement de protection individuelle (EPI), système de retenue au poste de travail ou de système d’arrêt de chute, est à prévoir.
Les travailleurs positionnés, le cas échéant, à l’intérieur du bâtiment, interviennent sur des équipements de type échafaudage roulant, plate-forme individuelle roulante (PIR) ou plate-forme individuelle roulante légère (PIRL).
Les travaux ne démarrent qu’après l’installation des équipements de travail, la mise en place des moyens de protection collective, la définition des points d’ancrage par l’encadrement et l’installation des dispositifs d’ancrage pour l’utilisation des systèmes d’arrêt de chute ou de retenue (EPI).
Définition des modes opératoires d’intervention
Le choix du mode de dépose et du mode de pose doit être fait en amont du chantier, dans sa phase de conception et préparation, pour définir l’organisation du travail et les modes opératoires d’intervention qui dépendent de l’état de la couverture et de la charpente existantes.
Une information complète sur les techniques du sarking ou de pose de panneaux isolants supports de couverture sont réunies dans le guide « Isolation thermique par l’extérieur des toitures », édité par l’OPPBTP. Vous y retrouverez le détail des solutions pour anticiper et mener à bien les travaux d’ITE des toitures en sécurité et dans de bonnes conditions.
Réglementation relative aux échafaudages, aux plates-formes élévatrices mobiles de personnes (PEMP) et aux engins de levage de charges
Échafaudages
Le Code du travail prévoit notamment que les échafaudages ne peuvent être montés, démontés ou sensiblement modifiés que sous la direction d'une personne compétente et par des travailleurs qui ont reçu une formation adéquate et spécifique aux opérations envisagées (article R4323-69).
En outre, il est précisé que les matériaux constitutifs des éléments d'un échafaudage doivent être d'une solidité et d'une résistance appropriées à leur emploi (article R4323-72 du même Code).
À noter, qu'un échafaudage doit faire l'objet des vérifications suivantes :
- Vérification avant mise ou remise en service comprenant un examen d’adéquation.
- Vérification journalière comprenant un examen de l’état de conservation à la prise de poste.
- Examen de conservation quotidien.
- Examen approfondi de l'état de conservation. Cet examen implique des vérifications techniques concernant notamment la présence et la bonne installation des dispositifs de protection collective et des moyens d'accès et l'absence de déformation permanente ou de corrosion des éléments constitutifs de l'échafaudage pouvant compromettre sa solidité (arrêté du 21 décembre 2004 relatif aux vérifications des échafaudages et modifiant l'annexe de l'arrêté du 22 décembre 2000 relatif aux conditions et modalités d'agrément des organismes pour la vérification de conformité des équipements de travail).
PEMP
Le conducteur d'une plate-forme élévatrice mobile de personne (PEMP) doit être titulaire d’une autorisation de conduite délivrée par l’employeur sur la base d’une évaluation effectuée par ce dernier (CACES® R486A ou équivalent). Cette recommandation s’appuie sur le Code du travail (article R4323-55) qui dispose que les salariés utilisant ce type d’engin doivent être obligatoirement formés.
À noter qu'une PEMP doit faire l'objet des vérifications suivantes :
- Vérification avant mise ou remise en service comprenant un examen d’adéquation.
- Vérification journalière comprenant un examen de l’état de conservation à la prise de poste.
- Vérification générale périodique (VGP) tous les six mois.
Engins de levage de charges
Le conducteur d'une grue auxiliaire de chargement, grue araignée, grue sur remorque, grue GMA/GMR, d'un chariot élévateur doit être titulaire d’une autorisation de conduite délivrée par l’employeur sur la base d’une évaluation effectuée par ce dernier (CACES® R482, R483, R489, R490 ou équivalent). Cette recommandation s’appuie sur le Code du travail (article R4323-56) qui dispose que les salariés utilisant ce type d’engins doivent être obligatoirement formés.
À noter que les matériels d'approvisionnement servant au levage des matériaux, de type grue auxiliaire de chargement, grue araignée, monte-matériaux, chariot élévateur, grue sur remorque, grue GMA/GMR, treuil doivent faire l'objet des vérifications suivantes :
- Vérification avant mise ou remise en service comprenant un examen d’adéquation.
- Vérification journalière comprenant un examen de l’état de conservation à la prise de poste.
- Vérification générale périodique (VGP) tous les six mois.
- Examen approfondi de l'état de conservation tous les 5 ans, pour les GMA/GMR.