Les risques psychosociaux dans le BTP
Les risques psychosociaux : un enjeu pour la santé des salariés
Troubles de la concentration et du sommeil, stress, palpitations, angoisses, troubles musculosquelettiques… De plus en plus de salariés déclarent souffrir de symptômes liés à des troubles psychosociaux. Les métiers du bâtiment n’y échappent pas. Ces troubles impactent non seulement la santé mentale et physique des salariés mais aussi le fonctionnement des entreprises. Prévenir et lutter contre le risque de ces troubles psychosociaux est donc une nécessité au même titre que les autres risques.
Date de mise à jour : 19 juil. 2024
En résumé
Le risque de troubles psychosociaux est directement lié aux conditions de travail des salariés. On distingue notamment plusieurs types de risques ou facteurs de risque :
- le stress lié aux exigences de l’entreprise et à la pression exercée sur les salariés ;
- les violences à l’intérieur de l’entreprise telles que le harcèlement moral ou sexuel, les conflits entre salariés ;
- les violences externes, essentiellement verbales, exercées par les intervenants extérieurs à l’entreprise
Ils entraînent non seulement des risques de troubles avec détérioration de la santé physique et mentale des salariés mais ont également un impact néfaste sur les résultats de l’entreprise. Ils doivent rentrer dans l’évaluation des risques au même titre que les autres risques professionnels. De nombreuses solutions existent pour prévenir ces risques et aider chaque salarié à trouver un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
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Risques psychosociaux : toutes les entreprises y sont exposées
Vous avez tous vécu des situations de travail difficiles de stress, de tension entre collègues, de désaccord, de fatigue… Tous les salariés, dans tous les secteurs d’activité, à tous les niveaux hiérarchiques, quels que soient le sexe, l’âge ou le métier, sont exposés au risque de troubles psychosociaux.
Par exemple, d’après une enquête menée par le ministère du Travail en 2016, 25 % des salariés disent devoir cacher leurs émotions et faire semblant d’être de bonne humeur, 45 % disent travailler dans l’urgence, 30 % signalent avoir subi au moins un comportement hostile dans le cadre de leur travail au cours des 12 derniers mois et 25 % craignent pour leur emploi.
Ces situations de travail difficiles peuvent avoir des conséquences sur votre santé telles que les maladies cardio-vasculaires, les troubles musculo-squelettiques, les troubles dépressifs, l’épuisement professionnel et peuvent même conduire dans les cas les plus sévères au suicide...
Travailler à limiter les risques psychosociaux est donc un enjeu de santé pour vos salariés mais aussi pour l’entreprise. En effet, le stress au travail coûte cher : absentéisme, retard de travail, accident du travail, démotivation, turn over... Sans compter l’effet désastreux que cela peut avoir sur vos clients et l’image de votre entreprise.
Dans les métiers du bâtiment où vous, chef d’entreprise, encadrant ou salarié, êtes régulièrement soumis à des horaires contraignants, des pressions de délais, de planning, de budgets… ces risques sont particulièrement importants. Prendre en compte les risques psychosociaux et mettre en place des mesures pour les prévenir impactera donc votre bien-être et celui de vos salariés, et donc la performance de votre entreprise.
Grutier, un métier à haut risque.
Les risques psychosociaux : des risques professionnels au même titre que les autres
Les risques psychosociaux doivent être pris en compte au même titre que les autres risques professionnels. Vous devez donc les évaluer et planifier des mesures de prévention adaptées. Afin d’éviter les risques le plus en amont possible, la priorité doit être données aux mesures collectives. Ils doivent également être ajoutés au Document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP) de l’entreprise.
Pour définir un plan d’action, n’hésitez pas à vous faire aider et conseiller par des services de prévention tels que l’OPPBTP, les services de santé au travail, les caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat), des caisses de sécurité sociale (CGSS) pour les Dom-Tom des agences régionales pour l’amélioration des conditions de travail (Aract) ou même de consultants extérieurs.
Au-delà de ces obligations, le bien-être ou la qualité de vie au travail (QVT) est gage de performance de l’entreprise.
Les risques psychosociaux : de nombreux facteurs à prendre en compte
De multiples facteurs sont à l’origine des risques psychosociaux : organisation du travail, rythme de travail, autonomie et marge de manœuvre, relations avec les clients, désaccord avec la hiérarchie et les collègues, insécurité de la situation de travail, conflits de valeurs, insatisfaction et difficultés au travail…
Des salariés qui vivent de plus en plus mal ces contraintes ou/et qui ne trouvent plus les ressources leur permettant de faire face, développent des troubles ou quittent l’entreprise.
Des solutions existent, à adapter à chaque entreprise pour réduire le risque, développer les ressources et améliorer la qualité de vie au travail.
L’organisation du travail et le manque de reconnaissance : parmi les principaux facteurs de risques
Impossible de vous concentrer plus de dix minutes sans être dérangé par le téléphone ? Les horaires, les lieux, les plannings changent tout le temps ? Les consignes de travail ne sont pas claires ?
Sur les chantiers et dans les bureaux, les charges de travail sont intenses et les conditions de réalisation ne sont pas toujours satisfaisantes. Tout est à faire à la dernière minute. Les aléas du chantier mettent aussi en difficulté votre vie personnelle : vos rendez-vous médicaux s’annulent régulièrement, vous reculez sans cesse la sortie que vous aviez promis à votre petit dernier… Cela vous épuise physiquement et moralement et peut entraîner des répercussions sur votre santé.
Le manque d’autonomie et de reconnaissance sont également des facteurs déterminants dans le développement de troubles psychosociaux. Sentir que votre avis ne compte pas alors que vous avez des idées pour améliorer les choses, que vous n’êtes qu’un « simple » exécutant ou qu’on ne vous fait pas confiance, tout cela risque d’engendrer une démotivation totale.
Impliquez votre personnel dès la préparation du chantier. Leur avis et leur retour d’expérience sont cruciaux pour le bon déroulement du chantier : un chantier préparé et réfléchi à plusieurs permet d’anticiper un plus grand nombre de choses, diminuant ainsi le risque d’accident tout en gagnant en performance…
Le fonctionnement d’une entreprise est avant tout un travail d’équipe !
Le stress au travail, la désorganisation, le manque de reconnaissance et d’autonomie des salariés ont non seulement un impact sur la santé des travailleurs mais aussi fortement sur la performance des entreprises. Une équipe désorganisée ou démotivée sera particulièrement exposée à de l’absentéisme et arrêts maladie à répétition, signes du désengagement des salariés. Le turn over qui risque d’en résulter impliquera des changements de planning et d’organisation, le recrutement et la formation de nouveaux salariés.
Pour lutter contre le stress et les surcharges de travail, l’employeur doit trouver des solutions qui permettent à ses salariés de trouver un point d’équilibre entre le travail demandé et les conditions dans lesquelles elles devront être accomplies (les ressources dont ils disposent pour l’accomplir).
Lorsque l’équilibre est rompu, les salariés ne parviennent plus à faire face aux tensions rencontrées dans la situation de travail et risquent de rentrer dans une phase de “débordement”.
Ecouter, comprendre, tenir compte de l’avis de chacun, valoriser le travail de votre personnel…, la communication dans une entreprise est un élément majeur participant à la santé du salarié, à son bien-être et sa qualité de vie au travail (QVT). Le rôle de l’encadrement est donc particulièrement déterminant dans la prévention de ces risques.
Ces pratiques de prévention sont un élément clé dans la performance d’une entreprise.
Les relations de travail internes et externes, sources de tension
Au sein des équipes ou avec les personnes extérieures (clients particuliers, maître d’œuvre ou maître d’ouvrage), violences verbales, insultes, incivilités ou harcèlement, les relations au travail peuvent être sources de fortes tensions et peuvent mener à l’épuisement physique et psychologique.
Manque de communication et de solidarité, conflits, l’impression de se battre en permanence pour tenir les budgets ou les délais, les conducteurs de travaux sont particulièrement soumis aux pressions. Les entreprises peinent à en recruter. Les conducteurs de travaux les plus expérimentés se réorientent dans les services support...
De plus, les tensions, le manque de solidarité et la mésentente dans les équipes peuvent aussi conduire à des risques d’accidents du travail.
Se sentir soutenu par son équipe ou son supérieur hiérarchique est important. Cela peut permettre au salarié de ne pas se démotiver et de garder le moral.
Les managers ont un rôle clé à jouer dans la prévention des troubles psychosociaux. Les conflits au sein des entreprises ne doivent pas être occultés. Problème de culture, de génération, de personnalité, vous vous dites que cela passera ! Pourtant sur un chantier des règles existent et chacun doit arriver à se parler et se respecter.
Les causes de conflits peuvent être multiples : manque de clarté sur le rôle de chacun, manque d’arbitrage de la hiérarchie, concurrence entre les salariés …
Le management d’une équipe ne s’improvise pas. Il s’apprend et s’acquiert. Formez vos encadrants au management, c’est les aider à monter en compétences, à acquérir une posture de leader, à créer une coopération entre les équipes tout en apprenant à endosser des responsabilités.
Formez également vos managers à la gestion de conflits. Qu’elle soit interne ou externe, la violence n’est pas tolérable. Les chefs d’équipe doivent être en compétence et capacité de jouer activement leur rôle d’encadrant de proximité, notamment d’encourager la communication entre les salariés et d’articuler celle-ci entre salariés et hiérarchie. Intervenez lors des conflits sans pour autant chercher à savoir qui a tort ou raison, ne mettez pas vos équipes en concurrence, organisez des moments d’échange collectif pour écouter les idées de chacun, les prendre en compte et informer sur les suites données.
Le manager n’est ni médecin, ni psychologue, passez le relais à des personnes plus compétentes si vous ne vous sentez pas vous même en capacité de régler le problème.
L’environnement socio-économique de l’entreprise
Absence de visibilité des marchés, incertitude face à l’avenir de l’entreprise, retard de salaire sont autant de signes qui vous stressent. L’entreprise va –t-elle survivre ? Combien de temps ? Le patron vieillit et s’il tombait malade ? Qui dans l’équipe pourrait le remplacer ponctuellement ? L’environnement socio-économique de l’entreprise est facteur de stress pour les employés qui craignent les conséquences pour leur situation personnelle.
Les changements de tout ordre – précarité d’un contrat, retard dans les versements des salaires, insécurité socio-économique, changement de qualification ou de métier sans y être préparé, etc. – jouent un rôle dans le risque de troubles psychosociaux chez les travailleurs.
En tant que chef d’entreprise, vous pouvez réduire les incertitudes et rassurer vos salariés en améliorant la communication au sein de l’entreprise :
- Impliquez-les : en impliquant vos salariés, la communication sera plus fluide pour tout le monde. Soyez transparent et communiquez sur tout ce qui touche l’entreprise.
- Facilitez l’adaptation au changement : le changement n’est pas toujours facile à accepter pour les salariés et leur résistance peut causer un vrai obstacle. Convaincre plutôt que forcer sera toujours plus efficace et bénéfique à l’entreprise. Sensibilisez-les le plus tôt possible aux motifs et à l’intérêt du changement.
- Dans tous les cas, favoriser une bonne ambiance reste le meilleur moyen d’éviter les rumeurs et d’installer un terrain favorable à la communication.
Des conséquences néfastes aux salariés comme à l’entreprise
Les troubles psychosociaux sont autant néfastes aux travailleurs qu’aux entreprises. Selon l’intensité, la durée, l’histoire personnelle de chacun, elles pourront se traduire par un mal-être, des conduites addictives, des comportements inappropriés et un stress pouvant aller jusqu’au “burn-out”. L’entreprise, quant à elle, devra en payer les conséquences : absentéisme répété, baisse de productivité…
Les conséquences des risques psychosociaux pour les salariés et pour l’entreprise
Le stress au travail a des effets désastreux sur la santé lorsqu’il est intense et qu’il dure dans le temps :
- Des symptômes physiques tels que des problèmes digestifs, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires, troubles du sommeil, essoufflement, "oppression" peuvent apparaître au bout de quelques semaines.
- Des symptômes d'ordre émotionnel peuvent s’y ajouter. Vous pleurez pour rien, vous avez du mal à vous concentrer, vous vous sentez triste, angoissé, mal…
- Des symptômes intellectuels (cognitif) : cet état vous empêche de vous concentrer correctement, vous avez du mal à décider, à prendre des initiatives.
Si ce stress persiste, des maladies plus graves peuvent apparaître comme les maladies cardiovasculaires, troubles musculo-squelettiques dus aux tensions musculaires que vous gardez en vous, dépression, anxiété, sans compter le risque accru d’accident du travail.
Les conséquences pour l’entreprise
Les risques psychosociaux désorganisent les entreprises et ont un certain nombre de conséquences sur le travail des salariés comme :
- une augmentation de l’absentéisme et du turnover ;
- des difficultés pour remplacer le personnel ou pour recruter de nouveaux employés ;
- une augmentation des accidents du travail ;
- une démotivation, une baisse de créativité ;
- une dégradation de la productivité, une augmentation des rebuts ou des malfaçons ;
- une dégradation du climat social, une mauvaise ambiance de travail ;
- un déficit d'image de l’entreprise…
Tous ces dysfonctionnements coûtent cher à l’entreprise.
Prévention des risques psychosociaux
Prévention des risques psychosociaux
Obligation de sécurité de l’employeur
- Article L4121-1 du Code du travail : l'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Prévention du harcèlement au travail
- Articles L1152-1 à L1152-6 du Code du travail : dispositions relatives au harcèlement moral au travail
- Articles L1153-1 à L1153-6 du Code du travail : dispositions relatives au harcèlement sexuel au travail
Accords nationaux interprofessionnels pour prévenir les risques psychosociaux
Pour prévenir les risques psychosociaux, deux accords nationaux interprofessionnels ont été signés à l’unanimité par les organisations patronales et syndicales :
- sur le stress au travail le 2 juillet 2008,
- sur le harcèlement et la violence au travail le 26 mars 2010.