Sécurisation des trémies de réseaux techniques par des systèmes incorporés dans les dalles béton
Afin de sécuriser les trémies contre le risque de chute de hauteur et de limiter les travaux de calfeutrement, il est essentiel de réduire au mieux les dimensions de ces réservations. Aussi, plutôt qu’une grande trémie intégrant l’ensemble des conduits prévus, passer chaque élément traversant dans les dalles est une des solutions à privilégier.
Date de mise à jour : 6 sept. 2024
Impact en prévention
L’incorporation de dispositifs de passage de réseaux directement dans la dalle béton réduit les risques de chutes de hauteur mais limite également les efforts et le temps d’intervention passé, tout en respectant les exigences d’étanchéité et de coupe-feu.
Quels sont les différents dispositifs intégrés aux dalles béton ?
L’objectif des différents systèmes intégrés aux dalles béton est de permettre le passage des conduits (tuyaux, climatisation, câbles électriques…) par des ouvertures dans les planchers plus ou moins à la taille des futurs réseaux. Les dispositifs sont, alors, soit intégrés en phase de coffrage des ouvrages béton, soit réalisés après coulage par percement des ouvrages.
Les dispositifs directement intégrés en phase de coffrage sont les suivants…
Gabarits de pose
Les gabarits de pose sont composés de fourreaux de réservation en PVC ou en métal, individuels ou multiconduits, dont les dimensions sont adaptées aux diamètres des tuyaux et conduits. Ils sont incorporés aux planchers béton, coulés en place ou préfabriqués, et implantés suivant les plans de synthèse des réseaux définitifs. L’implantation est réalisée lors de la phase de coffrage et avant la pose du ferraillage.
Les dispositifs peuvent être industrialisés ou bien constitués de sections de gaines réalisées sur chantiers.
Coffrage circulaire pour trémie.
Coffrage circulaire pour trémie « chantier ».
Gabarits de coffrage multigaines.
Une platine de fixation, disponible sur les modèles manufacturés, permet de maintenir les fourreaux durant le coulage.
Plaque maintien de coffrage circulaire.
Enfin, afin de ne laisser aucun trou dans les planchers jusqu’à la pose des canalisations, des couvercles ou tout autre système d’obturation sont mis en place pour fermer l’ouverture laissée par le trou du fourreau.
Plaques métalliques perforées.
Plaque de protection pour trémies circulaires.
Cas des réservations de plus grandes sections : réseaux de climatisation, désenfumage…
Dans le cas de la sécurisation des réseaux de climatisation, de sections plus larges que les conduits de plomberie, des gabarits de pose peuvent également être intégrés à la dalle pour réduire la dimension des réservations et les boucher individuellement. Ils devront cependant être, dans la plupart des cas, ceinturés par des protections verticales de type garde-corps pour permettre la pose des tronçons de conduits.
Fourreau de réservation de climatisation.
Dallettes préfabriquées
Les dallettes préfabriquées sont une variante des gabarits de pose. Elles sont réalisées au sol, au préalable du coffrage, en intégrant l’ensemble des passages de réseaux ainsi que les armatures en attente destinées à leur ancrage sur les quatre côtés. Des points de levage, dimensionnés par le bureau d'études techniques, peuvent également être incorporés lors de la réalisation pour faciliter leur mise en place sur le coffrage à l’aide d’un moyen de levage.
Les dallettes peuvent atteindre l’épaisseur finie du plancher, ou une épaisseur réduite afin d’être plus légères. Le complément d’épaisseur de dalle fait alors l’objet d’une réservation rectangulaire englobant l’ensemble des réservations de la dallette.
Dallette préfabriquée.
Cette solution est particulièrement adaptée dans le cas de nombreux multiconduits, dans des zones de travail exiguës rendant difficile les différentes interventions depuis le coffrage de plancher.
Coffrages de réservations
Les coffrages de réservations se présentent sous la forme de boîtes en bois, en métal ou en matériaux composites, parfois positionnées sur des plaques support. Ils sont composés d’une structure rigide, munis ou non d’un joint d’étanchéité pour éviter la laitance en sous-face, d’une protection supérieure servant de couvercle et d’une autre servant de fond de coffrage.
Boîte précoffrée
Ces boîtes de coffrage sont implantées au moment du coffrage du plancher et coulées avec la dalle.
Le passage des divers conduits est réalisé dans un deuxième temps, en enlevant le couvercle de la boîte et en perçant le fond au plus juste à l’aide d’une scie cloche.
Cette partie servira par la suite comme fond de coffrage pour le coulage du béton de calfeutrement.
Réservations par carottage au travers du plancher béton
Cette méthode permet des implantations précises dans des zones où un fourreautage préalable n’a pu être réalisé. Elle permet, comme avec les gabarits, de limiter les dimensions des ouvertures aux stricts diamètres des futurs réseaux. Il est cependant nécessaire avec cette technique de s’assurer, au préalable, de l’absence de gaines ou fourreaux noyés (incorporations électriques par exemple) et de vérifier la capacité portante du plancher en vérifiant que les aciers chapeaux ne seront pas coupés.
Carotteuse
Réservations carottée dans plancher
Le carottage nécessite toutefois l’utilisation d’équipements adaptés (limitant l’émission de vibrations), l’arrivée d’eau (réduction des poussières) et d’électricité au poste de travail. La phase de percement, souvent bruyante, nécessite également le port de protections auditives adaptées.
Une signalisation doit être aménagée à l’étage inférieur afin de prévenir la chute de l’élément béton scié sur une personne.
Nota : Si les travaux de pose de colonne ne suivent pas immédiatement la réalisation des percements, une protection en contreplaqué cloué, par exemple, doit être installée.
Choisir le meilleur système pour sécuriser les trémies de réseaux techniques
Réduire les dimensions des réservations
Dès la phase de conception du bâtiment, la réduction des dimensions des réservations est à privilégier. En effet, cette étape doit permettre de limiter, voire de supprimer les risques de chutes des travailleurs, grâce à la conception de plusieurs conduits de tailles réduites plutôt que d’une grande trémie.
Cette conception permet également aux entreprises de disposer de plans de travail plus sécurisés (car intégrés à l’ouvrage) pour la pose des conduits, d’installer des dispositifs de protection adaptés et indépendants et de faciliter la réalisation des calfeutrements.
De nombreux corps d’état intervenant au droit des trémies de gaines techniques (lots maçonnerie, CVC/plomberie, électricité, plaquiste…), la conception des ouvrages ainsi que la coordination des travaux seront étudiées avec le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre, le coordonnateur SPS et l’ensemble des lots afin de déterminer les besoins de chacun et les modalités d’intervention envisagées.
Durant cette phase d’étude, des plans précis par niveaux sont établis afin de repérer les différentes trémies et préciser les mesures de prévention adaptées en adéquation avec les modes opératoires des entreprises.
Mettre en œuvre les dispositifs de protection adaptés
Gabarit de pose
Dans le cas de gabarits manufacturés, l’entreprise transmet au fabricant du dispositif les plans de réseaux par niveau afin que lui soient livrés des gabarits de coffrage aux bonnes sections (diamètre des réseaux définitif plus quelques centimètres), ainsi que des plaques de maintien et les couvercles correspondants.
L’installation des gabarits (ou des dallettes préfabriquées) est réalisée directement sur le fond de coffrage lors du coulage des dalles en place. Les réservations choisies doivent présenter un diamètre légèrement supérieur au conduit définitif, ce qui permet un positionnement précis.
Les plaques de fixation sont maintenues en place selon les préconisations du fabricant.
Les systèmes manufacturés, à l’inverse des systèmes « chantier » qui sont utilisés comme coffrages perdus, sont récupérés après décoffrage de la dalle et peuvent être réemployés.
Passage des réseaux dans les fourreaux.
Lors de la mise en place des gaines et des tuyaux, les couvercles sont retirés à partir du plancher supérieur. Ils laissent alors apparaître des réservations un peu plus grandes que la section des canalisations posées.
Les espaces résiduels sont ensuite calfeutrés avec du béton ou d’autres agents d’étanchéité.
Dans les cas de pose de réseaux de plus grande dimension (climatisation, désenfumage) et lors du calorifugeage où la chute de hauteur ne peut être maitrisée par la seule limitation de la taille de la réservation, d’autres mesures doivent être prévues :
- le maintien d’un garde-corps devant la réservation ;
- l’assemblage et la remontée des tronçons depuis le niveau inférieur (avec un appareil de levage) ;
- la pose des réseaux du haut vers le bas avec la mise en place d’un platelage obturant sur la trémie ;
- etc.
Coffrages de réservation
Tout comme les gabarits de pose, les boîtes de coffrage sont implantées sur les fonds de coffrage des planchers coulés en place. Les armatures sont adaptées pour tenir compte de l’emplacement des boîtes. L’entreprise commande au fabricant les boîtes aux dimensions adaptées pour l’implantation des différents conduits à poser.
Boîtes de coffrage réservations.
Le personnel réalisant la pose des conduits est formé sur les modalités d’utilisation du produit et doit disposer du matériel adapté pour le percement du fond de coffrage (scie cloche, etc.). Il est important, afin de conserver le bénéfice du dispositif, de ne percer que les « traces » des conduits et non l’ensemble du fond pour que celui-ci puisse servir de fond de coffrage pour le calfeutrement d’étanchéité.
Réservations par carottage au travers du plancher béton
Il est nécessaire pour cette technique de s'assurer au préalable qu'il n'y a pas de réseaux noyés (électriques ou autres) dans la zone d'implantation. Une zone de sécurité doit être fermée par barriérage à l’étage inférieur afin de prévenir la chute de l’élément béton scié.
Une arrivée d’eau, raccordée à la machine, est à prévoir pour réduire l'émission de poussières lors des découpes.
Pose de réseaux via une boîte de coffrage.
Exigence de résistance
Les différents dispositifs ne répondent pas à une norme particulière de conception. Ils sont maintenus en place et rigidifiés grâce à la compression du béton.
Cas des boîtes de coffrage
Il est nécessaire de s’assurer, auprès des fabricants, de la résistance, notamment des fonds de coffrage, au poids d’un homme. Cette capacité de reprise diminuant au fur et à mesure des percements réalisés pour le passage des réseaux, la taille des boîtes de coffrage doit être limitée à des diamètres maximum de 40 cm.
Autres surcharges
Les plans de coffrage et d’étaiement du chantier doivent prévoir l’évitement d’appuis de coffrage (stabilisateurs de banche, pied d’étaiement de coffrage de plancher…) sur les protections incorporées à la dalle afin de supprimer tout risque d'écrasement ou de poinçonnement pouvant porter atteinte à la résistance du dispositif ou le détériorer. Si cela est impossible, l’obturation de trémie doit pouvoir absorber les efforts transmis. À défaut, prévoir des supports d’appui pour reprendre ces efforts.
Quel est mon rôle en prévention ?
Dans l’entreprise et sur le chantier, chaque niveau opérationnel (chef d’entreprise, encadrant de chantier, opérateurs…) a un rôle à jouer dans la prévention des risques liés aux travaux en hauteur, et tout particulièrement dans la sécurisation des trémies :
Protections de trémies incorporées - Exemple de répartition des rôles et missions :
Chef d’entreprise | Encadrants de chantier (conducteur travaux / chef de chantier) | Opérateurs |
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Nota - Outre les choix et orientations prisent dans l'entreprise pour répondre aux exigences de prévention des risques de chutes dans les trémies, la multiplicité des intervenants sur ces ouvrages nécessite de prendre en compte les éventuelles exigences de la coordination SPS (PGCSPS, harmonisation des PPSPS, interaction avec autres entreprises, compatibilité des protections).
Réglementation et normes
Protection contre les chutes de personnes
Le Code du travail précise, dans l’article R4323-59, que les travaux en hauteur à partir d'un plan de travail imposent la mise en place de mesures de protection collective, soit par des garde-corps intégrés ou fixés de manière sûre, rigides et d'une résistance appropriée, soit par tout autre moyen assurant une sécurité équivalente, notamment à l’aide de panneau rigide obturant.
Lorsqu’ils sont déployés, les garde-corps doivent être placés à une hauteur comprise entre un 1 mètre et 1,10 mètre et comporter au moins :
- une plinthe de butée de 10 à 15 cm, en fonction de la hauteur retenue pour les garde-corps ;
- une main courante ;
- une lisse intermédiaire à mi-hauteur.