Comment mener une réhabilitation lourde en milieu urbain ?
À Neuilly-sur-Seine, la réhabilitation en profondeur d’un hôtel combine démolition, stabilisation de l’ouvrage et reconstruction.
Date de mise à jour : 24 sept. 2024 - Auteur : Loïc Féron
La stabilisation de l’ouvrage à tout moment du process.
Des solutions novatrices pour gérer le bruit et les poussières.
Reportage paru dans Prévention n°287-Septembre 2024-p. 15
Photo : 287 - chantier du mois V.Hugo1
Crédit photo : Luc Maréchaux
Gros œuvre
À Neuilly-sur-Seine, la réhabilitation en profondeur d’un hôtel combine démolition, stabilisation de l’ouvrage et reconstruction.
Le 17 mai dernier, dans le cadre de la Safety Week organisée par Bouygues Construction, le chantier du 58 Victor Hugo, à Neuilly-sur-Seine (92), s’est arrêté une journée. Le temps de resituer les « six risques majeurs » dans leur environnement, de s’approprier les « barrières de défense » et de partager les bonnes pratiques*. Située en plein cœur urbain, l’opération immobilière menée par Icade Promotion et Artbridge Investments consiste à réhabiliter les 280 chambres d’un hôtel des années 1970 en 166 appartements avec salle de fitness, piscine…, dont 50 logements sociaux.
Le rôle clé de l’étude et des méthodes
Le chantier n’a rien de commun. « C’est l’une des premières opérations de réhabilitation lourde à cette échelle chez Habitat Résidentiel, commente Julien Meneust, responsable gros œuvre chez Bouygues Bâtiment Ile-de-France Habitat Résidentiel. Le principe est de conserver le maximum de la structure existante. » Démolir et construire en même temps, stabiliser l’ouvrage au fur et à mesure de la reconstruction : pour répondre à cette problématique, l’entreprise générale s’est adjoint l’expertise de Rénovation Privée, une autre entité du groupe. Les deux niveaux de parking en sous-sol sont maintenus mais tout le reste est transformé. « Au total, cette opération représente 16 microchantiers et 99 modes opératoires, comptabilise Julien Meneust, qui insiste sur l’importance du bureau d’études structure et des méthodes. Réalisés de façon anticipée, certains ouvrages prévus dans le projet servent à la stabilisation de l’ensemble. »
L’accompagnement des compagnons
L’utilisation du logiciel Dalux permet à l’entreprise de suivre et manager la sécurité du chantier. « De nombreux documents relatifs à la coactivité, comme le PPSPS, les audits ou les visites du contrôleur santé et sécurité, y sont formalisés, explique Adeline Yvorra, préventrice du chantier pour Bouygues Bâtiment Ile-de-France Habitat Résidentiel. Mais aussi les bons de démolition, permis feu et suivis des autorisations de conduite, sans oublier les quarts d’heure sécurité. » L’accompagnement de tous les compagnons, y compris les intérimaires et sous-traitants, est un point fort du chantier. « Dès la phase d’étude, une évaluation selon cinq critères de sécurité permet de sélectionner les entreprises éligibles, explique Adeline Yvorra. Toutes sont ensuite associées aux réunions de coordination. Nous partageons les modes opératoires, les préconisations et les solutions. »
*Les « barrières de défense » telles que définies par Bouygues Construction sont : technique, organisationnelle, managériale, humaine et règles vitales.
Le principe est de conserver le maximum de la structure existante.
Deux magasiniers en poste pour délivrer le matériel
Installé dans un container à l’entrée du chantier, le magasin qui délivre les EPI, consommables et matériels électroportatifs, est tenu par deux compagnons, un le matin, l’autre l’après-midi. Leur réaffectation à ce poste aménagé pour restriction médicale a été étudiée en amont dans le cadre de la « commission maintien dans l’emploi » d’Habitat Résidentiel.
« Habituellement, faute de magasinier, chaque compagnon récupère lui-même son matériel après le briefing du matin », commente Adeline Yvorra, préventrice du chantier. Au 58 Victor Hugo, la création du poste bénéficie à l’ensemble des équipes. Disponible à tout moment, le magasinier peut être amené à se déplacer sur le chantier pour approvisionner selon les besoins spécifiques ou récupérer du matériel au moment des changements de poste. « La présence du magasinier libère le chef d’équipe de tâches qui auraient interrompu sa journée de travail », souligne-t-elle.
« Sur le plan de la sécurité, le magasinier gère l’entretien des matériels et l’envoi en réparation, ce qui réduit les risques d’accident sur le chantier, commente la préventrice. Qui plus est, les utilisateurs sont plus soigneux et respectueux du matériel qui leur est confié. » Ingénieur prévention à l’OPPBTP, Pascal Beauchamp constate également que « les magasiniers font leur réapparition sur les chantiers. Ce poste procure aux entreprises des gains en efficacité et en sécurité. »