Protéger les opérateurs travaillant en hauteur avec des filets de sécurité en nappes (filets de système S)
Les filets de sécurité en nappes font partie des moyens de prévention collective pour empêcher les opérateurs de chuter lorsqu’ils travaillent temporairement en hauteur. Ces dispositifs doivent répondre à des caractéristiques précisées par la norme NF EN 1263-1 tandis que leur mise en œuvre doit être conforme à la norme NF EN 1263-2.
Date de mise à jour : 26 juil. 2024
Installer des filets de sécurité en nappes pour assurer la protection des salariés contre les risques de chute
Les travaux en hauteur tels que la couverture sur charpente nécessitent de protéger les salariés contre les risques de chute grâce à la construction d’un plan de travail protégé par des garde-corps. Lorsqu’il n’est pas possible de mettre en place un plan de travail sécurisé, il convient d’utiliser des filets de sécurité. Ces dispositifs de recueil souples sont généralement fabriqués en polyamide (PA) ou en polypropylène (PP). Ils sont constitués d’un réseau de mailles formant des carrés ou des losanges et sont délimités par une ralingue.
Créer un obstacle sécurisé entre la zone de travail et le sol
Ce dispositif de protection répond aux exigences de sécurité et aux méthodes d’essai énoncées par la norme NF EN 1263-1. Le texte classifie les filets de sécurité en quatre classes. En outre, la norme distingue quatre systèmes (S, T, U, V), en particulier le système S, qui concerne les filets de sécurité avec ralingue, généralement utilisés pour protéger les opérateurs contre les risques de chute de hauteur sous la zone de travail. Le filet de sécurité de système S recueille l’opérateur qui chute à l’intérieur d’un ouvrage depuis le plan de travail. Il crée donc un écran entre le sol et la zone de travail. Il intéresse principalement les travaux de couverture sur charpente.
Norme NF EN 1263-2 : des prescriptions pour le montage et la mise en œuvre à respecter
Ce filet de sécurité est prévu pour être tendu horizontalement ou proche de l’horizontal. Sa surface minimale est de 35 m² et la longueur du plus petit côté doit être supérieure à 5 mètres.
La mise en œuvre du filet de sécurité respecte, dans tous les cas, les préconisations du fabricant précisées dans sa notice d'instructions. Elle répond également à la norme NF EN 1263-2, qui spécifie les exigences de sécurité relatives au montage des filets de sécurité. L’entreprise doit aussi se référer à la recommandation R446 de la Cnam sur la «Mise en œuvre des filets de sécurité en grandes nappes».
Recourir à des plates-formes élévatrices mobiles pour monter les filets
Avant d’engager les travaux de mise en œuvre, l’entreprise doit analyser les contraintes du site et choisir un équipement de travail en hauteur dont les caractéristiques sont adaptées aux travaux à réaliser et aux efforts qui seront exercés sur l’équipement lors du montage et de l'utilisation des filets. Dans ce but, l’emploi d’une ou de plusieurs plates-formes élévatrices mobiles de personnel est à privilégier. Par ailleurs, il faut s’assurer de disposer d’un personnel formé au montage, au démontage et à l'entretien des filets de sécurité afin de maîtriser les risques liés à cet équipement de travail.
Fixer le filet de sécurité au plus près du plan de travail
Le montage des filets de sécurité en nappes nécessite des cordes d’attache ou d’autres dispositifs fixés à une structure porteuse. Les points d’ancrage doivent supporter une force d’au moins 600 daN et être espacés d’une distance inférieure à 2,50 mètres. Le filet de sécurité doit être positionné de telle sorte qu’il n’y a pas d’obstacle en dessous.
Un abaque présent dans la norme EN 1263-2 définit la déformation maximale du filet (après la chute d’une masse de 100 kg dans les conditions définies dans la norme) en fonction de la distance verticale entre le niveau de travail et le filet. Il donne ainsi des indications sur le tirant d'air nécessaire.
Pour le calcul du tirant d'air, prévoyez une distance de sécurité d’au moins 2 mètres en plus de la déformation maximale du filet. Par ailleurs, le filet doit être fixé au plus près du plan de travail de manière à réduire la hauteur de chute qui ne doit pas dépasser 3 mètres (art. R4323-60 du Code du travail), voire moins si la notice du fabricant préconise une hauteur de chute inférieure.
Quant à la flèche initiale du filet sous son poids propre, elle ne doit pas être trop importante, afin de ne pas augmenter la hauteur de la chute, ni trop faible car les efforts de traction nécessaires pour tendre le filet de sécurité et donc appliqués sur la structure seraient très importants. Enfin, les filets peuvent être assemblés en respectant les préconisations de la norme EN 1263-2. Privilégiez l'assemblage par couplage plutôt que par chevauchement.
Réceptionner les filets de sécurité montés
La réception des filets est réalisée conjointement par le poseur et l’utilisateur, ou par une personne spécialisée missionnée. Elle fait l’objet d’un PV de réception. L'utilisateur doit veiller au maintien de la conformité initiale.
Un filet doit être fixé au moyen d'attaches sur la ralingue périphérique du filet. Néanmoins, il est assez fréquent que les dimensions du filet ne correspondent pas exactement aux dimensions de l’ouvrage à protéger, nécessitant un raccourcissement. Une attention toute particulière doit être portée à ce que le côté qui a été réduit le soit avec la reconstitution d’une rallingue :
- raccourcissement de 2 m maximum (20 mailles si mailles de 100 mm), en enroulant le filet sur lui-même, de la ralingue vers l’intérieur, pour former un boudin ;
- verrouillage du boudin par saucissonnage, avec une corde tournée, à chaque maille ;
- attache du boudin à la structure permettant de limiter au maximum la distance entre la structure et le filet, sans jamais dépasser 200 mm.
Ces points doivent être vérifiés avec attention à la réception du filet.
Effectuer les contrôles périodiques
Rappelons que les filets de sécurité ne sont pas conçus pour que les opérateurs s’en servent de poste de travail et de surface d’appui ou de stockage. Par ailleurs, une procédure pour récupérer tout matériel ou matériau tombé incidemment dans le filet est à prévoir avant le démarrage des travaux.
L’entreprise utilisatrice doit, au moins hebdomadairement, réaliser ou faire réaliser un examen de l’état de conservation en vue de s’assurer que le filet de sécurité n’a pas subi de dégradation susceptible de créer un danger. Les vérifications consistent notamment à s’assurer du bon état des filets, de leur tension, de la bonne conservation des cordes d’attache et des points de fixation à la structure porteuse. Elles sont réalisées par une personne compétente.
Il est recommandé de faire un contrôle journalier de l’absence d’objet ayant chuté dans le filet.
Outre ces contrôles visuels, il est nécessaire de vérifier annuellement sa capacité d’absorption d’énergie, compte tenu de son vieillissement. Dans ce but, les filets de sécurité sont fournis en général avec trois mailles d’essai attachées au filet. À charge pour le propriétaire du filet, l'entreprise de travaux ou le prestataire ayant réalisé la pose, d’en envoyer une chaque année au fabricant pour un contrôle.
De plus, les filets doivent être stockés dans un endroit adéquat, sec et à l’abri de la lumière et d’agents chimiques.
Pour en savoir plus, téléchargez la fiche Filets de sécurité en nappes - Mise en œuvre.
Réglementation relative aux travaux réalisés à partir d'un plan de travail
Les travaux temporaires en hauteur doivent être réalisés à partir d'un plan de travail conçu, installé ou équipé de manière à préserver la santé et la sécurité des travailleurs. À noter, le poste de travail doit permettre une exécution des travaux dans des conditions ergonomiques (article R4323-58 du Code du travail).
La prévention des chutes de hauteur à partir d'un plan de travail doit être assurée :
1° Soit par des garde-corps intégrés ou fixés de manière sûre, rigides et d'une résistance appropriée, placés à une hauteur comprise entre un mètre et 1,10 m et comportant au moins :
a) une plinthe de butée de 10 à 15 cm, en fonction de la hauteur retenue pour les garde-corps ;
b) une main courante ;
c) une lisse intermédiaire à mi-hauteur.
2° Soit par tout autre moyen assurant une sécurité équivalente (article R4323-59 du Code du travail).
Si cette prévention ne peut être mise en œuvre, des dispositifs de recueil souples sont installés et positionnés de manière à permettre d'éviter une chute de plus de trois mètres (article R4323-60 du Code du travail).
Enfin, lorsque des dispositifs de protection collective ne peuvent être mis en œuvre à partir d'un plan de travail, la protection individuelle des travailleurs est assurée au moyen d'un système d'arrêt de chute approprié ne permettant pas une chute libre de plus d'un mètre ou limitant dans les mêmes conditions les effets d'une chute de plus grande hauteur (article R4323-61 du Code du travail).