275 Dossier formation initiale - Accueillir, former et sécuriser les apprentis

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    En résumé

    Pour embaucher les apprentis, les entreprises bénéficient d’aides financières.
    Elles ont à leur disposition de nombreux outils pour faciliter leur intégration.

    Dossier paru dans PréventionBTP n°275-Juillet-Août 2023-p. 6

    « Nous devons tous agir pour la profession dans son ensemble. Si nous ne le faisons pas, nous n’aurons pas de salariés demain !  », s’exclame Étienne Cottenceau, dirigeant d’une entreprise artisanale de maçonnerie et de taille de pierre (20 personnes), qui a monté une structure interne de formation des apprentis. Dans un contexte de tension de recrutement, bien accueillir les jeunes, en stage ou en apprentissage, est un véritable enjeu. Cela nécessite, il est vrai, du temps et des personnes-ressources pour les intégrer et les accompagner. Mais le jeu en vaut la chandelle, estime Étienne Cottenceau : « Ils ont rapidement un bien meilleur niveau ! »

    Donner des responsabilités

    S’ils ont tout à apprendre, les apprentis ont aussi beaucoup à apporter, à condition de les encadrer, de les faire participer activement et de leur donner de l’autonomie progressive. « Mon père, avec qui j’ai eu la chance de travailler durant quinze années, m’a donné beaucoup de responsabilités pour que j’aie confiance en moi. C’est important de faire la même chose avec les apprentis », juge Édouard Neil, le dirigeant de MDB Les Métiers du bois (35 salariés), spécialisée dans la charpente et la menuiserie sur des monuments historiques, qui accueille et forme lui aussi des apprentis.

    6 000 euros pour l’embauche d’alternants

    Pour les intégrer, les entreprises bénéficient d’aides financières intéressantes. En tout début d’année, l’État a annoncé la prolongation de l’aide de 6 000 euros pour l’embauche d’alternants de moins de 30 ans, et ce, jusqu’à la fin du quinquennat. La loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel a encouragé le développement de l’apprentissage en France. Ils sont aujourd’hui 102 900 dans le BTP, soit une hausse de plus de 50 % par rapport à 2016-2017. L’apprentissage se développe à tous les niveaux : dans l’Éducation nationale, chez les Compagnons du Devoir, dans les écoles d’ingénieurs… La voie de l’apprentissage doit aussi permettre d’intégrer différents publics : personnes étrangères, en situation de handicap, issues des filières d’insertion, en reconversion…

    Des outils pour faciliter l’accueil

    Pour faciliter leur accueil et leur encadrement, les entreprises ont à leur disposition de nombreux outils. « Elles peuvent par exemple avoir recours aux Minutes Prévention, des vidéos impactantes de 2 minutes sur des thèmes de prévention des risques autour de la santé, la conduite et le chantier/atelier, comme le port des EPI, la protection contre les UV… Nous avons également créé une Minute Prévention sur l’accueil des apprentis pour les maîtres d’apprentissage », informe Alexandra Bellet, chef de projet formation digitale à l’OPPBTP.

    Des jeunes sensibilisés aux risques

    Le rôle d’accompagnement des entreprises sur le volet de la prévention, de la santé et de la sécurité est fondamental. « Les plus jeunes ont 15 ans. Ce sont des adolescents qui ne connaissent pas le risque. C’est un travail de longue haleine pour leur en faire prendre conscience », analyse Thierry Vasseur, directeur délégué du lycée des métiers du bâtiment et des travaux publics Gaudier-Brzeska, dans le Centre de la France. Qu’ils sortent des lycées professionnels ou des CFA, ces jeunes bénéficient néanmoins de parcours complets pour leur apprendre les bons réflexes. Ces vingt dernières années, les formations en santé et sécurité se sont largement renforcées. « Ces compétences sont inscrites progressivement dans les référentiels de diplômes de l’Éducation nationale depuis 2010 », rappelle Arnaud Chaumont, directeur de la formation initiale à l’OPPBTP.

    Ancrer les savoirs grâce au jeu

    Une panoplie d’innovations pédagogiques complète aussi les cours théoriques et pratiques. Casques de réalité virtuelle, serious game, jeux de société, quiz, soirées à thème… ont vocation à rendre ludique l’apprentissage de la santé et de la sécurité au travail et à ancrer les savoirs. Ces enseignements se diffusent également dans les écoles d’ingénieurs auprès des futurs cadres et managers de la filière. « Nous travaillons sur les notions de management et de leadership en santé et sécurité », souligne Arnaud Chaumont. L’OPPBTP a ainsi récemment conclu un partenariat avec l’école d’ingénieurs Cesi afin de donner plus de place à la prévention des risques professionnels dans les cursus de formation des futurs ingénieurs du BTP.
    Sensibilisées aux questions de prévention, de santé et de sécurité, ces jeunes générations ont aussi envie de s’exprimer, d’apporter leur pierre à l’édifice sur le sujet. Certains de ces jeunes sont d’ailleurs désireux d’engagement des entreprises, comme Héloïse Kersaudy, 30 ans, apprentie métreur après une reconversion professionnelle : « Les générations précédentes ont tendance à faire le travail demandé, en mettant la sécurité en annexe. À mon avis, cela fait partie des raisons pour lesquelles le bâtiment a de plus en plus de mal à recruter des jeunes. La valeur travail existe bel et bien, mais pas au détriment de la santé. »

    Les plus jeunes ont 15 ans. Ce sont des adolescents qui ne connaissent pas le risque. C’est un travail de longue haleine pour leur en faire prendre conscience.
    Thierry Vasseur, lycée des métiers du BTP Gaudier-Brzeska

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