274 Dossier – Coup de chaud sur les chantiers

    ©OPPBTP

    En résumé
    • Des solutions face à ce risque croissant existent et peuvent être anticipées.
    • Le guide de l'OPPBTP a pour objectif d'aider les entreprises à prioriser leurs actions.

      Dossier paru dans PréventionBTP n°274-Juin 2023-p. 6

    Les effets du réchauffement climatique entraînent, en France et en Europe, des périodes de fortes chaleurs plus intenses et plus longues. Les études publiées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) anticipent un doublement des fréquences des canicules d’ici à 2050. Mais l’impact sur l’activité BTP est déjà là, atteste Mohamed Trabelsi, responsable de l’équipe Organisations, méthodes et équipements (OM&E) à la direction technique de l’OPPBTP : « Dans le secteur du BTP, les impacts des vagues de chaleur se font sentir à la fois sur la santé, la sécurité mais aussi sur la performance. Côté santé, trois accidents mortels en lien possible avec la chaleur en 2022 et, côté performance, une perte mondiale estimée à 40 milliards d’heures en 2019, contre 25 en 2009 », (source : Université de Durham, Caroline du Nord, 2021). La tendance est croissante, il y a donc une urgence à agir pour assurer la continuité des activités et pour sensibiliser sur la santé des salariés, en particulier les plus exposés.

    Des conseils pour la gestion du chantier

    Des solutions existent déjà, qu’elles soient organisationnelles et techniques, collectives ou individuelles. Ce qui est nouveau, c’est la considération croissante de ce risque par les entreprises et les chargés de prévention. « Historiquement, il s’agit d’un risque relativement récent, reconnaît Mohamed Trabelsi. Mais le risque d’exposition à la chaleur doit être identifié et piloté, comme celui de chute de hauteur ou de collision. » Depuis peu, les entreprises du BTP sont plus nombreuses à le déclarer dans leur document unique d’évaluation des risques, fondement pour élaborer un plan d’action. Une des clés de la réussite pour l’OPPBTP : « Il s’agit d’un risque que les entreprises peuvent anticiper en évitant de le gérer en mode crise lorsqu’elles sont déjà en pleine canicule. »

    Canicule : décaler les horaires de travail

    Parmi les actions organisationnelles, l’adaptation du cadre de travail aux contraintes de la chaleur permet de limiter l’exposition. Ainsi, décaler les horaires de travail pour débuter plus tôt la journée et profiter de températures plus fraîches, augmenter la fréquence et la durée des pauses, prioriser les chantiers moins exposés à la chaleur directe (lorsque c’est possible), mécaniser certaines tâches, font partie de l’éventail des solutions directes. Celles-ci doivent être accompagnées de dispositions matérielles, comme la mise à disposition de points d’eau fraîche ou la création de points d’ombre pour les équipiers. Enfin, plusieurs types d’équipement individuel peuvent apporter plus de confort ou de sécurité au travail, comme des vêtements rafraîchissants, des protège-nuques sous le casque ou encore l’innovant bracelet anti-coup de chaud. Sans oublier l’autre risque, concomitant aux fortes chaleurs, le risque UV pour lequel différents EPI adaptés, vêtements et lunettes de protection certifiés UV existent.

    Mieux accompagner les entreprises

    C’est pour mieux accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de ces actions que l’OPPBTP a publié son guide de recommandations face au risque canicule. « Le guide doit aider à la mise en œuvre des actions par les acteurs de la construction, tant sur le plan organisationnel qu’individuel », confirme Malika Benamar, responsable d'opérations à la direction technique de l'OPPBTP, rédactrice et coordinatrice du guide. Inspiré, dans sa méthodologie, du guide de recommandations Covid, publié et mis à jour depuis le printemps 2020, l'objectif de ce support est de « compiler et clarifier toutes les mesures pour permettre aux entreprises la continuité de leurs activités en réduisant l’exposition aux fortes chaleurs. Ce qui devrait entraîner une diminution du risque d’accident de travail et du nombre d’heures non travaillées. » Ce guide va aussi contribuer à faire avancer ensemble les parties prenantes impliquées pour améliorer la prise en compte de ce sujet, pas encore parfaitement cerné. « Aujourd’hui le cadre réglementaire reste assez flou, reconnaît Malika Benamar. Par exemple, le seuil à la chaleur n’est pas défini. » Or ces niveaux (30 °C pour une activité sédentaire, 28 °C pour une activité physique) sont indicatifs par rapport à l’apparition d’un risque supplémentaire pour les salariés, mais il n’existe pas de température maximale pour limiter l’exposition aux fortes chaleurs. Les organisations professionnelles travaillent actuellement à faire évoluer la réglementation pour une prise en charge plus généralisée des arrêts de travail dus aux fortes chaleurs par la caisse Congés intempéries BTP, et non plus en passant par une demande spécifique.

    Le risque d’exposition à la chaleur doit être identifié et piloté, comme le risque de chute de hauteur ou de collision.
    Mohamed Trabelsi

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