Le risque de retombées de charges dans le BTP
Les retombées de charges d’un appareil de levage
Les appareils de levage et de manutention comme les grues, les chariots élévateurs ou les ponts roulants sont une aide précieuse pour les professionnels du BTP. Ils permettent de lever, de transporter ou de déplacer facilement des charges lourdes et volumineuses. Mais ils peuvent exposer les compagnons aux retombées de charges et provoquer des accidents souvent graves qui auraient pu être évités.
Date de mise à jour : 20 févr. 2020
En résumé
Chaque année, des accidents liés aux chutes de charges surviennent dans le BTP. Les charges qui tombent d’une grue, d’un portique, d’un tracteur poseur de canalisations ou d’un pont roulant sont souvent lourdes et volumineuses : elles provoquent des accidents graves. A l’origine de ces accidents, il peut y avoir un problème avec l’appareil de levage ou l’un de ses accessoires : défaut d’entretien, rupture d’organe moteur et déficience des freins, ou casse mécanique, cause machine.
Un élingage mal effectué, une interdiction de passer sous la charge non respectée, une charge mal guidée à la corde ou bien un mouvement incontrôlé de l’appareil de levage seront des causes humaines par défaut de vigilance lors des opérations de levage de charges.
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Les risques de retombées de charge d’un appareil de levage
Chariots élévateurs, grues auxiliaires, grues à tour, grues mobiles, portique de chantier, table élévatrice, plate-forme suspendue… De nombreux appareils de levage ou de manutention sont régulièrement utilisés dans notre secteur. S’ils permettent de soulever des charges lourdes et volumineuses, leur utilisation n’est pas sans risque. Chaque année, des accidents surviennent dans le BTP du fait d’une charge qui se détache d’une grue, qui bascule d’un chariot élévateur ou qui tombe d’un pont roulant.
Ces accidents peuvent se produire aussi bien sur les chantiers que dans les ateliers et concernent aussi bien les équipes des travaux publics que les professionnels du bâtiment.
Canalisateur, terrassier, étancheurs, échafaudeurs, maçons opérateurs d’appareil de levage, architecte, conducteur de travaux, etc., tous les professionnels du BTP sont concernés par ce risque qui, bien que rare, provoque régulièrement des décès.
La vigilance permettra de ne pas se trouver « au mauvais endroit, au mauvais moment » et se faire écraser par une charge. Tous les professionnels du BTP sont concernés par ce risque qui, bien que rare, provoque régulièrement des décès.
Les mesures principales pour limiter les accidents passent par la formation des compagnons et par la révision régulière des équipements de levage.
Approvisionnement avec grue à tour à flèche relevable. ©OPPBTP
De nombreuses situations à risque
Dans le BTP, les appareils et apparaux de levage interviennent dans de nombreuses tâches. Ils peuvent être utilisés pour déplacer des matériaux, des outils ou du personnel, pour entreposer du matériel sur des racks, pour charger ou décharger des marchandises. Les retombées de charge peuvent donc survenir dans de multiples situations : des dalles peuvent se détacher d’une grue, des tuyaux peuvent tomber d’une pelle hydraulique, des poutres peuvent glisser du bras de déchargement d’un camion…
Les appareils de levage sont capables de soulever des charges de plusieurs centaines de kilos à x tonnes. Parce qu’ils sont puissants et fréquemment utilisés, les appareils de levage doivent être régulièrement contrôlés même les plus simples.
Les vérifications périodiques des appareils et des accessoires de levage
Les appareils de levage doivent en effet être contrôlés régulièrement.
Les vérifications périodiques des appareils de levage doivent être effectuées tous les 6 mois pour les engins de levage mobiles et tous les 12 mois pour les appareils fixes comme par exemple les grues à tour.
Les appareils de levage mus par la force humaine doivent, quant à eux, être vérifiés tous les 3 mois.
Les accessoires de levage (élingues, chaînes, palonniers...) doivent, quant à eux, être vérifiés tous les 12 mois.
La vérification doit être faite par une personne qualifiée et compétente, qu’il s’agisse du fabricant, d’un “organisme agrée” (une structure spécialisée dans l’audit et le contrôle) ou d’un collaborateur compétent dans le domaine de la prévention des risques qui connaît les spécificités techniques et les dispositions règlementaires.
L’objectif des vérifications est de déceler « toute détérioration susceptible d'être à l'origine de situations dangereuses » (conformément à l’arrêté du 1er mars 2004), défauts auxquels il faut ensuite remédier.
A ces vérifications périodiques s’ajoutent les « examens d’adéquation » des appareils et des accessoires de levage : avant d’opter pour un matériel, je dois m’assurer qu’il est adapté au levage à effectuer (charge maximale d’utilisation, portée…).
Problème d’élingage et défaillance de l’appareil de levage
Charge mal attachée, déséquilibrée, chaîne inadaptée… Les retombées de charge sont souvent la conséquence d’un conditionnement ou d’un élingage inadapté. Elles peuvent aussi être liées à un mauvais choix et à une défaillance de l’appareil de levage ou d’un des accessoires de levage.
Défaut d’élingage
L’élingage définit l’art et la manière d’attacher une charge à un appareil de levage pour la déplacer. Il doit être adapté au poids, au volume, et à la forme de la charge à lever. Une élingue inadaptée peut provoquer la chute de la charge par simple basculement. Une chaîne à maille fine, parce que trop fragile, peut lâcher, une charge soulevée en un seul point peut glisser…
Certains usages sont également dangereux. Utiliser un engin de chantier comme appareil de levage alors qu’il n’est pas prévu pour cela présente des risques importants. Par ailleurs, une élingue doit être fixée au crochet ou à l’anneau de levage d’une pelle hydraulique (spécialement prévu pour cela), et non attachée à l’une des dents de son godet.
L’élingage ne s’improvise pas et un examen d’adéquation préalable définira les bons accessoires de levage à utiliser sur le chantier. Dans chaque équipe, une personne au moins doit être formée à l’élingage, qu’il s’agisse du chef de chantier, du maçon, de l’artisan ou du grutier. Une formation est nécessaire pour connaître les règles à respecter : calcul du poids de la charge, notions de centre de gravité, des angles d’élingage, connaissance des différents types d’élingues et de leur CMU (charge maximale utile).
Un élingage approprié d’une charge volumineuse sera la condition préalable au levage de celle-ci, pour éviter la chute de celle-ci par rotation complète du rack de conditionnement, ou basculement de l’un de ses éléments.
Défaillance de l’appareil ou de l’accessoire de levage
Crochet qui se détache, chaîne qui se brise, grue défaillante… Les retombées de charge peuvent être liées à un dysfonctionnement de l’appareil de levage. Les défauts de ce type sont rarement dus à un problème de fabrication : c’est l’entretien de l’appareil qui est généralement mis en cause, raison pour laquelle il est impératif que le matériel soit périodiquement vérifié
Le maillon d’une chaîne déformée peut sous le poids d’une charge se casser, une sangle dont le tissu est effiloché peut se déchirer et un câble en acier dont les torons et fils constitutifs sont trop usés peut lâcher… Tous les accessoires participant à l’élingage sont examinés quotidiennement pour éviter les accidents. Ils doivent être correctement rangés pour rester en bon état. Des chaînes en métal posées au sol ou à l’extérieur risquent de rouiller : elles se conserveront mieux sur une étagère ou rangées dans un rack…
Attention aussi aux appareils “shuntés” : si le système de sécurité (CEC) a été neutralisé pour soulever des charges plus importantes, l’opérateur ne sera plus alerté en cas de dépassement. Il est plus prudent de ne jamais réaliser ce type d’opération ; normalement, si l’examen d’adéquation de l’appareil de levage a été fait correctement, cette situation ne peut pas exister.
Défaut de vigilance lors des opérations de levage
Une cause humaine telle qu’une charge mal conditionnée par l’opérateur au sol, une interdiction de passer sous la charge non respectée par le personnel, ou bien un mouvement brusque de l’appareil de levage, un choc de la charge avec un obstacle peuvent faire partie de l’accident. Une surveillance de tous les instants est de mise.
La vigilance lors d’opérations de levage est de mise et la présence d’un chef de manœuvre pour guider les opérations pourra être nécessaire. Un défaut de conditionnement sera corrigé avant levage en cas de doute. Un guidage à la corde sera organisé en cas de balourd. Un raccourcisseur d’élingues sera utilisé si besoin. Un sextant pour visualiser les angles d’élingages sera mis à disposition. Les gestes de commandement seront utiles pour harmoniser les communications des divers acteurs qui œuvrent en cours d’opérations de levage délicates.
Bref une opération de levage ne s’improvise pas et les hommes seront formés aux bons gestes avec du matériel adéquat sur les chantiers.
Des blessures souvent fatales
Les retombées de charges sont peu fréquentes sur les chantiers ou dans les ateliers. Mais si une charge se détache d’un appareil de levage et qu’elle heurte une personne en contrebas ou qu’elle retombe sur l’opérateur, les conséquences sont souvent très graves.
Fracture, handicap, décès
Poutres, parpaings, sacs de béton… Les charges transportées par les appareils de levage pèsent souvent plusieurs dizaines voire centaines de kilos. En cas de chute, le poids conjugué à la vitesse augmente les conséquences de leur impact. Si les charges tombent sur un compagnon en contrebas, l’issue est souvent fatale.
Bien stabiliser la charge évite tout risque de basculement ©OPPBTP
Les statistiques montrent que les chutes de charge entraînent une amputation ou une hospitalisation dans 54 % des cas, et un décès dans 42 % des cas (source : ED6178 “Memento de l’élingueur”).
La gravité du risque de retombée de la charge lors d’opérations de levage et la probabilité qu’une personne circule sous celle-ci ont conduit à mieux contrôler les équipements de levage et l’usage qui en est fait.
La gravité terrestre entraîne une charge suspendue vers le sol à vitesse "grand V".
Réglementation et jurisprudence
Vérification des appareils de levage
Maintien en état de conformité des équipements de travail
- Articles R4322-1 et R4322-2 du Code du travail
Vérifications des équipements de travail
- Articles R4323-22 et suivants du Code du travail
Vérifications des appareils de levage
- Articles R4323-29 et suivants du Code du travail
- Arrêté du 1 mars 2004 relatif aux vérifications des appareils et accessoires de levage
- Arrêté du 2 mars 2004 relatif au carnet de maintenance des appareils de levage
- Arrêté du 3 mars 2004 relatif aux examens approfondis des grues à tour
Responsabilité d’un délégataire pour une élingue non conforme
- Arrêt de la Cour de cassation du 11 juillet 2017 (n° 16-85613) : notre analyse